Dans les méandres de la procédure, la vérité escamotée
Affaires Chokri Belaid et Mohamed Brahmi
Les affaires d’assassinat de Chokri Belaid et Mohamed Brahim, ne font que patauger et les dossiers trainent de tribunal en tribunal et d’un juge d’instruction à un autre. Ce qui est du à la lenteur dans les investigations, selon les affirmations du collectif de défense des intérêts des victimes.
Qu’en est-il au juste ?
Depuis la révélation du collectif de défense des intérêts des victimes en date du 2octobre 2018, sur la fameuse chambre noire au ministère de l’intérieur, ces affaires ont pris une nouvelle tournure. Suite à quoi, le parquet a ordonné l’ouverture d’une enquête, conformément à la procédure pénale en vigueur. Le doyen des juges d’instruction près le pôle judiciaire s’étant dessaisi de l’affaire pour incompétence, le parquet s’est empressé de faire appel de cette décision devant la chambre d’accusation. Cependant , Sofiane Selliti ,porte parole du tribunal de première instance de Tunis, et du pôle judiciaire a déclaré dernièrement que le ministère public n’a reçu aucun document concernant cette affaire et qu’une , une enquête provisoire a été ouverte malgré l’absence de données. « Le comité de défense des martyrs nous reproche la lenteur des investigations alors qu’il n’y pas d’accusés et aucune donnée nous a été présentée. Toutefois, il existe des procédures légales que nous devons respecter et le juge d’instruction ne couvrira aucune partie en lien avec l’affaire ».
Dans ses déclarations le porte-parole semble plus ou moins sceptique malgré sa détermination à oeuvrer à la connaissance de la vérité en ne négligeant aucun élément tendant à éclairer la justice sur les vrais coupables.
Question de procédure
Le parquet a transféré le dossier à la brigade antiterroriste relevant de la Garde nationale pour audition des plaignants. Cependant, le porte-parole du pôle judiciaire , en déclarant « qu’il n’y a pas d’accusés, ni aucune donnée présentée par les ayants droits » laisse perplexe le collectif de défense des intérêts des victimes, car l’issue de ces deux affaire paraît incertaine, et ce, notamment parce qu’il n’y a pas d’accusés selon lui, alors que les investigations devraient menées pour connaître la vérité sur les dernières révélations du collectif de défense des intérêts des victimes . Or le parquet se trouve bloqué par l’attitude de la chambre d’accusation, et on se retrouve avec des dossiers où « vides d’éléments tangibles en quelque sorte et selon le porte-parole du tribunal de première instance.
La 14ème chambre de la Cour de cassation de Tunis a reporté hier l’examen du deuxième volet de l’affaire relative à l’assassinat du secrétaire général du Parti des patriotes démocrates unifié (PPDU), Chokri Belaid, au 16 janvier 2019, et ce, à la demande du comité de défense de la famille du martyr..
Dans une déclaration donnée aux médis , un des avocats du collectif a fait observer que le comité de défense a réclamé le report de l'audience jusqu'à ce qu'il puisse déposer une requête portant récusation de l’un des juges de cette juridiction.
Pressions et tergiversations Ces flottements du parquet ne concourent aucunement à la connaissance de la vérité, dans ces dossiers dont l’issue semble encore incertaine. Les membres du collectif de défense des intérêts des victimes craignent une pression sur les juges et par là même une entrave à la bonne marche de la justice.
Certes il y a une volonté certaine de parvenir à la connaissance de la vérité de nature à éclairer la justice.
Il appartient au collectif de défense des intérêts des victimes d’oeuvrer à présenter au parquet les éléments importants devant le juge d’instruction qui est dans l’obligation de mener des investigations, à charge et à décharge certes, mais dans le but de la connaissance de la vérité.
Les tergiversations au motif de la procédure ne servant pas les intérêts des justiciables, de quelque côté de la barre qu’ils soient, ni l’intérêt de la justice.
Les pressions, si pression il y a, ne seraient pas de nature à préserver l’indépendance de la Justice. La lenteur des investigations dans ces affaires en dépend.
Evidemment, quand il s’agit de crime politique, les investigations tendant à connaître les vrais coupables sont entravées. Toutefois, plus l’indépendance de la magistrature est préservée, plus on tend vers la connaissance de lé vérité, qui est , tel que l’a affirmé Victor Hugo, comme le soleil, qui est éblouissant lorsqu’on essaye de la regarder fixement.