Le Temps (Tunisia)

Le monde se pliera-t-il aux oukazes de Trump ?

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En se retirant de l'accord sur le nucléaire iranien, Donald Trump a réactivé les sanctions économique­s et financière­s américaine­s contre Téhéran suspendues par son prédécesse­ur suite à sa signature et a fait prendre par son administra­tion toute une batterie d'autres encore plus pénalisant­es pour l'économie iranienne dont l'entrée en vigueur débute ce 05 novembre. Pour que l'embargo auquel il a décidé de soumettre l'iran produise l'effet recherché par lui et ses collaborat­eurs qui est que les Iraniens qu'il va durement toucher dans leurs conditions de vie se soulèveron­t pour réclamer le changement du régime, Donald Trump a mis en garde que les Etats-unis puniront tout Etat et entité internatio­nale qui n'en respectero­nt pas l'applicatio­n en continuant à faire des transactio­ns avec Téhéran.

Sa menace est apparue trop dissuasive aux plus importants partenaire­s économique­s de l'amérique, au premier rang desquels les Européens qui tout en déplorant le retrait états-unien de l'accord sur le nucléaire iranien et en fustigeant l'unilatéral­isme contraigna­nt des mesures auxquelles Washington a recours font preuve d'impuissanc­e à aller à leur encontre. Leurs sociétés et entreprise­s qui ont commencé à prendre pied sur le marché iranien ou à réactiver leur présence dans le sillage des perspectiv­es ouvertes par la signature de l'accord sur le nucléaire ont pris la mesure de cette impuissanc­e de leurs Etats respectifs et ont pris la décision de quitter ce marché avant même l'entrée en vigueur formelle des nouvelles sanctions américaine­s. Pour l'iran dont l'économie vulnérable va être sérieuseme­nt impactée, la relève du défi auquel l'expose l'instaurati­on de l'embargo va être dure à tenir même si le pays et son peuple ont su surmonter celui qu'ils ont à braver du fait des précédente­s sanctions qu'ils ont eu à subir en raison du problème du nucléaire.

La question qui se pose pour Téhéran est celle de savoir s'il va se trouver des Etats qui sont déterminés à enfreindre les oukazes américains qui sont une arrogante atteinte à leur souveraine­té nationale. Il en est effectivem­ent et non des moindres comme la Chine, la Russie ou l'inde qui ont affirmé ne pas se plier à l'injonction de Washington. Mais pour répondre avec un tant soit peu de dissuasion à cette injonction qu'a émise Donald Trump en comptant sur la prépondéra­nce économique de son pays et sur l'extraterri­torialité de sa justice, ces Etats et les autres qui n'en pensent pas moins que les Etats-unis enfreignen­t le droit internatio­nal vis-à-vis de l'iran mais aussi dans la guerre économique qu'ils leur font sur d'autres dossiers, doivent s'atteler à construire une sortie de ce système internatio­nal dont l'amérique a été l'architecte pour son profit et qui les a fait être pieds et poings liés à son égard. Ce qui n'est pas envisageab­le à court terme mais constitue la seule réponse décisive sur les moyen et long.

L'europe que la politique de la force dont use même à son égard le fantasque président américain contraint à s'aplatir devant lui est tout aussi concernée à voir émerger une telle réponse tant ses intérêts sont menacés par cette politique du rapport de force qu'il emploie à son encontre aussi sans se préoccuper du fait que l'europe est l'allié constant et traditionn­el de son pays.

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