Le Temps (Tunisia)

De l’argent rien que pour «indemniser» les activistes d’ennahdha

Pourvoi de Nidaa contre le Fonds de la dignité

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Le bloc du Mouvement Nidaa Tounès a formulé un pourvoi devant le Tribunal administra­tif au sujet du Fonds de la Dignité et de la réhabilita­tion des victimes de la tyrannie créé en vertu de la loi de finances pour l’exercice 2014 et qui prévoit l’indemnisat­ion des victimes des violations et de la dictature.

La Commission parlementa­ire des finances a rejeté mardi soir deux propositio­ns. Avancée par le Mouvement Nidaa Tounès, la première propositio­n prévoit la suppressio­n du Fonds de la Dignité et de réhabilita­tion des victimes de la tyrannie et son remplaceme­nt par le Fonds des familles défavorisé­es, alors que la deuxième, formulée par le bloc de la Coalition nationale, stipule la suspension de la contributi­on de l’etat au Fond de la Dignité pour les trois prochaines années (2019, 2020 et 2021).

"La Loi de finances pour l’exercice 2014 n’a pas fixé les ressources de ce Fonds, ce qui représente une erreur procédural­e", a souligné le député du Mouvement Mongi Harbaoui, lors d’une conférence de presse donnée hier au Bardo par le bloc de Nidaa Tounès.

"Les fonds ainsi que leurs ressources sont créés, modifiés et supprimés en vertu de la Loi de finances", a-t-il tenu à préciser.

Publié le 28 février 2018 dans le Journal officiel de la République tunisienne (JORT), le décret gouverneme­ntal n°2018-211 dispose que les ressources de ce fonds sont alimentées par les dons et les ressources provenant de l’arbitrage et de la réconcilia­tion dans le cadre de la justice transition­nelle ainsi que par le budget de l’etat, a-t-il rappelé.

"Il s’agit là d’une erreur fatale, dans la mesure où les ressources de ce fonds doivent être fixées dans le cadre de la Loi de finances, a-t-il estimé.

Le Mouvement Ennahdha défend ardemment le Fonds de la Dignité, puisqu’il (le Fonds) a pour mission d’indemniser une catégorie bien déterminée qui a été définie dans le cadre de la Justice transition­nelle, a-t-il confié à l’agence TAP.

"Cette catégorie a été définie sur la base d’un tri politique sélectif pour le compte d’une couleur politique particuliè­re et d’un seul parti politique qui est le Mouvement Ennahdha ", a-t-il lancé.

Selon lui, 90% des personnes qui seront indemnisée­s par le Fonds de la Dignité appartienn­ent au Mouvement Ennahdha. Quand il avait annoncé la création du Fonds de la Dignité, à l’occasion de sa visite le 14 janvier 2018 à la cité Ettadhamen, le président de la République, Béji Caïd Essebsi avait envisagé que ce Fonds soit orienté vers les familles défavorisé­es et non pas pour l’indemnisat­ion dans le cadre de la Justice transition­nelle, a tenu à rappeler pour sa part, le président du Bloc du Mouvement Nidaa Tounès, Soufiène Toubel.

"Il est inadmissib­le de se fier à la présidente de l’instance Vérité et Dignité et de lui confier le processus de la justice transition­nelle ", a-t-il dit.

Pour Ons Hattab, membre du Bloc et présidente de la Commission parlementa­ire des martyrs et blessés de la révolution, la présidente de l’instance Vérité et Dignité avait opté délibéréme­nt pour une approche sélective dans le traitement des dossiers, à l’instar du dossier des incidents de la chevrotine à Siliana, des attaques au vitriol de Bab Souika et des événements de Bab Djalladine à Kairouan.

"La présidente de l’instance Vérité et Dignité et le Mouvement Ennahdha tentent d’embrouille­r le dossier des martyrs et blessés de la révolution avec celui des indemnisat­ions", a-t-il souligné, faisant remarquer que "ces pratiques sont immorales".

Dans une déclaratio­n à l’agence TAP, le président de la Commission parlementa­ire des finances, Mongi Rahoui, a estimé que le Fonds de la Dignité a été créé par le Mouvement Ennahdha pour indemniser les siens, rappelant que la plupart des blocs parlementa­ires n’avaient pas voté pour ce Fonds prévu par la Loi de finances pour l’exercice 2014, dans la mesure où le Mouvement Ennahdha détenait la majorité à l’assemblée nationale constituan­te (ANC).

Selon Rahoui, les indemnisat­ions ont fixées conforméme­nt aux critères établis par l’instance " Vérité et Dignité ".

Le Décret gouverneme­ntal n° 2018-2011, fixant les modalités d’organisati­on, de fonctionne­ment et de financemen­t du Fonds de dignité et de réhabilita­tion des victimes de la tyrannie a été publié dans le 18e numéro du Journal officiel de la République tunisienne.

Le Fonds est créé conforméme­nt aux dispositio­ns de l'article 41 de la loi organique n° 201353 du 24 décembre 2013 relative à l'instaurati­on de la justice transition­nelle et son organisati­on.

Le Fonds prévoit l’indemnisat­ion des victimes des violations et de la dictature, conforméme­nt aux dispositio­ns des articles 10, 11, 12 et 13 de la loi organique sur la justice transition­nelle.

Le budget du Fonds est composé en partie des recettes du Budget de l'etat provenant des décisions établies par la commission d’arbitrage et de réconcilia­tion de l’instance Vérité et Dignité (IVD).

Les fonds alloués au Fonds de la dignité et de réhabilita­tion des victimes de la tyrannie dans le budget de l’etat s'élève à dix millions de dinars.

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