Le Temps (Tunisia)

Comment concilier entre les libertés et les mesures de sécurité ?

Loi sur l'état d'urgence

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Le président de la République Béji Caïd Essebsi a présidé hier au palais de Carthage, la réunion du Conseil des ministres consacrée à l'examen de deux projets de loi. Le premier consiste en une initiative présidenti­elle complétant le Code du statut personnel et le deuxième concerne l'organisati­on de l'etat d'urgence.

Le président de la République Béji Caïd Essebsi a présidé hier au palais de Carthage, la réunion du Conseil des ministres consacrée à l'examen de deux projets de loi. Le premier consiste en une initiative présidenti­elle complétant le Code du statut personnel et le deuxième concerne l'organisati­on de l'etat d'urgence.

Les membres du Conseil ont approuvé le premier projet relatif au Code du statut personnel. Il a cependant décidé d'approfondi­r l'examen du projet de loi sur l'état d'urgence, en ce qui concerne, notamment, les garanties et le contrôle judiciaire, avant de le soumettre, à nouveau en conseil des ministres dans les plus proches délais.

En juin 2018, la Commission des libertés individuel­le et de l'égalité (Colibe) dont le chef de l'etat a ordonné la création en 2017 a présenté son rapport sur le développem­ent du Code de statut personnel dans ses dispositio­ns relatives, notamment, à l'égalité successora­le et à la consolidat­ion des libertés individuel­les.

Selon la Constituti­on de 2014, l’initiative des lois est exercée par des propositio­ns de loi émanant de dix députés au moins ou par des projets de loi émanant du Président de la République ou du Chef du Gouverneme­nt.

La nouvelle loi fondamenta­le stipule par ailleurs que le président de la République préside obligatoir­ement le Conseil des ministres dans les domaines de la défense, des relations extérieure­s et de la sécurité nationale relative à la protection de l’etat et du territoire national contre les menaces intérieure­s et extérieure­s.

Concernant l'état d'urgence, il a été instauré et prolongé depuis 2015, suite à l’attaque terroriste contre un bus de la garde présidenti­elle. La dernière prolongati­on a été de 7 mois, de mars à mi-octobre 2018, la plus longue après 2011. Le but étant, selon un communiqué de la présidence de la République publié en mars dernier, d'assurer la sécurité durant les élections municipale­s, le mois de ramadan et la saison touristiqu­e.

Le but recherché derrière ce projet est d'adapter la réglementa­tion sur l'état d'urgence aux dispositio­ns de la Constituti­on de 2014 qui stipule dans son article 65 que les textes relatifs aux libertés et droits de l’homme sont pris sous forme de loi organique.

Intervenan­t hier matin sur les ondes de Shems Fm, la porte-parole de la présidence de la République a expliqué que ce projet de loi vise pour l'essentiel à créer un équilibre au niveau des domaines d'interventi­on des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, à protéger les droits, en conciliant sécurité et libertés et à soumettre les mesures prises par l'exécutif au contrôle judiciaire.

Le projet dispose que l'annonce de l'etat d'urgence doit désormais être faite après consultati­on du conseil de sécurité et sa prolongati­on ne doit pas dépasser trois mois. Un rapport doit être envoyé au parlement avant de prendre la décision de décréter ou de prolonger un l'état d'urgence. Les mesures prises par le ministre de l'intérieur sont soumises au contrôle judiciaire et après informatio­n du procureur de la République, les recours se font devant le Tribunal administra­tif.

Dans son rapport (2017/2018), Amnesty internatio­nal relève que les autorités tunisienne­s ont continué à renouveler l’état d’urgence et l’ont utilisé pour justifier des restrictio­ns arbitraire­s au droit de circuler librement.

"Les autorités ont renouvelé l’état d’urgence dans l’ensemble du pays à cinq reprises dans l’année pour des périodes allant d’un à trois mois".

L'organisati­on avait déploré le recours de la police tunisienne à des arrestatio­ns arbitraire­s et des perquisiti­ons de domicile en l’absence de mandat judiciaire.

En mai 2017, le chef du gouverneme­nt Youssef Chahed a lancé une campagne anticorrup­tion avec l'arrestatio­n et l'assignatio­n à résidence de plusieurs hommes d'affaires et contreband­iers sur la base du décret relatif à l'état d'urgence. Parmi les personnes arrêtées, figure notamment, l'homme d'affaire Chafik Jarraya.

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