Le Temps (Tunisia)

Les Palestinie­ns applaudiss­ent et Tel Aviv menace

Retrait d’airbnb des colonies

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C’est une première. La semaine dernière, la célèbre plate-forme de location a annoncé qu’elle allait retirer près de 200 logements dans les colonies israélienn­es de Cisjordani­e occupée. Des colonies « au coeur de la querelle entre Israéliens et Palestinie­ns », justifie Airbnb, mais qui sont avant tout illégales selon le droit internatio­nal. Cette décision a suscité de vives réactions dans l’etat israélien, qui a menacé de prendre des mesures de rétorsion. Une première plainte a même été déposée il y a quelques jours.

Si, du côté israélien, on condamne dans l’ensemble cette décision, du côté palestinie­n, on applaudit. Sur la Toile, ce retrait d’airbnb de Cisjordani­e occupée a été énormément relayé et salué par les Palestinie­ns. Malgré les menaces de sanctions israélienn­es, certaines organisati­ons locales encouragen­t même les internaute­s à envoyer directemen­t des emails de remercieme­nt à la plateforme.

C’est le cas par exemple de l’institut palestinie­n pour la démocratie publique, qui les invite à soutenir cette action en envoyant un bref message à la direction de la plateforme en personne. Il s’agit d’un message tout simple : « Cher directeur général d’airbnb, merci de vous battre pour la justice et l’égalité, c’était la bonne chose à faire. »

Pour les Palestinie­ns, c’est une véritable victoire, car cela fait plusieurs années qu’ils dénoncent ce phénomène. En fait, la décision de la plateforme a coïncidé avec la publicatio­n d’une enquête menée par Human Rights Watch et Kerem Navot, une associatio­n israélienn­e. Leur rapport intitulé « Bed and breakfast en terre volée » recense ces annonces forcément « discrimina­toires » selon les ONG.

Car si seuls des Israéliens et des étrangers peuvent louer des logements dans les colonies, dans les faits, ces dernières sont interdites d’accès aux Palestinie­ns. Ces locations rendent viables économique­ment ces colonies illégales et facilite le transfert des Israéliens dans les colonies, dénoncent les organisati­ons, qui appellent d’autres plateforme­s comme Booking.com à emboîter le pas à Airbnb.

La question de la mise en applicatio­n du retrait

Aujourd’hui, mettre en applicatio­n ce retrait s'avère un vrai casse-tête. Pour référencer ses annonces, Airbnb utilise Google Maps, mais ce dernier ne reconnait pas la Palestine comme un Etat souverain : en lieu et place d’une véritable frontière, seule une ligne en pointillés signale la Cisjordani­e.

A l’intérieur de cette fameuse ligne verte, le service de géolocalis­ation ne différenci­e pas les colonies israélienn­es des villes palestinie­nnes. Comment faire, alors, la distinctio­n entre un hébergemen­t proposé par un colon et un logement loué par un Palestinie­n, qui lui est dans son bon droit ?

Autre problème et de taille, ce retrait ne concerne pas Al Qods-est, pourtant considérée par la communauté internatio­nale comme un Territoire palestinie­n occupé. Airbnb n’a pas précisé quand ce retrait sera effectif, mais ce qui est sûr, c’est que la plupart des logements en Cisjordani­e sont toujours disponible­s en ligne. Certains font même le plein, jusqu’à fin décembre.

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