Conclusion
Pour conclure ce survol des principales mesures contenues dans le projet de loi de finances 2019, nous souhaitons formuler deux remarques qui nous paraissent importantes.
Primo, la période qui s’ouvre, avec ses aléas et ses incertitudes, appelle une réorientation en profondeur de la stratégie de la Tunisie en matière de finances publiques. Il s’agit de conduire des politiques budgétaires qui contribuent à stabiliser la conjoncture économique et à contenir le niveau de la dette publique dans des proportions raisonnables afin de préserver les intérêts des générations futures. Un tel effort d’assainissement nécessite des excédents du solde primaire des administrations publiques. Sachant qu’une augmentation du taux d’intérêt effectif de la dette engendrerait à long terme des coûts budgétaires supplémentaires difficilement supportables dans un contexte de tensions économiques et sociales.
C’est la raison pour laquelle le budget de l’etat doit s’inscrire dans un cadre plus large. Il doit être la déclinaison des grands axes de la politique macroéconomique. Il faut se détacher du court terme et reprendre la longue vue.
Secundo, aujourd’hui, la relance de l’économie, et demain, la mise en place de réformes structurelles, nécessitent un minimum de consensus politique.
Les politiques de relance macroéconomique peuvent être envisagées comme des politiques d’accompagnement nécessaires à amortir l’impact de la crise sur l’économie réelle, à en contenir les effets, et également à dégager des voies de relance. Encore faut-il que la crise soit conjoncturelle et non structurelle. Parce que dans ce cas-là, ce sont des réformes structurelles d’envergure qu’il faut mettre en oeuvre pour espérer relancer l’économie.
Assainir les finances publiques, réformer le marché du travail, améliorer le capital humain, un indicateur crucial pour les entreprises dans leurs décisions d’investir à l’étranger, miser sur l’innovation pour améliorer la compétitivité des entreprises et leur montée en gamme, réformer les caisses sociales et les entreprises publiques, etc., sont des actions de salut public. Or ces réformes d’ampleur, que le pays a tardé à mettre en oeuvre, nécessitent un minimum de consensus politique, chose qui, malheureusement, fait défaut pour le moment.
Voici un bref extrait de la note publiée, en octobre 2018, par la banque ING Belgique, intitulée « Portugal, l’économie reprend clairement des couleurs, mais des réformes seront encore nécessaires ». Etant rappelé que, l’exemple du redressement de l’économie de ce pays, en grande difficulté, il y a à peine trois ans, est cité partout en exemple.
« La crise et le plan de sauvetage qui en a découlé ont forcé le Portugal à entreprendre des réformes et à réduire ses dépenses. L’économie et les finances publiques sont par conséquent plus saines à l’heure actuelle. Et, détail important, toutes ces mesures ont pu bénéficier d’un soutien politique unanime.»