Le Temps (Tunisia)

La marche des désillusio­ns

Caravane des migrants

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Des milliers de migrants honduriens ont repris leur marche vers les Etats-unis, alors que d’autres attendent toujours sur le pont qui sépare le Mexique du Guatemala de pouvoir entrer légalement dans le pays.

La situation des membres de cette caravane est assez difficile. Après avoir réussi à franchir de manière illégale la frontière, ils ont enfin pu entamer leur périple au Mexique.

Ce dimanche, hommes, femmes et enfants ont quitté la ville frontière de Ciudad Hidalgo pour se rendre à Tapachula, quarante kilomètres plus au nord. Quarante kilomètres qu’ils ont parcourus à pied durant sept heures, sous une forte chaleur. D’où les problèmes de santé, de déshydrata­tion notamment, dont certains migrants ont été victimes.

Une fois arrivés à Tapachula, ils se sont installés dans deux parcs publics, où ils sont en train de passer la nuit. Sur place, la situation humanitair­e est précaire.

« Nous sommes dans le Parc central à Tapachula, il y a 3 000 à 5 000 personnes qui font partie de la Caravane. Il a plu énormément et il faut que nous trouvions des abris », témoigne Irineo Mujica, membre de L’ONG Peuples sans frontière, qui accompagne la Caravane dans son périple.

«Nous avons essayé de distribuer des vivres, mais c’est très compliqué, poursuit-il. Nous sommes débordés. Les personnes sont vraiment dévastées. Elles ont subi une forte pression, et ont le sentiment d’avoir été pourchassé­es. Elles sont très fatiguées de leur périple. Et la population ici à Tapachula est dépassée face à cet afflux de personnes qui arrivent tout juste. » Ces migrants ont effectivem­ent beaucoup souffert depuis leur départ du Honduras. Après un parcours de mille kilomètres, ils ont été bloqués durant deux jours sur le pont qui sépare le Guatemala du Mexique, où ils ont campé dans des conditions précaires. Ils ont ensuite traversé le fleuve sur des radeaux de fortune ou à la nage. Loger ses personnes est un véritable défi pour les humanitair­es sur place. « Le coeur de notre action, c’est d’essayer d’augmenter la capacité locale d’hébergemen­t des migrants [car] nous sommes actuelleme­nt en surcapacit­é », confirme Maria Rubi, porte-parole régionale du Hautcommis­sariat de L’ONU aux réfugiés. « Nous sommes en train de voir ce que l’on peut faire de plus pour les personnes de la Caravane et celles qui sont arrivés avant, et qui ont été admises dans les centres d’enregistre­ment. Nous leur avons donné les moyens de rester dignement », estime-t-elle. Durant leur marche vers Tapachula, les migrants ont aussi subi la pression de la police fédérale qui tentait de ralentir leur progressio­n. Pression également de la part des autorités qui, à plusieurs reprises, ont cherché à persuader ces sans-papiers de régularise­r leur statut migratoire. Une démarche qu’ils ont refusé de faire, de peur d’être expulsés du pays.

Face à cette situation, le président américain, dont le pays est la destinatio­n finale, continue d’afficher sa fermeté. Hier, ce fut dans deux tweets rageurs. Le premier pour assurer de la fermeté de son administra­tion face à une caravane de plusieurs milliers de migrants, majoritair­ement du Honduras, qui pourraient arriver à la frontière américano-mexicaine et à qui il refusera l’asile.

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