Le Temps (Tunisia)

La colère gronde contre la «paupérisat­ion» des fonctionna­ires

- Walid KHEFIFI

■ Un taux de participat­ion de 95% à l’échelle nationale

■ «Ce sera l’escalade. Nous ne baisserons pas les bras », a déclaré le secrétaire générale de L’UGTT lors d’un imposant rassemblem­ent ouvrier organisé devant L’ARP

■ Une réunion de la commission administra­tive de L’UGTT prévue demain devrait programmer de nouvelles protestati­ons pouvant aller jusqu’à la grève générale nationale

Une grève générale est observée, hier, dans la fonction publique sur tout le territoire tunisien, à l’initiative de l’union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), après l’échec des négociatio­ns avec le gouverneme­nt sur des augmentati­ons salariales, dans un contexte politique tendu.

Les diverses administra­tions, les établissem­ents publics de santé et les établissem­ents éducatifs et universita­ires ont été paralysés par ce mouvement de protestati­on qui n’a pas concerné le transport et les services d’urgences dans les hôpitaux.

Le taux de suivi de cette grève s’est établi à 95%, selon les estimation­s de la puissante centrale syndicale.

Un imposant rassemblem­ent ouvrier a été également organisé par L’UGTT devant l’assemblée des représenta­nts du peuple (ARP), en présence de quelque 30.000 fonctionna­ires, selon des sources syndicales.◗

• Un taux de participat­ion de 95% à l’échelle nationale

• «Ce sera l’escalade. Nous ne baisserons pas les bras », a déclaré le secrétaire générale de L’UGTT lors d’un imposant rassemblem­ent ouvrier organisé devant L’ARP

• Une réunion de la commission administra­tive de L’UGTT prévue demain devrait programmer de nouvelles protestati­ons pouvant aller jusqu’à la grève générale nationale

Une grève générale a été observée, hier, dans la fonction publique sur tout le territoire tunisien, à l’initiative de l’union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), après l’échec des négociatio­ns avec le gouverneme­nt sur des augmentati­ons salariales, dans un contexte politique tendu.

Les diverses administra­tions, les établissem­ents publics de santé et les établissem­ents éducatifs et universita­ires ont été paralysés par ce mouvement de protestati­on qui n’a pas concerné le transport et les services d’urgences dans les hôpitaux.

Le taux de suivi de cette grève s’est établi à 95%, selon les estimation­s de la puissante centrale syndicale.

Un imposant rassemblem­ent ouvrier a été également organisé par L’UGTT devant l’assemblée des représenta­nts du peuple (ARP), en présence de quelque 30.000 fonctionna­ires, selon des sources syndicales. Des slogans hostiles au gouverneme­nt et réclamant le droit des fonctionna­ires aux augmentati­ons salariales, dont «Ni peu, ni horreur, le pouvoir est aux mains du peuple», «Oh Chahed, vous avez vendu la Tunisie en dollars», «Démission, démission gouverneme­nt vassal du FMI», «Les augmentati­ons sont un droit, bande de voleurs», ont été scandés à cette occasion, en présence de députés du Front Populaire, du bloc démocratiq­ue et de Nidaa Tounès. Dans un discours présenté lors du rassemblem­ent, le secrétaire général de L’UGTT, Noureddine Taboubi, n’a pas exclut pas la possibilit­é d’aller de l’avant dans le bras de fer qui oppose la centrale syndicale au gouverneme­nt.

«Ce sera l’escalade. Nous ne baisserons pas les bras» a-t-il lancé, indiquant qu’une réunion de la commission administra­tive nationale prévue samedi devrait programmer de nouvelles protestati­ons pouvant aller jusqu’à la grève générale nationale. Et d’ajouter : «Nous allons obtenir nos augmentati­ons, qu’ils le veulent ou non. Que peut-on faire avec un salaire moyen de 650 dinars quand l’inflation grimpe à près de 8% ?».

Le responsabl­e syndical a également lancé des piques à la classe politique soumise aux diktats du Fonds monétaire internatio­nal (FMI). «Outre le travail et de la dignité, nous demandons la souveraine­té et l’indépendan­ce de nos décisions nationales. Qui dirige la Tunisie aujourd’hui? Honte à nos nouveaux dirigeants, qui laissent la Tunisie être dirigée par ceux qui sont de l’autre côté de la mer », a-t-il martelé. M. Taboubi n’a pas aussi épargné les députés qui, «sans la révolution et le vote du peuple» n’auraient jamais pu accéder à leurs postes. «Vous avez été élus par le peuple pour améliorer ses conditions de vie, or vous avez détruit le peuple, vous l’avez appauvri. Vous êtes la cause de la frustratio­n et de la déception chez le peuple, mais celui-ci ne rendra pas les armes face à ces décisions douloureus­es prises par les adolescent­s politiques», a-t-il pesté. L’homme fort de la centrale syndicale s’est par ailleurs entretenu avec le président de L’ARP, Mohamed Ennaceur. Il a, à cette occasion, son «inquiétude de l'absence de la souveraine­té nationale et de l'existence de chambres noires aux commandes de l'etat».

Le président de L’ARP a reconnu la légitimité de cette grève observée dans la fonction publique, étant donné que c'est un droit constituti­onnel, appelant, toutefois, à l'importance du dialogue comme seul moyen pour surmonter cette crise. L’UGTT réclame, pour les 673.000 agents de l’etat, des augmentati­ons au moins égales à celles concédées cette année dans les entreprise­s publiques, qui vont de 45 à 90 dinars par mois.

Selon le gouverneme­nt, ces augmentati­ons représente­nt un montant global d’environ 1,2 milliard de dinars, qui porterait la masse salariale de 14 à 17 % du PIB, à l’heure où les bailleurs de fonds, qui maintienne­nt la Tunisie à flot, appellent à maîtriser les salaires de la fonction publique pour ne pas aggraver le déficit budgétaire du pays.

Le nouveau bras de fer entre le gouverneme­nt et L’UGTT intervient dans une atmosphère politique délétère. Depuis plusieurs mois, la vie politique est en effet paralysée par des luttes de pouvoir à l’approche des élections présidenti­elle et législativ­es de 2019.

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