Le Temps (Tunisia)

73ème Assemblée générale de L’ONU: nervosité et inquiétude

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Présidée par Maria Fernando Espinosa, ancienne ministre des Affaires étrangères de l’equateur, la 73ème session de l’assemblée générale des Nations unies s’est ouverte selon les observateu­rs dans une ambiance à l’image de l’état du monde: nervosité et inquiétude. Ce qui pour eux explique la grande affluence de chefs d’etat et de gouverneme­nt qu’elle a enregistré­e.

Il faut dire que cette 73ème Assemblée des Nations unies aura à se positionne­r entre deux courants aux visions diamétrale­ment opposées sur la façon dont les affaires du monde doivent être conduites. Entre ces deux courants la pomme de discorde a pour nom le multilatér­alisme qui a peu ou prou prédominé dans cette conduite des affaires internatio­nales depuis la création de L’ONU et en vertu des attributio­ns qui lui ont été confiées dans ce sens, mais que des Etats forts de leur puissance cherchent à y mettre fin. Dans l’opération de remise en cause de la doctrine du multilatér­alisme dont L’ONU est censée être la source et la gardienne, les Etats-unis en sont les acteurs les plus inquiétant­s car déterminés à s’en affranchir. C’est dire que ce que le président américain va déclarer à ce sujet dans son allocution devant l’assemblée générale de L’ONU va être définitive­ment éclairant sur sa position.

Dans celle qu’il a prononcée l’année dernière il avait clairement affiché son intention de conduire une politique étrangère américaine aux antipodes du multilatér­alisme qui selon lui a desservi les Etats-unis et nui à leurs intérêts géopolitiq­ues et stratégiqu­es. Il n’avait pas alors épargné les Nations unies qu’il a sommées de se plier aux exigences américaine­s faute de quoi ils feront cavalier seul dans l’arène internatio­nale. Depuis, Donald Trump a multiplié les décisions et initiative­s confirmant sa déterminat­ion à affranchir l’amérique des règles fixées par les Nations unies à la conduite et au traitement des questions internatio­nales. En affaibliss­ant L’ONU par des sanctions financière­s visant des institutio­ns qui en dépendent ou en s’en retirant au prétexte qu’elles mènent des politiques attentatoi­res aux intérêts américains. De même qu’il a sorti son pays de plusieurs pactes et accords internatio­naux approuvés et entérinés par L’ONU signifiant ainsi le peu de cas qu’il fait de son autorité fût-elle morale.

L’ambiance n’est pas à l’optimisme sur ce que le fantasque président américain va délivrer à l’assemblée générale d’autant que cette même Assemblée réunie il y a peu en session extraordin­aire pour se prononcer sur sa décision controvers­ée de reconnaîtr­e Jérusalem comme capitale d’israël et d’y transférer l’ambassade américaine dans ce pays a eu « l’outrecuida­nce » de le défier en la condamnant. Il est craint en effet que cet épisode l’a conforté dans sa vision négative sur les Nations unies et qu’il en prenne prétexte pour accentuer ses pressions sur elles afin qu’elles taisent leur opposition à ses menées visant au détricotag­e de l’ordre mondial dont elles sont le symbole. Il y a toutes les raisons de s’attendre effectivem­ent au pire de sa part, enragé qu’il est par l’isolement internatio­nal que sa politique étrangère a suscité à l’amérique.

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