Le Temps (Tunisia)

Ouverture du premier Festival en ligne de films africains

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«On veut prouver au monde qu’on est capable de voir des films africains comme n’importe quel autre film.» Accessible dans 15 pays d’afrique, mais aussi dans huit pays européens (dont la France), ainsi aux États-unis, au Canada et en Colombie, le premier African Online Film Festival (Oaff) a ouvert -après quelques soucis techniques- depuis vendredi 16 novembre sa plateforme, précédé d'un lancement festif dans une grande salle de cinéma sur les Champs-élysées à Paris. En ligne, 30 films autour du thème de « l’africanité » seront proposés pendant un mois. Parmi les jurés de la compétitio­n officielle figurent la réalisatri­ce kenyane Wanuri Kahiu et l’acteur nigérian Richard Mofe Damijo. Entretien avec le fondateur d’oaff et directeur de Cinewax, Jean Fall, sur les enjeux de cette nouvelle manière de diffuser le cinéma africain.

« On veut prouver au monde qu’on est capable de voir des films africains comme n’importe quel autre film. » Accessible dans 15 pays d’afrique, mais aussi dans huit pays européens (dont la France), ainsi qu’aux États-unis, au Canada et en Colombie, le premier African Online Film Festival (Oaff) a ouvert - après quelques soucis techniques - depuis ce vendredi 16 novembre sa plateforme, précédé d'un lancement festif dans une grande salle de cinéma sur les Champsélys­ées à Paris.

En ligne, 30 films autour du thème de « l’africanité » seront proposés pendant un mois. Parmi les jurés de la compétitio­n officielle figurent la réalisatri­ce kenyane Wanuri Kahiu et l’acteur nigérian Richard Mofe Damijo. Entretien avec le fondateur d’oaff et directeur de Cinewax, Jean Fall, sur les enjeux de cette nouvelle manière de diffuser le cinéma africain.

RFI : L’african Online Film Festival (Aoff), est-ce le premier Festival en ligne de films africains?

Jean Fall : À notreconna­issance, c’est le premier Festival de films africains en ligne et on l’a appelé Online Africain Film Festival. C’est une plateforme de streaming pendant un mois, dans 15 pays africains, du 15 novembre au 15 décembre, pour donner accès à plus de 30 films africains en ligne, pour les gens de ces pays-là. Parmi les longs métrages de la compétitio­n officielle se trouve entre autres Félicité, d’alain Gomis, c’est le film d’un Francoséné­galais et une production franco-belge-libano-allemande… Dans les bonus apparait I Am Not A Witch, de la Zambienne Rungano Nyoni, une coproducti­on franco-britanniqu­e. Quelle est votre définition d’un « film africain » ? La définition d’un film africain, c’est très simple. Normalemen­t, on définit un film par la nationalit­é de son producteur, mais, nous, on va un peu plus loin. Il faut que le réalisateu­r soit d’origine africaine et la production en grande majorité africaine. Ensuite, on va aussi voir l’histoire. Est-ce que cela parle d’une histoire africaine ou non, qui se passe sur le territoire, qui parle de l’histoire ou de la culture africaine ? C’est notre définition d’un film africain.

Quel est le film inédit le plus attendu de votre sélection ?

Il y en a tellement. Un des films que je préfère, c’est Hello Rain, du réalisateu­r nigérian C. J. Fiery. C’est vraiment un film totalement nouveau, d’un point de vue pictural, du son, de l’histoire. C’est une histoire onirique sur le Nigéria, à travers de trois sorcières. On a aussi un film qui s’appelle Djon Africa, de Joao Miller Guerra et Filipa Reis, du Cap Vert. Il parle du retour d’un jeune Portugais d’origine africaine dans son pays pour voir ses origines et essayer de retrouver un de ses parents.

Votre festival réunit Wanuri Kahiu (Rafiki) et Rungano Nyoni, deux réalisatri­ces connues pour leur engagement en faveur d’une émancipati­on des femmes en Afrique. Votre Festival, a-t-il un côté engagé ou politique ?

Le côté politique de notre festival est inhérent à notre action. Ce qu’on veut prouver au monde aujourd’hui, c’est qu’on est capable de voir des films africains comme n’importe quel autre film et d’apprécier la qualité de ces films. Que ces films africains ne soient pas relayé au second plan et qu’ils ont aujourd’hui le potentiel d’être vus par des millions de personnes. C’est pourquoi on a créé un format qui va permettre de toucher beaucoup de gens en ligne et de s’affranchir de la distance et des frontières grâce au Festival.

Dans quel pays attendez-vous le plus de visiteurs ?

Honnêtemen­t, je n’ai aucune idée. Cela sera peut-être les États-unis, peut-être le Sénégal, peut-être la France, la Belgique… On ne sait pas. En tout cas, on espère vraiment que les Africains vont nous suivre et qu’il y ait un vrai engouement autour des films africains là-bas.

Certains films en ligne resteront non visibles en France. En tant qu’organisate­ur d’un festival de films en ligne, rejouez-vous le match du Festival de Cannes contre Netflix ?

Non, pas du tout. Nous, cela fait trois ans que Cinewax existe et cela fait trois ans qu’on fait des séances de cinéma dans des salles de cinéma. On a fait des festivals, des cinéclubs, on a expériment­é les différente­s manières de montrer des films en salle. Et on s’est dit : malheureus­ement, on ne peut pas ramener un million de personnes ou 100 000 personnes dans une salle. Qu’est-ce qui peut nous permettre cela aujourd’hui ? Le digital et d’avoir une plateforme. Donc, on s’est dit, ce format peut nous permettre, pour la première fois, de toucher plein de gens, dans plein de pays différents. Après, on peut dire à toutes ces personnes : regardez, il y a un festival qui est fait par un partenaire dans tel pays, allez voir les films physiqueme­nt dans une salle de cinéma. Donc, pour moi, de faire un festival digital et de faire un festival réel, ce n’est pas incompatib­le.

Cinewax fait la promotion des films africains en France. Avec le Festival en ligne, vous visez 100 000 utilisateu­rs en un mois. Est-ce beaucoup par rapport à la sortie d’un film dans les salles de cinéma ?

Par rapport à la sortie d’un film africain en France, effectivem­ent, c’est déjà bien. La plupart des films font entre 30 000 et 50 000 entrées. Et c’est très compliqué à mener cette sortie pour les distribute­urs. Maintenant, en termes de chiffres en ligne, je pense qu’on est très loin de ce qu’on est capable de faire si le Festival tient dans les prochaines années.

Myfrenchfi­lmfestival, le festival annuel de la promotion de films français en ligne, avec ses 12 millions de films vus (dont 300 000 en Afrique et au Moyenorien­t) en un mois lors de la 8e édition en janvier et février 2018, est-ce un modèle pour vous ?

Oui, c’est un très beau modèle et on s’est vraiment inspirés de leur modèle. Je trouvais cela génial qu’on puisse sortir du carcan un peu cadré « du cinéma français dans la salle de cinéma » et qu’on puisse proposer ces films à des gens qui ne les ont jamais vus… Je sais que sur les 12 millions de films visionnés, il y a eu 6 millions de Chinois qui ont vu des films. Moi, j’adorerais que 6 millions de Chinois voient des films africains. Cela permettrai­t justement le côté politique, de sensibilis­er les gens par la nature des images qu’ils peuvent voir, de découvrir autre chose. En effet, Myfrenchfi­lmfestival est un modèle qu’on peut conserver et qui va fonctionne­r, je l’espère. Le Nigéria, ce sont 180 millions de personnes. 12 millions, ce ne sont même pas dix pour cent du Nigéria. Alors, imaginez ce qu’on fera dans 5 ou 8 ans !

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