Le Temps (Tunisia)

La scène politique en pleine ébullition

Des coalitions en cours et Ennahdha sur le qui-vive

- Faouzi SNOUSSI

Les alliances se font et se défont au gré de leurs dirigeants qui, parfois, sont d’accord pour constituer des blocs homogènes et d’autres fois cherchent à se positionne­r pour percer et obtenir des places dont ils ne sont pas dignes, souvent, en raison de leurs errements et de leur véritable poids sur la scène politique. Mais, prochaines échéances électorale­s obligent, chacun des dirigeants des 214 partis font exploser la marmite.

La situation est telle qu’on ne sait plus qui est avec qui, et tous les hauts responsabl­es des partis pensent, plutôt, à leur profit personnel qu’à celui de créer une coalition solide capable de se replacer au-devant de la scène, au service de l’intérêt du citoyen.

Pour les prochaines élections présidenti­elle et législativ­es, rien n’est, encore, clair, avec ces nouvelles alliances qui ont vu le jour ou qui se profilent à l’horizon, pour rassembler un tant soit peu ces partis qui se disent démocratiq­ues et progressis­tes, mais dont l’égo des dirigeants, contestés de partout parmi les bases et même les cadres, actuelleme­nt, n’a pas permis de réunir des militants que rien ne sépare, pourtant, sauf les ambitions politicard­es.

Ainsi, après avoir tourné en rond et offert ses services à celui qui lui propose le mieux, le secrétaire général du mouvement Machrou Tounès Mohsen Marzouk est revenu à la raison, et a déclaré dimanche que son parti tend la main pour un rassemblem­ent avec le groupe de la Coalition nationale, celui de Nidaa Tounès et autres à condition de convenir de la nécessité de séparer définitive­ment pouvoir, parti et famille.

Dans une déclaratio­n de presse en marge d'une rencontre à La Manouba, Marzouk a tenu à préciser que l'éloignemen­t du directeur exécutif de Nidaa Tounès est une question interne qui concerne "ce parti historique". Et d'ajouter que Machrou Tounès désapprouv­e, toutefois, la présence d'éléments qui, par le passé, ont créé des blocages au sein de Nidaa Tounès.

II a appelé à prendre en considérat­ion tout ce qui préoccupe les Tunisiens et demandé au chef du gouverneme­nt à opérer un remaniemen­t permettant de surmonter les blocages, tout en considéran­t que les 63 points qui ont fait l'objet de consensus entre les signataire­s doivent être le cadre de travail pour le gouverneme­nt.

L’hémorragie continue à Nidaa Entretemps, l’hémorragie continue à Nidaa Tounès et le député Mohamed Ben Souf, a annoncé samedi soir sa démission du bloc parlementa­ire du parti au terme de la journée parlementa­ire de cette formation politique.

"Je rejette la politique qui défonce des portes ouvertes ou tourne en un cercle vicieux et je suis de plus en plus convaincu que le bloc de Nidaa Tounès n'est plus une structure pour représente­r le parti, de façon qui a bouleversé l'équation politique et violé les lois parlementa­ires. De ce fait j'annonce ma démission du bloc de Nidaa Tounès", écrit Ben Souf, un député représenta­nt la circonscri­ption de l'italie, sur son compte Facebook.

L'ex-député de Nidaa Tounès qui occupait le poste de vice-président de L'ARP chargé de la communicat­ion, a précisé que sa démission est intervenue après une journée parlementa­ire "hors du commun" au cours de laquelle des responsabi­lités au sein des bureaux des commission­s législativ­es et du bureau de L'ARP ont été réparties. Le groupe parlementa­ire de Nidaa Tounès qui comptait il y a quelques mois 56 députés a connu plusieurs démissions en son sein et au sein du parti luimême et l'adhésion de 12 députés démissionn­aires au nouveau bloc parlementa­ire "la Coalition Nationale" qui totalise 47 députés. Al Joumhouri veut

se replacer

Pour sa part, le secrétaire général du parti "al-joumhouri", Issam Chebbi, a estimé que le gouverneme­nt a échoué dans sa mission et n’est plus capable de redresser le pays face à la situation difficile dans lequel il se trouve. Ce parti qui avait eu sa chance, avec les élections de 2011, n’avait pas su profiter de son audience et avait tout fait pour régresser, en 2014, pour n’avoir, actuelleme­nt, qu’un seul député à l’assemblée des représenta­nts du peuple (ARP).

Il a appelé les partis politiques patriotes à "un changement responsabl­e" à travers les urnes lors des prochaines élections, prévues fin 2019. D’après lui, les actuels dirigeants tirent profit du pouvoir et ne s’intéressen­t pas à l’avenir de la Tunisie.

Il a affirmé qu’"al-joumhouri" est prêt à trouver un consensus avec tous les partis qui partagent l’idée de la nécessité de sauver le pays du chaos et de la banquerout­e. De belle intentions à concrétise­r sur le terrain, en choisissan­t son camp et en revenant à la raison, surtout qu’un gouverneme­nt qui fait des erreurs pouvant être corrigés vaut mieux que de mener le pays vers l’inconnu, comme le prouve ce qui se passe à Nidaa Tounès.

Ces attaques de tous bords des partis qui se disent démocratiq­ues et progressis­tes n’ont fait que jeter le chef du gouverneme­nt, du moins provisoire­ment, dans les bras des islamistes qui tentent d’en profiter à fond, pour s’installer comme il faut dans les rouages de l’etat.

Ennahdha sur le qui-vive

Le mouvement Ennahdha n’est pas mieux loti, surtout après les accusation­s du Front populaire et celles du Comité de défense des martyrs Chokri Belaïd et Haj Mohamed Brahmi, avec les révélation­s sur « l’organisme secret islamiste infiltré au sein du ministère de l’intérieur », avec des démentis peu convaincan­ts du parti islamiste.

Jouant de la carotte et au bâton et passant aux menaces, leresponsa­ble du mouvement Ennahdha, Abdelkrim Harouni a déclaré, samedi, que son parti "continuera ses efforts en faveur du consensus et de la stabilité et fera face à ceux qui appellent à la division et à l'anarchie". Ces derniers ne doivent pas réussir à changer l'orientatio­n du pays, soutient-il. Pour lui, les accusation­s impliquant Ennahdha dans des assassinat­s sont "des allégation­s proférées contre Ennahdha, l'etat, la justice, la sécurité et la présidence de la République". Le Conseil de la Choura doit définir la position à prendre face aux parties qui se placent au-dessus de l'etat, a-til indiqué. La réponse peut se faire au moyen de la justice, ou par la voie politique ou encore médiatique. Sur la position d'ennahdha vis-à-vis du chef du gouverneme­nt, Harouni a estimé que son parti est pour la stabilité du gouverneme­nt sous la présidence de Youssef Chahed. Ennahdha suit de près la situation au sein de Nidaa Tounès, a-t-il relevé, surtout que la crise que connait le mouvement a eu un impact sur le gouverneme­nt et le parlement. Ennahdha souhaite qu'elle soit résolue dans les plus brefs délais, affirme-t-il. Les prochains jours vont, certaineme­nt, apporter beaucoup de nouveau, avec des changement­s qui risquent de chambouler de bas en haut l’équilibre des forces.

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Abdelkrim Harouni
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Issam Chebbi
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Mohsen Marzouk

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