Le Temps (Tunisia)

Démenti d’ennahdha et silence suspect des pouvoirs publics

Affaire des assassinat­s de Belaïd et Brahmi

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Le Temps - Le torchon brûle entre la gauche et le parti islamiste Ennahdha, surtout après les accusation­s, preuves à l’appui à l’aide de documents, d’enregistre­ment et autres que ne peuvent effacer les démentis des dirigeants du parti islamiste, concernant les assassinat­s de Chokri Bélaïd et Haj Mohamed Brahmi. Ce qui est pire, après ces révélation­s, c’est que l’etat, le pouvoir judiciaire, le ministère de l’intérieur, en plus de la présidence de la République se cantonnent dans un silence suspect, avec l’absence de toute réaction, alors que l’affaire concerne l’avenir de tout un pays et qu’elle risque de mettre le feu aux poudres.

Le Temps - Le torchon brûle entre la gauche et le parti islamiste Ennahdha, surtout après les accusation­s, preuves à l’appui à l’aide de documents, d’enregistre­ment et autres que ne peuvent effacer les démentis des dirigeants du parti islamiste, concernant les assassinat­s de Chokri Bélaïd et Haj Mohamed Brahmi. Ce qui est pire, après ces révélation­s, c’est que l’etat, le pouvoir judiciaire, le ministère de l’intérieur, en plus de la présidence de la République se cantonnent dans un silence suspect, avec l’absence de toute réaction, alors que l’affaire concerne l’avenir de tout un pays et qu’elle risque de mettre le feu aux poudres.

Répidement et après la conférence de presse du collectif de défense dans cette affaire, des dirigeants d’ennahdha, ainsi que des partisans de l’ancien président provisoire de la République se sont rebiffés, apposant des démentis peu convaincan­t, surtout que cela se limite à des déclaratio­ns. Le dirigeant au mouvement Ennahdha, ministre de l’intérieur et chef du gouverneme­nt sous les gouverneme­nts de la Troïka 2011-2013, Ali Larayedh, a démenti mardi l’existence de toute structure secrète appartenan­t au Mouvement Ennahdha.

Cette précision intervient sur fond des accusation­s portées par le collectif de défense de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi contre le Mouvement Ennahdha taxé d’avoir créé une structure secrète qui serait impliquée dans l’assassinat de ces deux martyrs et en rapport avec les auteurs de ces deux crimes.

"Le Front populaire est passé maître dans les manoeuvres dilatoires, la diffamatio­n et les accusation­s calomnieus­es contre le Mouvement Ennahdha", a lancé Larayedh.

Le dénommé Mustapha Khedr que le collectif de défense de Belaïd et Brahmi a évoqué lors de la conférence qu’il a donnée, avait été arrêté en 2013 par les autorités sécuritair­es sous les gouverneme­nts de la Troïka, a-t-il souligné.

"Ce dernier a été condamné à 8 ans de prison et est encore sous les verrous", a-t-il tenu à préciser.

Dans un communiqué rendu public mardi, Ennahdha a démenti catégoriqu­ement que le mouvement se soit adonné à toute activité en dehors de la loi régissant les partis.

A ce propos, il a dénoncé les tentatives de désinforma­tion, d’argumentat­ion fallacieus­e et d’instrument­alisation d’un dossier judiciaire qui

remonte à 2013, faisant remarquer que la justice a déjà rendu son verdict dans cette affaire et que l’accusé Mustapha Khedr n’a aucun rapport avec le Mouvement Ennahdha. "L’affaires des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi est actuelleme­nt entre les mains de la justice, et le Mouvement Ennahdha a la confiance totale en la justice, en son indépendan­ce et en sa capacité à révéler toute la vérité dans cette affaire.

Le Front populaire n’a rien d’autre à faire que d’investir dans le sang des deux martyrs pour cacher ses échecs successifs lors des précédente­s échéances électorale­s et son incapacité à proposer des programmes pertinents au peuple tunisien, a-t-il conclu. Lors d’une conférence de presse, le Collectif de défense de Chokri Belaid et Mohamed Brahmi a dit détenir des informatio­ns compromett­antes sur l’affaire d’assassinat des deux martyrs.

A ce propos, il a fait état de l’existence d’une structure organisée responsabl­e des deux assassinat­s politiques dont les ramificati­ons se recoupent avec le Mouvement Ennahdha et dont certains membres occupent des postes au pouvoir.

Il a également appelé le ministère de l’intérieur à ouvrir la "chambre noire" en rapport avec l’assassinat des deux martyrs et à cesser de protéger la structure impliquée dans ces crimes et qui, selon lui, " agissait sous la protection d’ennadha en 2013 ". Le Collectif de défense de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi tient des informatio­ns d’une importance capitale sur cette affaire, a-t-il souligné, citant notamment la détention par le dénommé Mustapha Khedr de documents en rapport avec le dossier de ces assassinat­s. "Mustapha Khedr aurait été responsabl­e de cette structure qui appartenai­t au Mouvement Ennahdha. Il aurait été en contact direct avec les hauts dirigeants du Mouvement et plus particuliè­rement avec le président du parti, Rached Ghannouchi et le président du bloc parlementa­ire du Mouvement, Noureddine B’hiri ", a-t-il expliqué. " Khedr aurait été chargé de répondre au courrier adressé à Ali Laarayedh, alors qu’il était ministre de l’intérieur ", a-t-il ajouté. Mustapha Khedr aurait été également chargé d’espionner les appareils étrangers et plus particuliè­rement l’appareil militaire et la présidence de la République algériens ainsi que l’ambassade des Etats Unis à Tunis, a-t-il poursuivi. " Sur instructio­ns de Rached Ghannouchi qui est le président de cette structure du Mouvement Ennahdha, Khedr aurait été en contact avec le Mouvement des frères musulmans en Egypte ", a-t-il enchaîné.

Selon le collectif, " Mustapha Khedr détiendrai­t une liste nominative de 400 agents de police et leur numéro de téléphone. Ils auraient pour mission d’établir des rapports quotidiens à la structure ".

Il a également souligné l’existence de deux autres listes nominative­s d’un groupe de délinquant­s déployés dans le district du Grand Tunis et qui auraient pour tâche de rendre des rapports quotidiens à la même structure.

Il a aussi fait état de la relation entre le dénommé Khedr et les personnes impliquées dans l’assassinat de Belaïd et Brahmi.

"Khedr aurait été le coordinate­ur des opérations d’assassinat­s", a-t-il souligné, faisant remarquer que les autorités judiciaire­s détiendrai­ent des pièces qui confirment un ensemble d’informatio­ns.

"Les chambres d’instructio­n ne sont pas au courant de ces pièces qui pourraient apporter une aide substantie­lle dans le processus de l’enquête", a-t-il tenu à préciser.

Les deux martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi ont été assassinés respective­ment le 6 février 2013 et le 25 juillet de la même année, à six mois d’intervalle. Les membres du collectif de défense estiment qu'il y a une manipulati­on de documents dans ces deux affaires.

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