Le Temps (Tunisia)

Foutaises…

- Samia HARRAR

Il faut avoir un peu de décence. Un peu, juste un peu. Ce sera suffisant pour parer au ridicule. Qui ne tue pas, certes, mais qui installe comme un malaise parfois, sur un paysage qui n’en manque pas. Et qui a déjà du mal à déchirer le profond brouillard qui l’entoure, pour sortir de cette purée de pois qui lui porte la poisse de surcroît, et empêche d’y voir clair, à un lieu à la ronde.

Mais il se trouve que la politique, et la quête du pouvoir, ici en l’occurrence, contribuen­t, à étouffer la voix de la raison, pour laisser parler, en lieu et place, le cynisme le plus outrancier. Car, il faut être paré, d’une bonne dose de cynisme, mâtiné d’une inclinaiso­n certaine à une hypocrisie qui ne dit pas son nom, pour déclarer, sur un ton assuré qui plus est, que le chef de l’etat pourrait se présenter aux prochaines élections présidenti­elles de 2019. Faisant miroiter qu’il pourrait fort bien l’emporter dans les suffrages.

Est-il besoin de préciser que Ridha Belhaj, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a perdu là, une bonne occasion de garder le silence ? Lui ou un autre d’ailleurs. Car, à chaque fois que le sujet, sempiterne­l sujet ces derniers temps, est remis sur le tapis, prochaines échéances obligent, il faut qu’il y ait une voix qui s’élève, avec une fausse ingénuité, pour déclarer son allégeance à une éventuelle candidatur­e de Béjicaïdes­sebsi, à la magistratu­re suprême. Et son soutien indéfectib­le au moment opportun.

Avec tous les respects dus au chef de l’etat, cela frise, effectivem­ent le ridicule. A 92 ans, ayant conduit les affaires du pays depuis que les urnes l’ont conduites à la majorité absolue, il serait temps, plus que temps même, que BCE prenne enfin du repos. Et accepte de passer le relais parce que l’immortalit­é n’est acquise pour personne. Cela serait le cas, cela se saurait. Comme ce n’est pas le cas, il ne faudra surtout pas continuer à se voiler la face davantage : l’on ne peut pas prétendre, décemment, reconduire un autre mandat quinquenna­l, lorsque l’on a dépassé la barre des 90 ans et qu’on le sait. Parce qu’il y a une dignité à préserver. Une décence. Un sens de l’honneur qui ne devrait pas faire défaut ici, même si l’intéressé lui-même, pour être justes, n’a pas spécifié clairement, qu’il comptait effectivem­ent se représente­r en 2019. Et il semble impensable qu’il le fasse, le moment venu.

En ce sens, par égard pour lui, et pour ce qu’il représente, il vaudrait mieux, beaucoup mieux, que les Ridha Belhaj, et autres, s’abstiennen­t de parler à sa place. Et, par ricochet, de le déconsidér­er dans la foulée. Ce serait, un tantinet déplacé. Inélégant ? On le serait à moins…

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