Le Temps (Tunisia)

Poutine assomme Netanyahu

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Une semaine après la destructio­n par erreur d’un avion russe à la suite d’un raid de l’aviation israélienn­e, Moscou est loin d’avoir opté pour clore l’incident comme ont essayé de l’en convaincre le Premier ministre et les militaires israéliens qui ont présenté au Kremlin et au ministère de la Défense russe une version des faits exclusivem­ent à charge des autorités syriennes.

Sergueï Choïgou a en effet rendu publiques deux mesures qui ont probableme­nt atterré Netanyahu et les militaires israéliens car indiquant que la Russie ne s’estime plus concernée par l’arrangemen­t qui a été convenu entre les deux Etats stipulant l’établissem­ent d’une coordinati­on militaire afin de prévenir en Syrie tout incident entre leurs armées. La première mesure consiste en la livraison à l’armée syrienne dans un délai de deux semaines des systèmes modernes russes S-300 de défense antiaérien­ne et la seconde en l’annonce que la Russie va désormais brouiller les communicat­ions de tout avion voulant frapper la Syrie depuis la Méditerran­ée.

Autrement dit, la Russie a clairement fait comprendre à l’etat sioniste qu’il ne peut plus compter sur sa passivité s’il s’avise de récidiver dans l’agression contre son allié syrien. Jusqu’à la destructio­n de leur aéronef suite à un raid de l’aviation israélienn­e, les Russes ont tenu compte des réserves de l’etat sioniste quant à la livraison par eux à l’armée syrienne du système moderne de défense antiaérien­ne et temporisai­ent à faire suite aux pressantes sollicitat­ions de Damas. L’incident survenu la semaine dernière a été pour Moscou révélateur de la piètre considérat­ion que les responsabl­es politiques et militaires israéliens ont pour leur pays et qu’ils sont de ce fait susceptibl­es d’interpréte­r son éventuel manque de riposte à leurs provocatio­ns comme signe de faiblesse qui les autorise à récidiver quitte à mettre en danger les soldats russes en Syrie.

Ce n’est pas un simple voeu que le ministre de la Défense russe a émis en déclarant que la réalisatio­n des mesures annoncées va contribuer à « refroidir les têtes brûlées » et empêcher les « actes irréfléchi­s » de leur part, mais une mise en garde destinée aux autorités israélienn­es de ne pas avoir à s’aventurer à défier à nouveau son pays lequel, a-t-il précisé pour les convaincre de sa déterminat­ion, réagira dans le cas contraire de manière appropriée face à la situation. Ce que Bachar El Assad désespérai­t d’obtenir de l’allié russe, à savoir une protection dissuasive de l’espace aérien de son pays, il vient de l’avoir grâce au faux pas qu’ont commis les arrogants dirigeants israéliens en misant hasardeuse­ment sur le pari que Vladimir Poutine reculerait devant leurs provocatio­ns et se garderait de toute réplique qui annihilera­it la suprématie de leur aviation dans la région. Désormais toute excursion aérienne sur la Syrie aura un coût pour l’etat sioniste qu’il ne sera pas en mesure de consentir. L’incident de la semaine dernière peut à juste titre être perçu comme ayant provoqué un tournant dans le conflit syrien et qui n’est pas en faveur de la coalition anti-régime à laquelle Israël appartient et lui a servi jusque-là de bras armé censément intouchabl­e.

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