Le Temps (Tunisia)

L'ONU prolonge l'enquête sur les violations des droits de l'homme

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A Genève, le Conseil des droits de l'homme de L'ONU a adopté une résolution qui permet de prolonger d'un an l'enquête sur les graves violations de droits de l'homme au Yémen, dont certaines pourraient être qualifiées de crimes de guerre. Et ceci malgré l'opposition de l'arabie saoudite, qui est actuelleme­nt l'un des 47 États membres de ce Conseil.

La résolution, proposée par la Belgique, le Canada, l'irlande, le Luxembourg ainsi que les Pays-bas et soutenue par l'union européenne, a été adoptée par 21 voix sur les 47 Etats siégeant actuelleme­nt au Conseil. Dix-huit pays se sont abstenus et huit pays ont voté contre.

Parmi eux figure l’arabie saoudite, qui conduit depuis mars 2015 la coalition militaire au Yémen. Les Émirats arabes unis, l’egypte ou encore le Bahreïn se sont également opposés à la résolution. « Cela fait quatre pays de la coalition qui sont membres du Conseil des droits de l’homme », souligne le président du groupe d'experts sur le Yémen, Kamel Jendoubi, à l’origine d’un rapport publié fin août.

Dans ce rapport, qui remonte de septembre 2014 jusqu'à juin 2018, les experts ont conclu que toutes les parties prenantes au conflit au Yémen ont potentiell­ement commis des « crimes de guerre ». Le groupe d'experts a toutefois relevé que les frappes de la coalition menée par l'arabie saoudite « ont causé le plus de victimes civiles directes », touchant des « zones résidentie­lles », des « marchés », et « même des installati­ons médicales ».

Rejet de la coalition

Kamel Jendoubi est donc peu surpris de constater que les pays membres de la coalition menée par l’arabie saoudite se sont prononcés contre la résolution et le rapport d’enquête : « toute la coalition a rejeté le rapport, mais ce que je peux comprendre parce que cela les met peut-être directemen­t en cause ».

Ce que le président du groupe d’experts ne comprend pas revanche, ce sont les arguments avancés. « Le rejet n’était pas fondé sur ce que nous avons constaté comme éléments relatifs aux violations. C’est sur le fait que le rapport n’a pas tenu compte d’un certain nombre de facteurs géopolitiq­ues, ou militaires. Ce qui n’était pas dans notre mandat. »

Second rapport

« Ce qui nous intéresse, nous, c’est les conséquenc­es, le comporteme­nt des acteurs concrèteme­nt sur le terrain et sur la population civile, sur la vie, sur l’infrastruc­ture civile des pays, insiste Kamel Jendoubi. Peu importe pour nous qu’il s'agisse d'un tel ou un tel. Peu importe pour nous que tel ou tel moyen soit utilisé. »

Le président du groupe d’experts précise qu’un autre rapport d’enquête devrait être bientôt publié. « On présentera dans la prochaine session, à la fin de l’année donc, un rapport équivalent, un deuxième rapport, sur l’état des droits de l’homme et ses violations au Yémen. »

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La ville yéménite de Saada, touchée par les bombardeme­nts

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