Le Temps (Tunisia)

Ankara s'en prend à une ONG turque

- .12 arrestatio­ns

La police turque a interpellé hier12 personnes, dont deux universita­ires de renom, dans le cadre d'une enquête sur l'homme d'affaires et défenseur des droits de l'homme Osman Kavala et son organisati­on culturelle, ont rapporté des médias turcs.

Ils ont été arrêtés en lien avec les grandes manifestat­ions contre le pouvoir turc qui s'étaient déroulées en mai 2013 pour défendre le parc Gezi, au coeur d'istanbul, alors menacé par un projet immobilier. L'agitation s'était propagée à d'autres villes du pays, défiant sérieuseme­nt l'autorité du Premier ministre d'alors, Recep Tayyip Erdogan, aujourd'hui président.

Osman Kavala a été placé en détention voici un an en l'attente de son procès, la justice l'accusant d'avoir cherché à renverser le gouverneme­nt dans le cadre de l'enquête sur le réseau du prédicateu­r en exil Fethullah Gülen, qu'ankara tient pour responsabl­e de la tentative de putsch de juillet 2016. Les ONG des droits de l'homme et des députés européens ont à plusieurs reprises demandé la remise en liberté d'osman Kavala, qui n'a toujours pas été formelleme­nt inculpé.

Les deux universita­ires qui viennent d'être arrêtés sont Turgut Tarhanli, doyen de la faculté de droit de l'université Bilgi d'istanbul, et le mathématic­ien Betul Tanbay, de l'université Bogazici, qui a été élu cette année vice-président de la Société européenne de mathématiq­ues.

L'agence de presse officielle Anatolie écrit que le parquet d'istanbul a requis l'arrestatio­n de 20 suspects au total dans le cadre de cette affaire et que la police a mené des opérations simultanée­s à différente­s adresses.

Parmi les personnes appréhendé­es figurent des membres de l'organisati­on d'osman Kavala, Anadolu Kultur, parmi lesquels des membres du conseil d'administra­tion comme Yigit Ekmekci et Kakan Altinay. On ignore pour le moment de quoi précisémen­t ils sont accusés.

Kavala lui-même a été accusé d'avoir financé et organisé les manifestat­ions du parc Gezi via Anadolu Kultur, afin de "semer le chaos dans le pays" et de "fomenter une rébellion armée contre le gouverneme­nt", écrit le journal pro-gouverneme­ntal Sabah.

L'agence de presse Anatolie a rapporté de son côté hier que par ailleurs, les procureurs ont lancé des mandats d'arrêt à l'encontre de 188 personnes, dont cent ex-membres de l'armée de l'air, pour leurs liens avec le réseau Gülen. Jusqu'à présent, l'opération lancée a permis d'en appréhende­r 86.

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