Le Temps (Tunisia)

La classe politique divisée sur l’aquarius

- L’aquarius dérouté

Alors que le navire Aquarius espère débarquer 58 migrants au port de Marseille, le gouverneme­nt français a dit préférer une solution européenne à cette nouvelle crise, entraînant un tollé dans l’opposition de gauche hier. La classe politique est plus que jamais divisée sur ce sujet.

Depuis lundi 24 septembre, les ONG qui l’affrètent demandent à la France l'autorisati­on exceptionn­elle d'accoster à Marseille, son port d’attache. Elles veulent débarquer 58 migrants refusés par Malte et l’italie. SOS Méditerran­ée l’assure, cette solution est la seule possible pour permettre au bateau en passe de perdre son pavillon panaméen de continuer ses missions en mer. Pour l’instant, le gouverneme­nt français n’a pas donné son feu vert.

A Marseille, certains partis politiques s’y opposent fermement. A l’image du Rassemblem­ent national. Son sénateur Stéphane Ravier réitère d’ailleurs se demande d’enquête parlementa­ire pour complicité de trafic d’êtres humains et une mise sous séquestre du navire : « Je soupçonne SOS Méditerran­ée de participer à un véritable trafic d'êtres humains qui a rapporté des milliards d'euros à la mafia des passeurs l'année dernière. Secourir les clandestin­s en Méditerran­ée, oui, les accepter chez nous, non. Il faut organiser leur retour dans leur pays d'origine. »

«C'est d'abord une question d'humanité»

A l’inverse, dans le camp socialiste, à la mairie, Benoît Payan demande que soit réservé un accueil et un pavillon à l’aquarius : « Le droit maritime ne reconnait pas le pavillon marseillai­s. Mais pour autant ce serait un symbole, parce que cette ville est aussi le symbole d'une Méditerran­ée qui connaît son histoire. Marseille s'honorerait à pouvoir accueillir ces personnes qui ont été sauvées de la mort. Et une fois qu'ils seront sur notre sol, on verra ce qu'on fait. Ce n'est pas une question politique. C'est d'abord une question d'humanité. »

Du côté des autres partis, France insoumise s’est prononcée pour. Un député de La République en marche a fait de même avant de garder le silence. Chez Les Républicai­ns, la seule personnali­té à s’être exprimée est le président de la région Renaud Muselier, qui demande le respect du droit maritime et donc un accostage sur les côtes italiennes ou maltaises.

Au Parlement à Paris, pour l’opposition de gauche, le gouverneme­nt manque d’humanité en n’ouvrant pas ses ports directemen­t. Un argument qui résonne aussi auprès de plusieurs élus de la République en Marche. C’est de « l’instrument­alisation politique », rétorque l’elysée qui refuse de céder à la « bonne conscience » de gauche ou au « repli sur soi » de la droite et de l’extrême droite, suggérant que l’aquarius débarque à Malte.

La ministre française des Affaires européenne­s, Nathalie Loiseau, a espéré qu’une solution serait trouvée dans la journée pour l’aquarius et les 58 migrants qui se trouvent à bord et sont en quête d’un port de débarqueme­nt. Interrogée par Sud Radio, elle a cependant écarté l’idée que ce port puisse être Marseille, comme le demandent les deux ONG qui ont affrété le navire, Médecins sans Frontières (MSF) et SOS Méditerran­ée.

L’aquarius s’est en outre dérouté pour porter assistance à une centaine de personnes en détresse à bord d’une embarcatio­n en caoutchouc et ne se dirige plus pour le moment vers Marseille, a déclaré mardi matin à RTL un responsabl­e de MSF. « Nous avons reçu l’alerte par un avion européen (...) Les personnes auraient été récupérées par un bateau marchand », a expliqué Alyos Vimard, selon qui MSF maintient cependant son appel à la France pour qu’elle ouvre « exceptionn­ellement » ce port et fasse pression sur les autres pays européens.

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