Ennahdha réfute toute idée de vouloir briser le consensus
Mise sur la sellette par Caïd Essebsi
Le Temps – TAP - L'entretien télévisé du président de la République Béji Caïd Essebsi n'est pas passé sans provoquer de réactions, surtout de la part du mouvement Ennahdha qui a été le plus concerné par les déclarations qui affirment que la rupture est consommée, avec ce parti islamiste, depuis une semaine, et que c'est ce mouvement qui l'avait voulu.
Le Temps – TAP - L’entretien télévisé du président de la République Béji Caïd Essebsi n’est pas passé sans provoquer de réactions, surtout de la part du mouvement Ennahdha qui a été le plus concerné par les déclarations qui affirment que la rupture est consommée, avec ce parti islamiste, depuis une semaine, et que c’est ce mouvement qui l’avait voulu.
L’annonce de la rupture n’a pas été du goût d’ennahdha qui a vite fait de réagir et son porte-parole, Imed Khemiri, a déclaré, hier, que «le mouvement Ennahdha n’a pas rompu ses relations avec le président Caïd Essebsi et n’a jamais cherché à le faire».
Béji Caïd Essebsi avait annoncé, lundi soir, dans une interview télévisée, la fin du consensus avec le Mouvement Ennahdha. «Il n’y aura désormais plus de consensus entre Caïd Essebsi et Ennahdha (...) Ennahdha a décidé la semaine dernière de mettre fin au consensus, à sa demande».
Selon Imed Khemiri, le mouvement «Ennahdha reste attaché au consensus national» et «à la poursuite du dialogue avec le président de la République». Il a ajouté qu’»ennahdha demeure fidèle aux accords issus de la rencontre de Paris» (ndlr : une rencontre qui a réuni, en 2013, à Paris, Rached Ghannouchi, président d’ennahdha, et Béji Caïd Essebsi, au cours de laquelle ils ont convenu d’entamer un dialogue après la crise politique qu’a connue le pays). «Ennahdha a été et restera toujours attaché au consensus avec le président de la République», a-t-il encore soutenu. La rencontre de Paris et le choix du consensus ont fait de la Tunisie «une exception», a-t-il dit, ajoutant que les antagonistes politiques ont pu ainsi protéger la transition démocratique et réaliser d’importantes avancées politiques, telles la rédaction de la Constitution et l’alternance démocratique au pouvoir.
D’après Khemiri, Ennahdha a toujours soutenu Béji Caïd Essebsi, et ce à chaque rendez-vous politique. «Les crises politiques ne peuvent être surmontées par la rupture».
Il a tenu à rappeler que le mouvement Ennahdha n’est pas partie prenante de la crise interne au sein de Nidaa Tounes qui, selon lui, a pesé négativement sur la gestion du pouvoir en Tunisie.
Il a, dans ce sens, relevé que la position d’ennahdha sur la question de la stabilité du gouvernement témoigne de la seule volonté de servir l’intérêt du pays. Ennahdha n’a pas été la seule partie à opter pour ce choix, a-t-il expliqué. Plusieurs composantes politiques et sociales ont souscrit à ce choix, soit dans le cadre du Document de Carthage II ou au moment du vote de confiance au ministre de l’intérieur, Hichem Fourati.
Pour le porte-parole d’ennahdha, l’unité et la concorde au sein des partis politiques contribuent à la pérennité de la démocratie. Il n’est pas de l’intérêt d’ennahdha que certains partis se disloquent, a-t-il dit.
Imed Khemiri a, par ailleurs, salué l’engagement du président Caïd Essebsi de s’en tenir aux délais fixés par la Constitution, c’est-à-dire fin 2019, pour l’organisation des prochaines élections présidentielle et législatives. Mais, entre ces déclarations d’une « colombe » des islamistes et celles du « faucon » Abdelhamid Jlassi, dans une intervention à la radio, Eddiwan FM, on assiste à un double-langage qui a été, toujours, le propre du mouvement Ennahdha.
Coup de semonce ou vérité du président de la République, seul l’avenir nous le dira, mais ce qui est certain, c’est que Caïd Essebsi a mis les Islamistes sur la sellette, afin d’accentuer la pression et leur faire lâcher prise quant au soutien au président du gouvernement Youssef Chahed, surtout que le vieux loup de la politique a la rancune dure et qu’il ne pardonnera jamais à Chahed, ad viendra que pourra… même au prix de donner son fils, Hafedh Caïd Essebsi en pâture… en échange de la tête du chef du gouvernement qui lui a fait l’affront de ne pas répondre à sa volonté.