Le Temps (Tunisia)

L’humour pour exprimer les douleurs

Le clown révolté

- A. N

«La vie, c'est la communicat­ion de proche en proche». Cette citation de l’auteur de l’oeuvre « Les misérables» et créateur du personnage de Jean Valjean, incite à réfléchir sur le but de l’existence de l’être humain, qui sans la communicat­ion, aurait été comme celle du reste des êtres vivants aussi bien parmi la faune que la flore. Communique­r pour l’humain c’est exprimer ses douleurs et ses plaisirs, ses joies et ses malheurs. Les moyens de communicat­ion diffèrent selon la personnali­té de chacun, et ses aptitudes physiques et psychiques, qui sont perçues différemme­nt selon le contexte social, et les mentalités faites de préjugés et d’idées préconçues, et les normes préétablie­s. C’est ce qui a fait dire au philosophe français Jean Paul Sartre : «L’enfer c’est les autres». Les autres ce sont les fanatiques, à l’esprit figé, qui n’ont aucun esprit d’indulgence ou de tolérance. On juge quelqu’un de normal lorsqu’il répond à ces normes préétablie­s, et d’anormal, voire de marginal, sans chercher à le comprendre pour l’aider à remonter la pente et recouvrer son droit à l’existence et à réclamer sa place au soleil comme les autres. Mohamed Ramzi Hamza est de ceux-là. Atteint du syndrome de la Tourette, il est abandonné à son sort. Il n’arrive pas à se faire soigner, et a décidé de s’exprimer, malgré sa maladie par laquelle il rencontre tant d’obstacles surtout au niveau de la parole. C’est en quelque sorte guérir le mal par le mal. C’est un défi, qui comporte plus d’un message. Il a choisi de parler en public, malgré les difficulté­s d’élocution dues à sa maladie, et pour inciter les autres à comprendre exactement en quoi consiste son mal, et dépasser les railleries dont il a été l’objet depuis son jeune âge. Il dénoncera par là même la négligence dont il a été victime, par les responsabl­es notamment au sein du ministère des Affaires sociales. Depuis plusieurs années, il cherche à mettre à profit sa formation avec des diplômes en poche. En vain ! On fait la sourde oreille, et on l’évite à cause de sa maladie. Il expliquera que cette maladie n’est ni une tare ni une faute, de nature à l’empêcher de travailler afin de mieux se prendre en main, lui même.

Pour toutes ses raisons il se présentera le 8 décembre 2018, à la Cité de la culture à Tunis, en tenue de clown ….révolté et dans tous ses états.

En le regardant parler, on est au bord des larmes… de joie, surtout, pour la déterminat­ion de ce jeune homme à défier et à surmonter les obstacles.

Un Sisyphe heureux mais non résigné, un révolté facétieux qui prend les choses avec courage, pour affronter les obstacles et forcer le destin.

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