Quand on n'a que le foot...
Le pays tenu en haleine
Si l'on ne sait toujours pas avec certitude qui a été le premier à dire, quelques décennies plus tôt, que «le foot est l'opium du peuple», cette citation reste toutefois d'actualité. A l'heure où ces lignes sont rédigées, le match tant attendu par les supporters, opposant l'espérance sportive de Tunis à El Ahly d'egypte, n'a pas encore été disputé et l'on ne sait toujours pas qui remportera la finale. Ce que l'on sait toutefois c'est qu'à cette même heure et depuis les premières heures du matin, des milliers de policiers et de militaires sont sur le pied de guerre, dispersés un peu partout dans le stade et ses environs pour veiller au bon déroulement de la partie. Ce que l'on sait aussi c'est que de très nombreuses écoles privées et internationales situées dans les environs et même ailleurs ont fermé leurs portes aujourd'hui, privant ainsi les élèves d'une journée complète d'études. L'ecole internationale britannique de Tunis, pourtant située à la Soukra, a ainsi averti les parents qu'en raison d'un problème de sécurité local, donc tuniso-tunisien, l'établissement sera fermé le vendredi aussi bien pour les élèves que le corps enseignant. Cette décision fait suite, selon l'école, à un avis reçu par l'ambassade Britannique en Tunisie. Il est précisé à la fin du bref communiqué que sauf indication contraire, l'établissement scolaire devrait rouvrir ses portes le lundi. D'autres écoles internationales ont même décidé d'annuler les activités sportives du dimanche, ce qui a eu le don d'affoler encore plus les parents et tous ceux qui ont été mis au courant de cette décision. Alors que la Tunisie panse encore ses plaies de la dernière présumée attaque terroriste de l'avenue Habib Bourguiba, rien de mieux pour semer la panique dans le coeur des citoyens ! Maintenant si ces établissements scolaires sont libres de décider ou non d'ouvrir leurs portes tel ou tel jour, la diffusion d'un pareil communiqué est on ne peut plus préjudiciable pour l'image du pays et l'on ne peut que blâmer le mutisme des autorités tunisiennes et du ministère de l'intérieur dans pareilles situations. L'idéal aurait été de publier un communiqué pour rassurer les citoyens et les résidents non Tunisiens et faire un point sur la situation sécuritaire du pays.
Mais ils ont mieux à faire, non? Le match n'est-il pas plus important? Le foot qui permet d'hypnotiser les foules, d'absorber la colère du peuple et d'orienter son regard loin de la politique et de ses coulisses n'est-il pas finalement la solution miracle des politiciens pour noyer le poisson et gouverner sans trop se tracasser des répercussions de leurs décisions et leur stratégies politiques, pour certaines, catastrophiques pour le pays. Mais tant que le peuple est occupé ailleurs, pourquoi s'en soucier ?