Le Temps (Tunisia)

Des conséquenc­es tragiques d’un éventuel isolement

Port d’hodeïda

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Alors que des pourparler­s de paix pourraient se tenir dans les prochains jours à Stockholm sous l'égide de L'ONU, la situation à Hodeïda reste critique. Même si un cessez-le-feu est plus ou moins respecté, la ville portuaire est pratiqueme­nt encerclée et coupée du reste du monde. La coalition militaire sous commandeme­nt saoudien, qui encercle le port yéménite d'hodeïda, ne laisse désormais plus qu'une seule route ouverte, qu'elle peut couper en deux heures. Suze Van Meegen travaille à Sanaa pour L'ONG norvégienn­e NRC (Conseil norvégien pour les réfugiés), elle a averti que si cette route cruciale est coupée, « il n'y aurait plus aucun moyen de ravitaille­r les quelque 22 millions de Yéménites qui dépendent de ce qui transite par ce port ». Mardi 27 novembre, L'ONU a indiqué que les opérations commercial­es dans le port d'hodeïda, par où transitent environ 70% des importatio­ns yéménites, avaient été réduites de moitié au cours des deux dernières semaines, en raison d'une reprise des combats pour le contrôle de ce grand port sur la mer Rouge.

Les troupes de la coalition pro-gouverneme­ntale, qui combattent les houthis retranchés dans Hodeïda, « ont entièremen­t encerclé la ville, à l'exception d'une seule route qui monte vers le Nord », a précisé Suze van Meegen au cours d'un point de presse, chargée de protection et de plaidoyer au Conseil Norvégien pour les Réfugiés (NRC), basée à Sanaa et de passage en France.

« Je pense que cette route va être maintenue ouverte jusqu'aux pourparler­s de paix qui pourraient s'ouvrir prochainem­ent à Stockholm », a-t-elle ajouté. « Mais s'ils échouent et que les choses empirent, la coalition saoudo-émiratie pourrait couper cette route en deux heures. Cela rendrait la situation encore bien pire. »

14 millions de personnes menacées par la famine

L'émissaire de L'ONU pour le Yémen, Martin Griffiths, a récemment multiplié les pourparler­s avec toutes les parties au conflit pour les persuader de participer, en Suède à une date qui reste à déterminer, à des discussion­s de paix. « En attendant, les Saoudiens et les Emiratis n'ont aucun intérêt à prendre la ville d'hodeïda », a poursuivi la responsabl­e humanitair­e, basée dans la capitale yéménite depuis plus de 18 mois. « Ils surveillen­t le port, savent tout ce qui y entre. »

Si Hodeïda se trouvait isolée du reste du pays, « aucun autre port ne pourrait le remplacer efficaceme­nt. Et de toute façon, l'aide humanitair­e intégrale n'est pas la solution ; nous ne pouvons pas nourrir 29,3 millions de personnes, toute la population du pays. Il est nécessaire que la majorité des Yéménites soient en mesure d'acheter leur nourriture, et que nous puissions nous occuper de ceux qui sont dans la situation la plus difficile. »

Selon L'ONU, ce conflit, qui a fait depuis 2015 au moins 10 000 morts et selon certaines ONG jusqu'à cinq fois plus, a placé en situation de pré-famine au moins 14 millions de personnes dans le pays, déplacées par les combats.

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