Le mal est en nous
Terrorisme et Etat de droit
Le terrorisme a encore frappé, à un moment où la conjoncture politique est en plein bouleversement, surtout dans les secteurs sensibles, dont notamment, le secteur sécuritaire et judicaire. Les multiples dissensions et animosités qu’il y a eu ont donné lieu à un bouleversement total des normes sociales et un ternissement de plus de plus grandissant du prestige de l’etat.
La loi est le meilleur garant de la stabilité de l’etat, de la sécurité du pays et des citoyens. Dès lors on parle de l’etat de droit, lorsque nul n’est au dessus de la loi. Celle-ci est votée par les représentants du peuple qui sont censés à être les premiers à la respecter.
A la Révolution, il était normal qu’il y ait un chamboulement tel, que ça a dégénéré en dérive sécuritaire. Les évènements qui s’ensuivirent ont créé un climat de tension ayant abouti à la montée du terrorisme. Ce fut dans ce même climat de tension que se sont constitués des partis politiques, qui au départ ont reçu des visas, presqu’automatiquement et ce phénomène s’explique par le changement de la situation, puisque sous l’ancien régime il n’y avait pas de liberté d’expression et donc, n’étaient permis n’importe quel parti d’opposition. Les partis qu’il y avaient jouaient plutôt un rôle de parade n’osant pas tout dire de crainte d’être facilement interdits et leurs représentants incriminés.
Les élections ont permis, plus tard aux partis les plus représentatifs à émerger et c’est la règle du jeu en démocratie, ce qui ne comporte pas que des cotés positifs, car c’est selon cette même règle que des partis ou des mouvements à tendance terroristes ont pu jouer un rôle important dans la dérive sécuritaire et qui ont pu s’immiscer dans certains secteurs pour les gâter et envenimer davantage la situation. On commençait déjà à assister à divers troubles et des actes à tendance terroriste commis par la ligue de la protection de la Révolution qui avait perpétré plusieurs actes de violence à l’encontre des syndicalites de l’union Générale des travailleurs tunisiens (UGTT) en 2012 ainsi qu’à l’encontre du parti du Nidaa encore balbutiant. Après l’implication de ses membres dans l’assassinat de Lotfi Nagdh en octobre 2012, En 2013 quatre autres membres ont été arrêtés, pour suspicion de complicité dans les crimes perpétrés contre Chokri Belaid et Mohamed Brahmi en 2013 à quelques mois d’intervalle, le premier le 26 février et me deuxième le 25 juillet de cette même année. Soutenue par deux partis de la coalition au pouvoir à l’époque, ,à savoir le Congrès pour la République et Ennahdha, elle n’a été enfin dissoute qu’en 2014 par décision du tribunal.
Mais cela n’a pas empêché la recrudescence du terrorisme, avec la complicité de certains responsables de l’époque qui ont même laissé fuir un terroriste des plus dangereux, sous prétexte d’éviter bain de sang . Il s’agit, bien sur de Seifallah Belhassine surnommé Abou Yaadh, qui fut le commanditaire de plusieurs actes terroristes et qui avait même participé à la guerre en Afghanistan avec Al Qaida.
Dès lors, et bien que le pays entrât dans une phase de méfiance et de lutte contre le terrorisme tout azimut. En plus des actes de violences qui étaient à redouter, il fallait aussi combattre toutes les pratiques qui étaient de nature à consolider le terrorisme et à contribuer à son financement, a savoir la corruption une pieuvre qui développa ses tentacules dans tous les secteurs et tous les domaines.
Or les actes de terrorisme qui suivirent dont ceux perpétrés dans un hôtel à Sousse en 2015 faisant plusieurs morts et blessés en juillet 2015, ainsi qui avait ciblé des agents de la garde républicaine en novembre de la même année, et qui couta la vie à 13 parmi eux, en plus des20 blessés, n’a fait qu’envenimer la situation et ajouté à la crainte du citoyen Lambda, qui n’arrivait pas à s’en sortir face à une hausse des prix galopante, et une baisse continue du pouvoir d’achat .
Toutefois malgré les efforts des autorités à combattre aussi bien les actes terroristes que la corruption qui sévit de plus en plus, les conflits d’intérêts ne font que se multiplier, et des organisations suspectes continuent à mener leurs action sans aucune inquiétude, telles que la fameuse organisation de Hizb Attahrir à tendance salafiste, qui continue à arborer le drapeau de Daesh sans aucune inquiétude, et qui a fini par obtenir le visa, en 2012 .
En outre certains ancien hauts responsable se sont avérés avoir des relations avec des mouvements terroristes et avoir trempé dans la corruption.
C’est le cas de Najem Gharsalli qui fut un haut magistrat et ministre de l’intérieur de surcroit. Il a pu fuir sans aucune difficulté, puisque la levée de l’immunité à son encontre n’est intervenu qu’après sa fuite on ne sait où.
Par ailleurs, des députés officiellement et nommément impliqués dans des dossiers de corruption, n’ont pas été inquiété jusqu'à présent, alors que le pôle judiciaire avait demandé depuis quelque temps, au président de l’assemblée des représentants du peuple, d’engager la procédure de levée de l’immunité à leur encontre. L’attentat suicide survenu sur l’avenue Habib Bourguiba, s’est déroulé dernièrement, quelques minutes avant que le ministre de l’intérieur, Hichem Fourati ne soit appelé à répondre aux questions des députés, notamment sur la question de la chambre noire qui existerait au sein du ministère de l’intérieur et qui renfermerait des documents compromettants pour certaines parties.
Une coïncidence qui n’est pas gratuite, et abstraction faite de la Kamikaze qui a été utilisée, car l’explosion était commandée à distance, il est nécessaire de connaître le comment et le pourquoi de cet acte , qui est visiblement dans le but de détourner l’opinion de l’essentiel, à savoir la nécessité de connaître les vrais commanditaires, qui présente une menace permanente pour le pays. La Tunisie est un Etat de droit, où beaucoup de lois ne sont ni appliquées ni respectées. Tous les secteurs sont devenus menacés à cause de cette dérive dont la cause essentielles est le non respecte de la loi. Ce qui a favorisé une dérive sécuritaire, face à la violation de la loi dans tous les domaines, la corruption et les abus de toutes sortes y aidant.
La déclaration du président de la République Beji Caid Essebsi à ce propos, alors qu’il était en Allemagne pour participer au G20, n’est pas du tout une boutade défaitiste. « Nous avons cru avoir éradiqué le terrorisme,.. pourvu qu’il n’aura pas raison de nous ». C’est en effet une mise en garde , afin de pouvoir faire la part des choses et faire preuve de vigilance mais aussi de méfiance, car le mal est en nous. Voltaire avait raison de dire : « Mon Dieu gardez-moi de mes ennemis, quant à mes amis je m’en charge » !