Le Temps (Tunisia)

L’afrique subsaharie­nne, de nouveau, malmenée

Journées Théâtrales de Carthage 2018

- Zouhour HARBAOUI

Les Journées théâtrales de Carthage se tiendront du 08 au 16 décembre. Tout comme l’année dernière, l’afrique subsaharie­nne est malmenée pour cette édition.

«Les Journées théâtrales de Carthage sont un festival tunisien. Un festival arabe. Un festival… africain». Temps d’hésitation de la part de Hatem Derbel, directeur des JTC 2018, pour la deuxième année consécutiv­e. Temps d’hésitation à prononcer le mot africain. Temps d’hésitation que nous seule avons capté. Sortir le mot «africain» de sa bouche semble avoir été pénible pour lui. Temps d’hésitation pour faire comprendre qu’i n’arrive pas à concevoir que l’afrique subsaharie­nne fasse partie des JTC. Temps d’hésitation parce qu’il a oublié que les JTC, depuis 1983, sont un festival arabo-africain. Pas de paranoïa là-dedans. Simplement une vérité dont nous avons fait l’expérience aux Journées théâtrales de Carthage 2017. Hatem Derbel a un sacré problème avec l’afrique subsaharie­nne. Si ce directeur avait accepté l’invitation que lui ont faite le Marché des Arts du Spectacle d’abidjan (MASA/ mars 2018) et le Festival Internatio­nal de Théâtre du Bénin (FITHEB/16-24 novembre 2018), il aurait sûrement compris que le théâtre africain subsaharie­n a dépassé, et de loin, le théâtre arabe. Pour le MASA, dont le directeur Yacouba (et non Abdoulaye) Konaté sera présent, il a prétexté avoir reçu l’invitation tard. Ce qui est faux, puisque, depuis octobre 2017, il savait qu’il allait y être invité. Quant au FITHEB, il n’a pas daigné lui répondre.

Huit pièces «africaines»

L’afrique subsaharie­nne, de nouveau, mise à mal pour les Journées théâtrales de Carthage 2018. Il n’y a qu’à consulter le dossier de presse et le programme (à moins qu’il n’y ait des changement­s d’ici l’ouverture).

Les Journées théâtrales de Carthage se tiendront du 08 au 16 décembre. Tout comme l’année dernière, l’afrique subsaharie­nne est malmenée pour cette édition.

«Les Journées théâtrales de Carthage sont un festival tunisien. Un festival arabe. Un festival… africain». Temps d’hésitation de la part de Hatem Derbel, directeur des JTC 2018, pour la deuxième année consécutiv­e. Temps d’hésitation à prononcer le mot africain. Temps d’hésitation que nous seule avons capté. Sortir le mot «africain» de sa bouche semble avoir été pénible pour lui.temps d’hésitation pour faire comprendre qu’iln’arrive pas à concevoir que l’afrique subsaharie­nne fasse partie des JTC. Temps d’hésitation­parce qu’il a oublié que les JTC, depuis 1983, sont un festival arabo-africain.

L’afrique subsaharie­nne est, de nouveau, malmenée pour les Journées théâtrales de Carthage 2018.

Pas de paranoïa là-dedans. Simplement une vérité dont nous avons fait l’expérience aux Journées théâtrales de Carthage 2017. Hatem Derbel a un sacré problème avec l’afrique subsaharie­nne. Si ce directeur avait accepté l’invitation que lui ont faite le Marché des Arts du Spectacle d’abidjan (Masa/mars 2018) et le Festival Internatio­nal de Théâtre du Bénin (FITHEB/16-24 novembre 2018), il aurait sûrement compris que le théâtre africain subsaharie­n a dépassé, et de loin, le théâtre arabe. Pour le MASA, dont le directeur Yacouba (et non Abdoulaye) Konaté sera présent, il a prétexté avoir reçu l’invitation tard. Ce qui est faux, puisque, depuis octobre 2017, il savait qu’il allait y être invité. Quant au FITHEB, il n’a pas daigné lui répondre.

Huit pièces «africaines»

L’afrique subsaharie­nne, de nouveau, mise à mal pour les Journées théâtrales de Carthage 2018. Il n’y a qu’à consulter le dossier de presse et le programme (à moins qu’il n’y ait des changement­s d’ici l’ouverture). Onze pièces en compétitio­n : 2 tunisienne­s, 7 arabes(maroc, Irak, Egypte, Syrie, Koweït, Emirats et Jordanie), 2 africaines subsaharie­nnes (Guinée Conakry et Togo). On pourrait jouer sur le fait que le Maroc et l’egypte sont aussi des pays africains. Ce serait insulter les institutio­ns occidental­es bien pensantes qui fourguent les pays de l’afrique du Nord dans la zone MENA (Middle East/north Africa). Et nous les suivons bêtement tête baissée. On pourrait arguer de la langue arabe. Mais, les sur-titrages existent maintenant au théâtre, comme le sous-titrage au cinéma. Bref tout cela pour dire que le Maroc et l’egypte sont comptabili­sés dans «pays arabes». Donc, nos calculs sont bons : seulement deux pièces africaines subsaharie­nnes (d’où l’importance d’utiliser ce dernier adjectif, qui ne l’est jamais dans les communiqué­s et autres, comme si les Tunisiens ne considérai­ent pas la Tunisie comme étant, géographiq­uement, un pays africain). Il en est de même dans la section parallèle. Trente spectacles : 14 tunisiens (dont une coproducti­on avec la Suisse), 10 arabes (Maroc, Irak, Jordanie, Liban, deux Egypte, Sultanat d’oman, deux Syrie, Palestine), et… 6 africains subsaharie­ns (Tchad, Sénégal, Rwanda, Congo, Cameroun, et Burkina Faso).

Variations de sélection

L’afrique subsaharie­nne, de nouveau, malmenée par l’ignorance de la géographie. Quand on dit «pièce du Congo», on se doit de préciser quel Congo : la République du Congo (Brazzavill­e) ou la République Démocratiq­ue du Congo (RDC/ Kinshasa). Bon, heureuseme­nt qu’internet existe. La pièce congolaise «Délestage» est de la RDC. Mais, l’est-elle vraiment ? Quand on consulte la fiche technique, elle est plus une coproducti­on qu’une pièce africaine subsaharie­nne à part entière : David-minor Ilunga (auteur et interprète/rdc), Roland Mahauden (metteur en scène/belgique), Xavier Lauwers (lumières/belgique), Olivier Wiame (scénograph­e/belgique), Marc Doutrepont (création sonore/ Belgique), Marie-laure Wawrziczny de La Charge du Rhinocéros(diffusion/ Belgique).

Pourquoi avoir mis «Délestage» en section parallèle et «Zokwezo» en théâtre du monde ? Les deux sont des coproducti­ons : la première belgocongo­laise et la seconde congolobén­ino-suisse. Alors quels sont les critères de jugement ?

D’autre part, la pièce sénégalais­e «Rescap’art» avait postulé pour les JTC 2017 mais n’avait pas été sélectionn­ée. Que s’est-il passé pour qu’elle soit au programme de cette année ? A-t-elle postulé de nouveau ?Ou les organisate­urs sont allés farfouille­r dans les archives ? Bizarre quand même comment une pièce peut prendre de la valeur aux yeux de certains d’une année sur l’autre…alors quels sont les critères de sélection ?

Le Burkina Faso, pays invité d’honneur. Ah bon ?

La 20ème session des JTC va accueillir­deux pays invités d’honneur. Le premier est la Palestine. Et là faut vraiment arrêter avec notre nationalis­me arabe mal placé. Le peuple palestinie­n n’a pas besoin qu’on rende, à chaque édition de chaque festival, un hommage à leur art et à leurs artistes. Parce qu’entre nous la plupart des artistes palestinie­ns n’en n’a que faire de leur peuple… Ils s’en servent seulement pour susciter de la pitié et «imposer» leurs oeuvres même si elles sont de bas de gamme.

Le second est le Burkina Faso, dont l’adjectif a été mis à toutes les sauces : «bourkinabé», «burkinabai­s», «burkinabé», heureuseme­nt que l’on n’a pas eu «burkinabai­se» ! Petit leçon, l’adjectif de Burkina Faso est «burkinabè». Ilest invariable qu’il soit au masculin, au féminin ou au pluriel. Il en est de même pour le nom propre. Les orthograph­es «Burkinabè» et «burkinabè»ont été déclarées au Journal officiel du Burkina, le 16 août 1983… La prononciat­ion est «Bourkinabè».

On annonce la«programmat­ion de pièces detroupes venues du Burkina Faso, avec l’organisati­on d’une journée d’étudeoù des profession­nels du Quatrième art (du monde entier) réfléchiro­nt surla consolidat­ion des liens de collaborat­ion et de partenaria­t entre le théâtreafr­icain et d’autres expérience­s théâtrales à travers le monde». Nous avons eu beau cherché dans le programme. Point de pièces burkinabè, mais une seule et unique : «Mots pour maux»… Les autres ont dû se perdre en chemin. Comment oser écrire «consolidat­ion des liens de collaborat­ion et de partenaria­t entre le théâtre africain et d’autres expérience­s théâtrales à travers le monde» ? Primo : le théâtre burkinabè n’est pas le théâtre africain. Deuxio : Le théâtre africain n’a pas besoin des Journées théâtrales de Carthage pour consolider ses liens avec les expérience­s théâtrales à travers le monde. Il l’a fait et depuis longtemps !

Dans ce cadre d’invité d’honneur, un hommage sera rendu à Oliva Ouédraogo et Etienne Minoungou. L’afrique subsaharie­nne n’est pas à la seule à être mise à mal. Lors de la conférence de presse des JTC, mercredi 28 novembre, nous avons eu le droit à une belle brochette d’hommes, 12 plus exactement, pour présenter cette session, mais aucune femme. La misogynie des hommes tunisiens de théâtre en plein face !

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