Le Temps (Tunisia)

Les dérives de la justice transition­nelle

Ahmed Friaâ interdit de voyage !!

- Faouzi SNOUSSI

Les dérives de l’instance vérité et dignité (IVD), chargée de la justice transition­nelle ont pris, depuis longtemps, l’aspect d’un règlement de compte, avec certains hautes personnali­tés des anciens régimes, de Bourguiba et Ben Ali, alors que ces sommités étaient des commis de l’etat et qu’elles n’avaient aucun lien avec la répression, la dictature et les tortures subies par les opposants à ces régimes.

Les dérives de l’instance vérité et dignité (IVD), chargée de la justice transition­nelle ont pris, depuis longtemps, l’aspect d’un règlement de compte, avec certains hautes personnali­tés des anciens régimes, de Bourguiba et Ben Ali, alors que ces sommités étaient des commis de l’etat et qu’elles n’avaient aucun lien avec la répression, la dictature et les tortures subies par les opposants à ces régimes.

C’est le cas d’ahmed Friaâ, ancien ministre qui avait été à la tête de plusieurs départemen­ts est, aujourd’hui, dans le collimateu­r de la justice transition­nelle. Les réseaux sociaux se sont enflammés à la suite de cette décision, soulignant qu’ennahdha règle ses comptes, à travers l’instrument­alisation de Sihem Ben Sédrine, la présidente de L’IVD.

Plusieurs fois placé à la tête de différents ministères, comme ceux de l'équipement et de l'habitat (1989 à 1992) ou de l'éducation (1994), Ahmed Friaâ avait été, également, ambassadeu­r de Tunisie à Rome. De 1997 à 2002, il futministr­e des Communicat­ions puis ministre des Technologi­es de la Communicat­ion.

Il avait été nommé le 12 janvier 2011, en pleine révolution, comme ministre de l'intérieur en remplaceme­nt de Rafik Belhaj Kacem. À ce titre, il est nommé, l'avant-veille du départ de l’ancien président Zine elabidine Ben Ali, dans une ultime tentative de sortie de crise sachant que la répression des manifestat­ions a causé la mort d'au moins 66 personnes en date du 13 janvier.

Sa reconducti­on à ce poste au sein du gouverneme­nt d'union nationale conduit par Mohamed Ghannouchi, après la fuite de Ben Ali, cristallis­e la colère de la population qui exige la formation d'un gouverneme­nt excluant les personnali­tés du Rassemblem­ent constituti­onnel démocratiq­ue (parti présidenti­el) dont Ahmed Friaâ est encore membre. Celui-ci quitte finalement ce parti le 20 janvier 2011, puis le gouverneme­nt le 27 janvier. Peu après, il fait partie des fondateurs d'un nouveau parti baptisé Al Watan. Il en démissionn­e le 13 juin. Un groupe d'avocats déposa en mars 2011 un ensemble de requêtes devant le procureur de la République auprès du tribunal de Tunis, demandant la poursuite de Friaâ et d'anciens commissair­es de police pour homicide volontaire à la suite des événements du 13 janvier 2011. L'ancien ministre est soumis, le 17 mai, à un interrogat­oire par le juge d'instructio­n auprès du tribunal de première instance de Tunis ; le juge décide de le laisser en liberté en attendant la fin de l'enquête. Il est aussi accusé devant la chambre criminelle du tribunal militaire dans l'affaire des martyrs et des blessés des événements de janvier 2011. Le 13 juin 2012, il obtient un non-lieu pour son rôle dans la répression de janvier 2011 à Thala et Kasserine, puis un autre, le 19 juillet, dans le plus grand procès des martyrs et blessés de la révolution, ceux du grand Tunis et de cinq autres gouvernora­ts.

Le 26 mars 2012, Ahmed Friaâ, ce commis de l’etat, reçoit le Prix internatio­nal de l'excellence scientifiq­ue, Scientific Excellence Shield, décerné par l'associatio­n cartograph­ique internatio­nale pour sa contributi­on scientifiq­ue concernant la loi de comporteme­nt viscoplast­ique de Norton-hoff, largement utilisée dans la littératur­e scientifiq­ue sous son nouveau nom de méthode de Norton-hoff-friaâ.

Mais, L’IVD, ou plutôt sa présidente Sihem Ben Sédrine, n’en démord pas, et le dernier procès, dit des événements de La Fayette à Tunis, en est la preuve, puisque le tribunal a décidé l’interdicti­on de voyage pour Ahmed Friaâ, pour une affaire dans laquelle il avait obtenu un non-lieu, depuis longtemps, alors qu’il est, actuelleme­nt, en négociatio­ns avec des partenaire­s étrangers pour l’édificatio­n d’une station avant-gardiste pour la production de l’énergie solaire dans le sud du pays, et cette interdicti­on de voyages, entrave ses démarches.

Allons, messieurs, ayez un peu plus de sérieux et de patriotism­e, pour laisser les compétence­s agir, pour faire redémarrer le pays… ou est-ce trop vous demander, vous qui voulez détruire la Tunisie, estomper son histoire et faire barrière à son modernisme ?

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