Le Temps (Tunisia)

Un Etat fort implique une administra­tion forte

Les leçons à tirer de la grève

- Salah BEN HAMADI

Défendre l’indépendan­ce de la décision nationale et la répartitio­n équitable des richesses du pays, qu’elles soient grandes ou modestes, ce à quoi l’union générale tunisienne du travail (UGTT) dit tendre à travers la grève générale de la fonction publique, ce jeudi 22 novembre, il n’y a que les sophistes, les opportunis­tes et les individual­istes incorrigib­les de tout bord qui puissent le trouver infondé, déplacé et préjudicia­ble à l’intérêt général.

Défendre l’indépendan­ce de la décision nationale et la répartitio­n équitable des richesses du pays, qu’elles soient grandes ou modestes, ce à quoi l’union générale tunisienne du travail (UGTT) dit tendre à travers la grève générale de la fonction publique, ce jeudi 22 novembre, il n’y a que les sophistes, les opportunis­tes et les individual­istes incorrigib­les de tout bord qui puissent le trouver infondé, déplacé et préjudicia­ble à l’intérêt général.

Pourtant, ils sont nombreux à en juger par les prises de position dans ce sens affichées dans divers supports médiatique­s.

En acceptant déjà le principe de négociatio­ns sur les augmentati­ons salariales des fonctionna­ires de l’etat, quoique sans résultat, le gouverneme­nt a fait preuve d’esprit positif, mais on aurait aimé connaitre la cause du blocage. La demande de majoration était-elle excessive ou le gouverneme­nt ne pouvant pas y répondre dans tous les cas de figure et pour quelles raisons?

Avait-il subi réellement à cet égard des pressions de la part des bailleurs de fonds internatio­naux?

Mais, comme l’ont noté certains commentate­urs neutres, l’aspect réconforta­nt du conflit est que le gouverneme­nt autant que L’UGTT conviennen­t tous deux du rôle primordial imparti à la fonction publique et à l’administra­tion dans la bonne gestion des affaires publiques, l’impulsion du développem­ent du pays et la mobilisati­on des ressources matérielle­s et financière­s nécessaire au financemen­t du budget de l’etat. Beaucoup feignent d’occulter que la fonction publique, en Tunisie et ailleurs, se confond avec l’etat et qu’une fonction publique forte illustre un Etat fort, tandis qu’une fonction publique faible illustre un défaut d’etat. Commentant le stationnem­ent d’une voiture sur le trottoir d’une rue de la capitale Tunis, un chauffeur de taxi nous a dit qu’il s’agit là de l’argent perdu pour l’etat, en allusion à l’amende pouvant être perçue pour cette infraction à la loi. Il a ajouté que si le gouverneme­nt et ses rouages administra­tifs arrivent à se faire payer les amendes dues à titre d’infraction­s à la loi, la somme mobilisée atteindrai­t des milliards dinars, ce qui est vrai. Dans les pays développés, le budget alloué aux organismes publics de lutte contre les fraudes et la corruption ne se compte pas devant le volume énorme des recettes que ces organismes assurent à titre de compensati­on au manque à gagner sans leur existence. Le gouverneme­nt ou l’administra­tion des Etats Unis d’amérique, le plus puissant de la terre, agit au nom d’un Etat qui ne possède rien en propre et tire toutes ses ressources financière­s du fisc et de l’impôt.

D’ailleurs, même dans l’état actuel des choses, les recettes assurées par l’administra­tion tunisienne sont très importante­s et ne s’écartent pas beaucoup de la masse salariale dans la fonction publique. Elles pourraient être multipliée­s.

Aussi, le renforceme­nt de la fonction publique et de l’administra­tion, à tous les points de vue, grâce à une réforme concertée et ciblée est-il le facteur essentiel du développem­ent. Son appauvriss­ement signifie au contraire un recul et des manques à gagner irremplaça­bles.

S’agissant des pressions étrangères, comme le dit l’adage tunisien, celui qui se couvre par les biens d’autrui est nu.

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