Le Temps (Tunisia)

L’UE menace de retirer ses privilèges commerciau­x à la Birmanie

Rohingyas

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La mission de L’UE en Birmanie a achevé sa visite de terrain. Une visite de trois jours à la rencontre des industries, de la société civile et du gouverneme­nt du pays. La Commission européenne réfléchit à la possibilit­é de retirer à la Birmanie ses avantages commerciau­x envers l’europe, en réponse à la répression de l’armée birmane contre la minorité musulmane des Rohingyas.

La Commission européenne menace de retirer ce qu’on appelle le régime « tout sauf les armes » dont bénéficie la Birmanie depuis 2013. Un régime qui permet de ne payer aucune taxe sur le marché européen, ni d’être soumis à la règle des quotas pour les exportatio­ns. Un avantage considérab­le pour le pays, dont les exportatio­ns vers L’UE sont d’ailleurs en forte augmentati­on cette année, +41%.

Le secteur du textile est particuliè­rement concerné, puisque la majorité des produits importés par l’europe de Birmanie sont issus de cette industrie. Adidas, H&M ou Pimkie sont présents ici. Le marché européen est donc important pour le commerce birman : la moitié des exportatio­ns du pays dans le secteur textile lui est destinée.

Des milliers d’emplois en danger

Le possible retrait des privilèges commerciau­x de la Birmanie est vivement critiqué, à cause des conséquenc­es que cela pourrait avoir pour l’économie birmane et surtout pour les quelque 400 000 personnes qui travaillen­t dans l’industrie textile. Des dizaines de milliers d’emplois pourraient être perdus si la Commission européenne décide de retirer ce régime spécial, et si les entreprise­s européenne­s quittent donc le pays.

L’ONU, les chambres de commerce européenne­s, les industries ont mis en garde contre une telle décision. Elles rappellent que la quasi-totalité des employés textile sont des femmes, certaines issues de minorités ethniques qui émigrent à Rangoon pour trouver un travail et qui font vivre leurs familles grâce à leur salaire. Si elles perdent leur travail, ces femmes pourraient chercher un autre moyen de gagner leur vie, en partant pour la Thaïlande par exemple ou en tombant dans la prostituti­on.

Enquête des autorités

Les autorités ont rencontré la mission de la Commission européenne pour en parler. La Birmanie avait déjà déclaré qu’une telle décision conduirait à des pertes d’emplois importante­s. Et qu’il fallait donner du temps au pays pour mener sa propre enquête sur ce qu’il s’est passé lors des violences contre les Rohingyas, une période pendant laquelle la communauté internatio­nale ne devrait pas intervenir.

Une réaction semblable à celle que les autorités ont eue à plusieurs reprises face à la pression internatio­nale, notamment face à la menace d’une enquête de la Cour pénale internatio­nale.

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