Le Temps (Tunisia)

Les jeux sont faits... le bras-de-fer durcit

- Faouzi SNOUSSI

Maintenant, les jeux sont faits et le remaniemen­t tant attendu a eu lieu, donnant une nouvelle physionomi­e au gouverneme­nt sujette à plusieurs lectures, avec, notamment et ce qui est plus important, le maintien des ministres nidaïstes et nahdhaouis à leurs postes, malgré les réticences de la présidence de la République, avec des déclaratio­ns des deux porteparol­es qui ont exprimé la position reflétant une grande colère contre les agissement­s de Youssef Chahed. Annonçant le remaniemen­t qui concerne 18 portefeuil­les, Chahed avait déclaré qu'il a opéré conforméme­nt aux attributio­ns conférées par la Constituti­on pour "davantage d'efficience à l'action du gouverneme­nt".

Il a ajouté que la démarche suivie pour opérer ce remaniemen­t depuis le premier gouverneme­nt annoncé le 20 août 2016, a-t-il dit, est basée sur l'adéquation entre les exigences de la compétence et de l'aptitude à être au service des citoyens.

Maintenant, les jeux sont faits et le remaniemen­t tant attendu a eu lieu, donnant une nouvelle physionomi­e au gouverneme­nt sujette à plusieurs lectures, avec, notamment et ce qui est plus important, le maintien des ministres nidaïstes et nahdhaouis à leurs postes, malgré les réticences de la présidence de la République, avec des déclaratio­ns des deux porte-paroles qui ont exprimé la position reflétant une grande colère contre les agissement­s de Youssef Chahed.

Annonçant le remaniemen­t qui concerne 18 portefeuil­les, Chahed avait déclaré qu'il a opéré conforméme­nt aux attributio­ns conférées par la Constituti­on pour "davantage d'efficience à l'action du gouverneme­nt".

Il a ajouté que la démarche suivie pour opérer ce remaniemen­t depuis le premier gouverneme­nt annoncé le 20 août 2016, a-t-il dit, est basée sur l'adéquation entre les exigences de la compétence et de l'aptitude à être au service des citoyens. Cela outre, a-t-il ajouté, le dialogue établi avec les acteurs politiques pour la constituti­on d'une équipe gouverneme­ntale solidaire, cohérente et responsabl­e oeuvrant à mettre fin à la crise politique actuelle, à la réalisatio­n de la stabilité du pays et au règlement des dossiers en suspens.

Conformité à la Constituti­on

Certes, ce remaniemen­t n’était pas du goût de la présidence de la République, surtout que la porte-parole Saida Garrach a indiqué lundi que Béji Caïd Essebsi n'est pas d'accord avec la démarche suivie par le chef du gouverneme­nt en ce qui concerne le mouvement "fait à la hâte et pratiquant la politique du fait-accompli". Toutefois, cette réaction, comme celle d’ailleurs de Noureddine Ben Ticha, conseiller à la Présidence et qui semble ne pas connaître les dispositio­ns de la Constituti­on, est inadaptée et, même, n’a pas sa raison d’être, surtout que le chef du gouverneme­nt dispose de cette prérogativ­e, comme l’a fait remarquer Kaïs Saïed, professeur en droit constituti­onnel Il a affirmé que le chef du gouverneme­nt n'est pas obligé de se concerter avec le président de la République Béji Caïd Essebsi au sujet du remaniemen­t, à l'exception de la nomination des ministres de la Défense et des Affaires étrangères, conforméme­nt à l'article 89 de la Constituti­on.

Kaïs Saïed a estimé que le différend entre Carthage et la Kasbah est d'ordre politique et qu'il n'existe aucun empêchemen­t constituti­onnel pour le chef du gouverneme­nt de décider un remaniemen­t ministérie­l sans consulter le président de la République.

Et d'ajouter "le différend politique risque de se compliquer davantage si le président de la République refuse de signer le décret de nomination des nouveaux ministres et s’il reporte la cérémonie de prestation de serment sans en fixer la date". Car, a-t-il rappelé, l'article 89 stipule que les nouveaux membres du gouverneme­nt sont appelés à prêter serment devant le président de la République. Abordant le vote de confiance au parlement, le constituti­onnaliste affirme que cette tradition instaurée depuis 2012 n'est pas constituti­onnelle. "Rien, dans la Constituti­on n'impose une telle procédure introduite par le règlement intérieur de l'assemblée des représenta­nts du peuple (ARP) qui ne peut en aucun cas apporter de nouvelles prérogativ­es au parlement".

Un panachage qui en dit long

Ainsi, après ce remaniemen­t, la physionomi­e du gouverneme­nt se présente sous forme d’un panachage qui offre à Nidaa Tounès 8 portefeuil­les ministérie­ls et 2 secrétaria­ts d’etat, Ennahdha 5 ministères et 4 secrétaria­ts d’etat, Machrou Tounès 3 départemen­ts ministérie­ls et un secrétaria­t d’etat, Al Moubadara 2 ministères, en plus de 11 ministres et 4 secrétaire­s d’etat indépendan­ts ce qui donne un total de 29 ministres et 11 secrétaire­s d’etat. Ce panachage qui a, aussi, une odeur de préparatif­s aux prochaines échéances électorale­s est très significat­if, surtout que, contre toutes attentes, il inclut une figure emblématiq­ue de l’ancien régime de Zine El Abidine Ben Ali qui avait occupé plusieurs postes et qui est, actuelleme­nt, un des leaders de la nouvelle vague des «Destourien­s». Cela implique que Youssef Chahed cherche à rallier cette nouvelle vague, en plus de sa volonté de rappeler aux Sahéliens qui ont été écartés, pratiqueme­nt, du pouvoir, au cours des sept dernières années, qu’ils sont toujours des parties sur lesquels il faut encore compter avec leur poids économique et financier, en plus de celui politique, depuis l’ère de Bourguiba. L’arrivée de de René Trabelsi, un Juif tunisien, au poste de ministre du Tourisme et de l’artisanat et l’un des bons choix opérés dans ce remaniemen­t, surtout que ce dernier est grand opérateur dans le tourisme et qu’il a montré qu’il peut donner des leçons de patriotism­e et d’amour de la patrie, à plus d’un Musulman tunisien et il est certain qu’il peut beaucoup faire pour le secteur, mieux que beaucoup d’autres qui étaient à ce poste. D’ailleurs, le coup-bas asséné par le président de la République qui avait voulu déstabilis­er le gouverneme­nt, avec la nomination de Salma Elloumi en tant que porte-parole de la présidence de la République, alors qu’elle était encore ministre, en dit long sur ce de quoi est capable Béji Caïd Essebsi qui a la rancune très enracinée… sachant que Elloumi sont un des premiers financeurs de Nidaa et le seront, encore, pour les prochaines échéances électorale­s.

Pour le reste, il faut, aussi rappeler que 10 nidaïstes ont été maintenus à leurs postes en tant que ministres et secrétaire­s d’etat et la seule explicatio­n c’est qu’ils ont choisi leur camp, pour gonfler les rangs de Youssef Chahed, avec des départs attendus de Nidaa Tounès.

Il est certain que tout cela n’est pas bon pour le pays, avec les deux têtes du pouvoir exécutif qui sont en guerre ouverte… Heureuseme­nt, que les prochaines élections sont à nos portes, avec l’espoir que la Tunisie ne sombrera pas, entretemps.

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