Le casse-tête de la dette
Quatre remarques méritent d’être formulées. En premier lieu, les dépenses publiques en pourcentage du PIB se sont régulièrement accrues depuis 2011, elles ont presque doublé pour représenter 56 % du PIB.
En second lieu, la principale source du déséquilibre budgétaire est, à première vue, la masse salariale de le la fonction publique. Cependant, les déficits dans les autres secteurs sont simplement masqués par les transferts entre administrations.
En troisième lieu, eu égard à la part, plus que considérable, consacrée aux salaires des agents de la fonction publique (16,5 milliards de dinars) et à celle allouée au service de la dette (9 307 millions de dinars, soit 22,5% du budget), la part du budget qui sera affectée aux dépenses d’investissement n’est que de 6 milliards de dinars (5,1% du PIB). Trop peu compte-tenu des défis que doit relever le gouvernement, notamment dans les domaines de l’éducation et de la santé et pour réduire la faille qui sépare le littoral des régions de l’intérieur en matière d’infrastructure de base. En quatrième lieu, le poids de la dette ne cesse de gonfler. Pour qu’elle soit possible et efficace, une politique de relance d’inspiration keynésienne (par l’offre et/ou par la demande), suppose que l’etat dispose d’assez de marges de manoeuvres. Or ce n’est pas du tout le cas. Parce que la Tunisie n’a cessé depuis sept ans d’enchainer les déficits budgétaires (à un niveau élevé). Ce qui s’est traduit par une hausse de la dette publique. Or, il n’est un secret pour personne que l'endettement crée un effet boule de neige. L'état en situation d'endettement peut être contraint d'emprunter davantage pour faire face à de nouvelles charges. Dans ce cas la dette creuse la dette : plus la dette augmente, plus les charges d'intérêt de la dette augmentent et donc plus le déficit est important. C’est un cercle vicieux qui se crée et qui prive le gouvernement de marges de manoeuvre. Comme indiqué plus haut, dans le projet de loi de finances 2019, l’etat consacrera la somme de 9 307 millions de dinars au remboursement du principal et des intérêts de la dette (contre 7 841 millions de dinars en 2018), et empruntera la somme de 10 142 millions de dinars.
Signalons dans ce cadre que nombre d’études convergent pour pointer qu’un niveau élevé d’endettement public peut nuire à la croissance à long terme par le biais d’une augmentation des taux longs qui évince l’investissement privé. De plus, un deuxième effet d’éviction apparaît du fait de la préemption par l’etat des ressources d’épargne disponibles au détriment du financement du secteur privé, créateur de richesses, donc d’emplois. Il suffit de jeter un coup d’oeil aux bilans des banques tunisiennes pour se rendre compte que ces derniers sont truffés de bons de trésor émis par l’etat.