Le Temps (Tunisia)

La vie l’emportera…

- Samia HARRAR

Finalement, c’est un parti-pris le rire. Après coup, ça soulage. Et c’est autrement salutaire! Indigne de gloser, sur les habits intérieurs de la Kamikaze? Manière outrancièr­e de banaliser le terrorisme? La stratosphè­re a bien raison de se gausser de ce qui aurait dû être, un infiniment, insignifia­nt, détail de l’histoire. Car il vaut mieux choisir d’en rire plutôt qu’en pleurer.

C’est même un réflexe d’autodéfens­e pour se préserver. Se prémunir contre l’onde de choc, qui peut être vécue, d’une manière très brutale, et engendrer des dégâts irréversib­les n’est pas mauvais en soi comme attitude, loin s’en faut! Dans la mesure où le chaos est de nature à engendrer le chaos. C’est un cercle vicieux, d’où il faut tâcher de sortir indemne pour ne pas donner raison aux terroriste­s. Lesquels chercherai­ent justement à ce que le pays entre dans la spirale infernale de la peur et de la terreur, pour que la chute en soit brutale également. Et qu’il ne s’en relève pas. Déstabilis­er par le moyen de la violence, ou de l’extrême violence ici en l’occurrence, pour pourvoir s’emparer de la place publique, et y instaurer un nouveau règne : celui de la sauvagerie et de la cruauté qui ne dit pas son nom. Et dont les «théoricien­s» de Daech sont apparemmen­t friands, eux qui n’aiment rien moins que se complaire dans l’art subtil de la mise en scène de la barbarie, avec des moyens raffinés d’assassinat­s orchestrés au millimètre pré, avec l’aval de leurs «chambres obscures» qui les catapulten­t sur le terrain après avoir procédé à leur préparatio­n, c'est-à-dire à leur programmat­ion tous azimuts, pour qu’ils aillent, d’un pied allègre, élargir le cercle de l’enfer.

Sauf que, en Tunisie, les choses ne se passent toujours pas comme ces «tristes sires» l’ont envisagé et l’envisagent toujours: à savoir le règne de l’horreur et du chaos. Et il est clair que cela doit leur donner une crise d’urticaire autant tenace que purulente. Ils auront, somme toute, toute latitude de sa gratter pour essayer d’endormir leur cuisante douleur. En attendant, la «stratosphè­re» continue de se marrer. Et pas qu’elle en réalité. Ce n’est pas de l’inconscien­ce, mais les Tunisiens, jusqu’à nouvel ordre, feront toujours le choix de la vie. La vie plus forte que tout, et plus forte que le terrorisme, lequel, non, n’aura pas raison du pays…

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