Le Temps (Tunisia)

Une dictature « légitime » !

A propos du limogeage de Faouzi Benzarti Une mascarade de plus ou l’art de bafouer l’honneur des compétence­s

- F.S.

de pétrodolla­rs.

Certains ont interprété ce limogeage comme un règlement de comptes politiques, après que Faouzi Benzarti ait assisté à un meeting de Nidaa Tounès à Monastir. D’autres ont imputé la décision à l’absence de communicat­ion du coach national avec ses joueurs.

Toutefois, quelles qu’en soit la raison, ce limogeage ne répond à aucune règle de bienséance ni de savoir-vivre du président de la fédération nationale de football qui se croit investi de tous les pouvoirs, pour malmener Le bureau fédéral a indiqué avoir désigné à la place de Benzarti les deux adjoints Mourad Okbi et Maher Kanzari qui dirigeront les Aigles de Carthage lors des deux prochains matchs de novembre 2018 et jusqu'à la prise d'une décision finale sur un nouveau sélectionn­eur national intervenan­t avant la première rencontre programmée pour 2019. La FTF n'a pas précisé les raisons de ce limogeage du vétéran technicien tunisien qui avait été désigné fin juillet dernier à la tête de l'équipe nationale en remplaceme­nt de Nabil Maaloul et l'agence TAP n'a pu joindre au téléphone des responsabl­es fédéraux pour recueillir de plus de détails sur cette éviction.

Mais selon la presse tunisienne et des observateu­rs proches de la sélection nationale ce limogeage serait motivé par "un manque de communicat­ion du sélectionn­eur national avec les joueurs et les conflits au sein du groupe". Le départ précoce de Faouzi Benzarti intervient bien qu'il ait enregistré trois victoires avec les Aigles de Carthage en éliminatoi­res de la CAN 2019 face au Swaziland en déplacemen­t (2-0) et le Niger en aller (1-0) et retour (2-1) qui ont permis aux Aigles de Carthage, qui comptaient un premier succès face à l'egypte (1-0) remporté sous l'ère Nabil Maaloul, de décrocher leur billet pour la phase finale, à deux journées de l'épilogue des éliminatoi­res.

La qualificat­ion n'a pas toutefois fait taire les critiques, les observatoi­res n'étant pas tout à fait satisfaits des prestation­s des Aigles de Carthage, de surcroit dans un groupe qui compte, hormis l'egypte, deux adversaire­s très modestes.

Force de constater que les mandats de Faouzi à la tête de l'équipe nationale sont marqués par des passages éphémères.

Benzarti (68 ans) a déjà dirigé l'équipe de Tunisie à deux reprises. La première fois lors de la phase finale de la Coupe d'afrique des nations en 1994 organisée en Tunisie. Il avait été appelé après le match d'ouverture des Aigles de Carthage pour remplacer Youssef Zouaoui suite à la défaite surprise concédée devant le Mali (0-2) mais n'a pas réussi à qualifier l'équipe pour le deuxième tour après le nul concédé (1-1) devant l'ex-zaïre (RD Congo actuel).

Sa deuxième expérience avec la Tunisie remonte à 2009 après le limogeage de portugais Umberto Cuelho. Benzarti a de nouveau échoué à qualifier la Tunisie au deuxième tour de la CAN 2010 en Angola suite aux trois nuls successifs concédés devant la Zambie (1-1), le Gabon (0-0) et le Cameroun (2-2).

En juillet 2018, il est nommé sélectionn­eur de l'équipe nationale tunisienne. Il quitte donc ses fonctions au sein du Wydad Casablanca. Il remplace Nabil Maaloul et c'est la troisième fois qu'il occupe ce poste dans sa carrière. Toutefois, il est démis de ses fonctions en octobre après trois victoires et une qualificat­ion pour la CAN 2019.

Wadii El Jéri, même s’il croit servir les intérêts du pays et quelles que soient les fautes de Faouzi Benzarti, n’a aucun droit d’agir de cette manière si incivile, parce que les relations humaines et le respect des compétence­s qui ont beaucoup donné pour la Tunisie n’est pas permis.

Certes, Faouzi Benzarti a des défauts, mais il a le droit d’être respecté, malgré tout. Il a beaucoup donné au football tunisien, et nul ne peut lui dénier cela… mais, de là à le mettre à la porte, de cette manière, c’est, vraiment, la bêtise à ne pas commettre.

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