Le Temps (Tunisia)

Les solutions à la crise sociale hors de portée?

Après la grève de la fonction publique

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La grève générale dans le secteur de la fonction publique jeudi n'est pas une grève visant à augmenter les salaires, mais une grève pour préserver la souveraine­té nationale, a affirmé plus d'un dirigeant de l'union générale tunisienne du Travail (UGTT) dans des déclaratio­ns répétées dans les médias.

La grève générale dans le secteur de la fonction publique jeudi n'est pas une grève visant à augmenter les salaires, mais une grève pour préserver la souveraine­té nationale, a affirmé plus d'un dirigeant de l'union générale tunisienne du Travail (UGTT) dans des déclaratio­ns répétées dans les médias.

Le syndicat a accusé le gouverneme­nt Yousouf Chahed d'être un gouverneme­nt dépendant de donateurs internatio­naux, dirigé par le Fonds monétaire internatio­nal (FMI), et incapable de prendre une décision sur le rétablisse­ment du pouvoir d'achat des travailleu­rs, qui avait diminué à la suite de hausses de prix sans précédent en Tunisie et de la dépréciati­on continue du dinar.

Le 24 octobre dernier, la centrale syndicale avait menacé de décréter une grève générale dans le secteur public, mais cette grève n’a pas eu de suite après que le gouverneme­nt et le syndicat se soient mis d'accord sur le montant de l'augmentati­on et les effets de sa mise en oeuvre.

Le ministre des Affaires sociales, Mohammed Trabelsi, a expliqué que l'augmentati­on des salaires dans le secteur public serait déduite des budgets des entreprise­s et ne serait pas directemen­t dépensée par le budget de l'etat, contrairem­ent à l'augmentati­on de la fonction publique qui entraînera l'approbatio­n de dépenses spéciales par le budget.

Cependant, cette augmentati­on contredit la lettre d'intention adressée par le gouverneme­nt tunisien le 14 septembre 2018 à la directrice du Fonds monétaire internatio­nal (FMI) confirmant son engagement à ne pas augmenter les salaires et son intention de contrôler le ratio masse salaire et produit intérieur brut.

Alors que le ministre des Affaires sociales affirme que la porte des négociatio­ns n'a pas été fermée sur la question des augmentati­ons des salaires, L'UGTT insiste sur le fait que le gouverneme­nt a fermé et même bloqué toutes les portes des négociatio­ns et que la

grève générale observée jeudi dont le taux de réussite selon les syndicats a atteint 95% n'est qu'un premier mouvement d'escalade afin de faire bénéficier près de 670 000 fonctionna­ires d’une augmentati­on des salaires.

Le secrétaire général adjoint de l'union générale tunisienne du travail, Mohamed Ali Bougdiri, n'a pas exclu à cet égard que l'instance administra­tive de la centrale, prévue samedi 24 novembre, approuve une grève nationale dans la fonction publique et le secteur public.

En revanche, côté gouverneme­nt, le ministre des affaires sociales a déclaré que celui-ci pourrait verser une augmentati­on des salaires en faveur de la fonction publique au cours de l'année 2019, soulignant également qu'il n'y avait pas d'autre choix que de continuer à négocier avec la centrale syndicale pour parvenir à un accord sur cette augmentati­on.

Mohamed Trabelsi a démenti toute intention du gouverneme­nt d'exclure le secteur de la fonction publique d'une augmentati­on des salaires, soulignant en même temps que l'accord d'augmentati­on "ne peut venir que de la table des négociatio­ns entre les deux parties". La position du gouverneme­nt semble osciller, dans sa lettre d'intention de ne pas

augmenter les salaires, entre son engagement de ne pas augmenter les salaires d'une part, l'augmentati­on des salaires du secteur public et sa volonté de négocier une augmentati­on des salaires des fonctionna­ires d'autre part. Ce qui confère plus d'ambigüité dans le traitement par le gouverneme­nt du dossier sur l'améliorati­on du pouvoir d'achat des fonctionna­ires est le fait que la réunion du Conseil des ministres de mercredi mentionne simplement que "la grève des fonctionna­ires" est un droit constituti­onnel.

Le ministère de l'education, anticipant la grève, a annoncé l'arrêt des cours jeudi dans toutes les institutio­ns éducatives et universita­ires, ce qui a été considéré par la fédération générale de l'enseigneme­nt secondaire de l'union générale du travail tunisien comme une "provocatio­n" par laquelle le gouverneme­nt cherche à violer "ce droit constituti­onnel" des enseignant­s.

Bien que le gouverneme­nt n'ait pas commenté cette mesure préventive, l'assemblée des représenta­nts du peuple a joué les intermédia­ires pour relancer les négociatio­ns avec L'UGTT, soit par le biais de la réunion qui s'est tenue après le rassemblem­ent du Bardo, entre le président de L'ARP, Mohammed Ennaceur, et le secrétaire général du syndicat

Noureddine Taboubi, ou la réunion groupant les blocs parlementa­ires et les membres du Bureau exécutif de la centrale syndicale.

Des députés et des dirigeants de partis politiques ont soutenu le rassemblem­ent syndical en y prenant part, ce qui fait indiquer une exacerbati­on du conflit politique sous couvert de revendicat­ions sociales. La déclaratio­n de Taboubi lors de ce rassemblem­ent a alimenté cette possibilit­é lorsqu'il a déclaré que L'UGTT participer­ait aux prochaines échéances électorale­s.

Le porte-parole officiel du gouverneme­nt, Iyad Dahmani, a déclaré lui que "la perturbati­on a gêné l'action du gouverneme­nt et la Tunisie aurait pu faire mieux si la vie politique était stable", ajoutant que le dialogue social est interrompu par des crises politiques.

Entre les accusation­s de L'UGTT selon lesquelles la gestion des rouages de l'etat est menée dans des "chambres noires" depuis l'étranger et la plainte du gouverneme­nt selon laquelle la fabricatio­n de crises politiques n'a laissé aucune possibilit­é de trouver des solutions pour régler la crise économique et sociale, des milliers de fonctionna­ires restent en attente des suites de la grève

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