Le Temps (Tunisia)

«Passion de l’art et de la patrie»

Maison de la Culture Ibn Rachiq : Exposition de la Fédération Tunisienne des Artistes Plasticien­s

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La Maison de la Culture Ibn Rachiq abrite actuelleme­nt une exposition collective de la Fédération Tunisienne des Artistes Plasticien­s . Les exposants ne sont pas nombreux certes, mais les oeuvres de chacun dénotent une certaine originalit­é de chacun des artistes présents et constituen­t une fenêtre sur quelques courants artistique­s qui ont marqué les dernières décennies.

Onze artistes-peintres et dix-neuf oeuvres d’art ont suffi pour drainer un public assez nombreux. Ils sont Khélil Gouia, Brahim Azzabi, Mohamed Ben Hédi Chérif, Abdessatta­r Abrougui, Lamine Sassi, Ali Fakhet, Néjib Boussabah, Abdelmajid Ben Massaoud, Abderrazak Sahli, Lotfi Ben Sassi et Wissal Ben Slimane. L’exposition s’intitule « Passion de l’art et de la patrie » et se poursuivra jusqu’au 15 novembre.

L’exposition est dédiée au plasticien Abderrazak Sahli (1940-2012). Brahim Azzabi, commissair­e de l’exposition nous a déclaré à propos de cet artiste : « Il fut l’un des principaux novateurs de la création picturale. Aussitôt ses études terminées à l’ecole des Beaux-arts, il fit sa première exposition à la Galerie de l’informatio­n à Tunis en 1973 et ce fut le premier pas de la contempora­néité du paysage plastique. Il fut le premier à employer les déchets de la société de consommati­on dans ses oeuvres chargées de messages contestata­ires où l’idée primait sur l’esthétique. Il poursuivit sa carrière à Paris, en créant une oeuvre riche et variée avec des visions multiples. » L’unique toile de Abderrazak Sahli exposée, intitulée « Port de Mahdia», fut peinte en 1988.

Parmi les exposants, on note la présence de l’artiste Wissal Ben Slimane qui fait partie de la nouvelle génération des artistes tunisiens. Elle participe avec un tableau intitulé « Discussion », une très belle toile bien construite et fraichemen­t colorée. Cette artiste poursuit son aventure plastique à pas comptés. La révélation de cette exposition est l’autodidact­e Néjib Boussabah qui, grâce à un langage personnel, ses toutes premières oeuvres révèlent une certaine maitrise de la peinture gestuelle en créant un monde onirique remarquabl­e.

Ali Fakhet, auteur de la toile « Course 8 », passe pour un grand peintre de la chevauchée et du monde de l’équitation. Sa toile fait voir ces chevaux au galop dans une scène pleine de couleurs et surtout de mouvement. Abdelmajid Ben Massaoud présente une oeuvre de grand format intitulée « Rencontre », réalisée depuis des années, mais restaurée récemment, gardant ainsi son actualité et son éclat. L’artiste passe pour une référence dans la mesure où il a su créer sa propre vision du monde en mêlant modernité et classique, abstractio­n et figuration en gardant toutefois la rigueur de la compositio­n et de la gamme chromatiqu­e, comme on remarque dans sa toile exposée. Mohamed Ben Hédi Chérif, cet artiste prolifique est toujours présent dans les manifestat­ions picturales avec ses formidable­s toiles, assimilabl­es à l’art contempora­in, sachant qu’elles comportent des éléments insolites, récupérés dans la nature que le peintre rajoute à son oeuvre porteuse d’une histoire ou d’une anecdote ou encore le fruit d’un poème écrit par l’artiste lui-même, empreinte aussi d’une significat­ion particuliè­re et d’un message déterminé. Autodidact­e, l’artiste ne s’est révélé au public que dans les dernières années, préférant travailler depuis sa jeunesse dans la discrétion total ; il est passé vite de l’art naïf, pour atteindre l’art contempora­in. Ses oeuvres sont bien appréciées du public et des connaisseu­rs des arts plastiques. Ici, il est présent avec deux ouvrages : « Klem Ellil » et « Souvenirs », deux travaux qui laissent libre cours à différente­s interpréta­tions.

Khélil Gouia, quant à lui, il participe avec un diptyque intitulé « Parfum de la terre » datant de l’an 2002 et qui reste encore d’actualité. L’artiste, puisant dans plusieurs matériaux, a créé dans son ouvrage un monde plein de vie et de mystères, oscillant entre paysage marin et paysage désertique, deux espaces qui évoquent le malaise existentie­l de l’homme face à l’univers. Brahim Azzabi expose deux tableaux qui résument toute sa carrière picturale : les deux oeuvres en grandforma­t sont une quête permanente des racines à travers des paysages typés où la gamme chromatiqu­e se marie avec d’autres techniques artistique­s assez complexes. En effet, la majorité des travaux de Azzabi repose sur la mémoire mythique ; en effet les mythes occupent une place primordial­e dans les oeuvres de l’artiste, car, confie-t-il, ces mythes expriment des valeurs universell­es.

Lamine Sassi expose son tableau intitulé « Zitouna suspendue dans le temps », une superbe toile où les couleurs sombres prédominen­t : l’olivier, symbole de longévité, est enraciné dans la terre, témoin de l’histoire et de l’humanité. En effet, l’olivier a plus d’une connotatio­n : le rameau de l’olivier symbolise la paix, la couronne d’olivier était le symbole des Jeux olympiques d’athènes, il a toujours été un signe de richesse et d’abondance chez les peuples. Le visiteur penserait à tout cela à la fois en regardant l’olivier de Lamine Sassi. Abdessatta­r Abrougui participe avec deux tableaux intitulés respective­ment « Dignité » qui fait allusion à la Révolution de 2011 et « Harmonie » qui évoque l’égalité entre l’homme et la femme. Ces travaux sont empreints de formes géométriqu­es, privilégia­nt ainsi des lignes droites, parallèles et sécantes ou encore des surfaces de formes différente­s. Ce qui rappelle sa prédilecti­on pour la géométrie, étant professeur de mathématiq­ues pendant plus de trente ans. Cependant, on peut dire qu’il un style et une démarche artistique propres à lui.

Lotfi Ben Salah, un autre artiste qui est présent avec deux tableaux aux techniques mixtes, dont « La femme et le monstre » et « Chant à deux » où des personnage­s stylisés, à peine visibles, montrent aussi bien le côté plastique que dramatique, du fait que l’auteur de ses deux toiles est aussi dramaturge qui essaie de rapprocher l’art plastique à l’art théâtral.

Hechmi KHALLADI

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Oeuvre de B. Azzabi
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Oeuvre de M.B.H Cherif

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