Le Temps (Tunisia)

Qui c’est qui sait ?

- Samia HARRAR

Il y a toujours une tête, même si la pyramide est inversée. C’est quoi déjà, une tête de l’exécutif ? C’est une tête qui exécute Et qui n’en pense pas moins ? Et qui n’en pense pas moins.

Il est temps que l’écheveau, aussi touffu soit-il, soit démêlé. Il est temps de lever le voile sur les secrets trop bien gardés, parce que la raison d’etat, ce ne doit pas aller jusqu’à protéger des criminels patentés, en faisant mine de ne pas comprendre que, s’ils ont sévi hier, ils séviront demain aussi, sitôt que l’on aura lâché du lest, par compromis ou par compromiss­ion, à moins qu’ils ne se sentent très vite à leur avantage, au point de décider de tomber leurs masques de leur propre chef. C’est simple pourtant comme un jeu d’enfant : il y a un appareil secret qui a infiltré tous les rouages de l’etat, après en avoir affaibli tous les fondements, dans le sillage de la révolution de 2011. Cet appareil secret serait responsabl­e, notamment,, de l’assassinat de Chokri Belaid et de Mohamed Brahmi. Et autres crimes de lèse-république, ô combien gravissime­s !, qui n’auront pas pour peu, contribué à miner toutes les assises d’un pays, en fragilisan­t les structures pour le livrer, presque clés en main, à ses ennemis. Est-il besoin d’affirmer qu’ils se reconnaîtr­ont ?

Non, nous ne ferons jamais confiance à Ennahdha, et ne prendront pas pour argent comptant, le « mea-culpa » de Mourou. C’est un détail-accessoire mais il dit ce qu’il dit, de la duplicité, et des doubles discours, des dirigeants de ce parti, qui aura beau avoir troqué ses habits d’hier, contre un costard-cravate, censé être un marqueur visible des nouveaux temps, et le signe d’un renouveau dans le sens, il ne peut pas faire illusion. La ficelle est trop grosse comme le sourire trop blanc pour être honnête. Cependant, il ya un hic : si les ennemis de la République se sont sentis forts à un moment donné, c’est parce que leur adversaire était faible. Ou avait des faiblesses qui ont fait qu’il accepte, de marchander avec ces rétrograde­s qui ne pourront jamais nous convaincre qu’ils se sont rangés du côté des Lumières, un deal plutôt glauque, qui n’aura pas pour peu, précipité le pays vers sa pente raide, voire plus si affinités. Le deal, on s’en fout aujourd’hui, parce que, ce que la Tunisie attend, c’est que les aiguilles de l’horloge soient enfin rétablies à l’heure juste. Cela veut dire plus précisémen­t, que Béji Caid Essebssi doit agir en Président responsabl­e et patriote, que son Chef du gouverneme­nt doit être dans les mêmes dispositio­ns ; qu’ils oublient leurs querelles de chapelle, et qu’ils disent enfin au peuple, la vérité. Rien que la vérité. Même un mensonge par omission n’est plus acceptable, et ne sera pas toléré. Celui qui sait doit parler, et celui qui a tu, doit payer. Quant à celui qui a cru, qu’il pouvait, impunément, se jouer du pays, et toujours passer entre les mailles du filet, certain qu’il ne sera pas inquiété parce qu’il aura, au préalable, placé ses pions un peu partout dans les maillages, il peut être certain que le filet se resserre, que ses pions seront traqués jusqu’au dernier, et que la Tunisie de Bourguiba, celle qui refuse l’obscuranti­sme de toutes ses forces, et abhorre la chienlit rétrograde et ignare, qui a choisi un jour, de lui nuire impunément, va payer la facture, et elle sera salée…

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