Le Temps (Tunisia)

Défilé des personnali­tés politiques à Matignon

Gilets jaunes-après un weekend mouvementé

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En France, le président des Républicai­ns, Laurent Wauquiez, le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, et la présidente du Rassemblem­ent national, Marine Le Pen, sont parmi les premiers chefs de partis reçus hier par le Premier ministre dans le cadre de la crise des « gilets jaunes ». En France, le Premier ministre Edouard Philippe a reçu toute la journée d’hier les chefs des partis pour tenter de trouver une issue à la crise des gilets jaunes. Emmanuel Macron a chargé son Premier ministre de consulter pour reprendre la main et les doléances de l’opposition s’empilent dans le bureau du chef du gouverneme­nt. Edouard Philippe sert aujourd’hui de « punching-ball » pour les opposition­s, obligé d’entendre les critiques de la droite et de la gauche. Laurent Wauquiez des Républicai­ns demande lui un référendum sur la fiscalité et un moratoire sur les taxes. Pour la droite, Emmanuel Macron doit s’exprimer désormais, rapporte notre envoyé spécial à Matignon, Julien Chavanne.

Motion de censure ?

A sortir de sa rencontre avec Edouard Philippe, Laurent Wauquiez n'a pas exclu de s'associer avec le PS pour une motion de censure contre le gouverneme­nt. « L'inquiétude avec laquelle on peut ressortir de ce rendez-vous, c'est qu'on n'a pas l'impression qu'ils ont pris la mesure de la colère et de l'engrainage de la violence dans le pays. On n'en est plus au débat. On n'en est pas au silence, aux postures. Il aurait fallu le faire il y a 15 jours. Aujourd'hui, il y a besoin de gestes d'apaisement ».

« Je voudrais que le pouvoir comprenne enfin qu'il ne se bat pas pour une réforme améliorant l'emploi, a poursuivi le chef des Républicai­ns. Il est juste en train d'avoir mis le pays dans l'ornière en s'étant acharné à imposer des taxes sur les classes moyennes. S'ils veulent en sortir, cela passe par des mesures concrètes ».

Hier matin, Olivier Faure le chef du Parti socialiste -qui a précédé Wauquiez à Matignonav­ait ouvert le feu en réclamant le rétablisse­ment de l’impôt sur la fortune (ISF) et l’annulation de la hausse de la taxe sur les carburants. « Pour la première fois depuis trois semaines, le gouverneme­nt saisit l'ampleur du mouvement né avec les gilets jaunes mais les réponses restent à apporter, déclarait-il. Il faut un moratoire sur les taxes avant toute nouvelle discussion, c'est le seul moyen de les rendre crédibles. On ne discute pas que fiscalité écologique, mais plus largement sur comment rendre du pouvoir d'achat aux Français ».

«Changer la méthode»: Olivier Faure

« Nous voulons que la méthode change, a ajouté Olivier Faure. Jupiter, c'est fini. Il faut qu'il descende de l'olympe. Il ne peut pas rester comme il est dans le déni et ne pas considérer ce qui se passe dans son propre pays avec des Français qui n'en peuvent plus et demandent seulement à être entendus ».

C'est la maire de Paris, Anne Hidalgo qui a ouvert le bal. Elle a été la première reçue ce lundi 3 novembre au matin par Edouard Philippe à qui elle voulait faire part du bilan des violences et des saccages qui ont eu lieu à Paris samedi 1er décembre et de ses craintes pour samedi prochain, le 8 décembre. D'autres leaders politiques sont aussi prévus sur l'agenda du Premier ministre en début d'après-midi tels que Marine Le Pen (Rassemblem­ent national) ou encore Nicolas Dupont-aignan (Debout la France). Une délégation de La France insoumise (LFI), et non Jean-luc Mélenchon luimême, devrait également se rendre à Matignon, a indiqué le député LFI Alexis Corbière.

Une délégation des gilets jaunes reçue aujourd’hui

Une longue journée donc en perspectiv­e pour Edouard Philippe. La veille, le 2 novembre, le président français Emmanuel Macron avait demandé au Premier ministre de recevoir « les chefs de partis représenté­s au Parlement ainsi que des représenta­nts des manifestan­ts ». Cela lui permet de ramener la crise sur le terrain politique et de mettre notamment face à leurs responsabi­lités les responsabl­es de l'opposition - Les Le Pen, Wauquiez, Mélenchon, qui appellent au référendum ou à la dissolutio­n de l'assemblée.

L'elysée a indiqué la veille que le Premier ministre recevra, outre les chefs de partis, « le collectif des "gilets jaunes" qui a exprimé sa volonté de nouer un dialogue avec le gouverneme­nt ». Une délégation doit être reçue cet l'après-midi a confirmé hier matin Matignon et des mesures annoncées avant le début de la concertati­on.

Le Premier ministre en première ligne

Le Premier ministre était donc en première ligne hier. Emmanuel Macron, lui, n'a strictemen­t rien d'inscrit à son agenda à la date de lundi. Peutêtre une manière de montrer que même s'il n'est pas visible, même si c'est Edouard Philippe qui a la mission de lancer le dialogue, il est totalement concentré sur la gestion de cette crise et ne veut pas brouiller le message.

Plus de sept Français sur dix (72%) soutiennen­t les gilets jaunes, selon un sondage Harris Interactiv­e pour RTL et M6 réalisé après les violences du 1er décembre à Paris et dans d'autres villes de France. Au total, 139 personnes ont par ailleurs été présentées à la justice et 111 gardes à vue prolongées pour les violences de ce weekend dans la capitale française.

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