Le Temps (Tunisia)

La mer fait des dégâts!

Environnem­ent

- Kamel BOUAOUINA

Les maisons de Chatt Meriem à Sousse et celle d'el Kraia à Monastir ont été envahies mardi par des vagues déferlante­s. Les escaliers menant à El Kraia se sont effondrées à Monastir. Un signal de détresse a été lancé à l’endroit par les habitants. "Je n'ai jamais vu des vagues aussi importante­s" indique un habitant. Les choses se sont envenimées rapidement puisque la houle de la mer est passée au-dessus de la barre du mètre. La désolation se lisait sur le visage de certains riverains qui ne savent plus où donner de la tête. Le littoral a payé un lourd tribut à la tempête.

Ce littoral est menacé. Il suffit d’un petit tour le long de ses plages pour s’en persuader. "Tant qu'il y aura des gens qui construise­nt sur la dune bordière, il y aura toujours des dégâts. Croyez-moi, nous ne cessons de sensibilis­er les élus locaux sur cet épineux problème", confie sans ambages notre interlocut­eur. Les spécialist­es tirent à nouveau la sonnette d’alarme. La mer monte, grignote sur le littoral, bien aidée par l’action des hommes. Il y a donc urgence et on doit se préparer... au pire.

Ce phénomène, naturel à l’origine, n’est pas récent. Dr Salem Sahli, secrétaire général de l'associatio­n d'éducation relative à l'environnem­ent, en témoigne. «C’est un milieu naturel fragile, original mais qui est menacé par les actions de l’homme », dit-t-il. Et de préciser : «, il y a un code d’aménagemen­t du territoire et d’urbanisme. Cette réglementa­tion n’est pas toujours respectée notamment, pour le domaine public maritime où on doit interdire de bâtir, mais il y a parfois des dérogation­s. Le danger est présent car si on construit trop près de la mer, on empêche la circulatio­n du sable et on va appauvrir la plage et compte-tenu des changement­s climatique­s, on peut avoir des bâtiments tout près de la mer qui, un jour ou l’autre, vont être détruits par la mer.

100 km menacés par l'érosion maritime

100 km de nos côtes et plages sont menacés par l'érosion maritime. Parmi ces zones, la baie de Monastir qui est située en face d’une zone qui connaît une urbanisati­on accrue avec le développem­ent économique du secteur industriel. Elle est soumise à une évolution permanente induite par des facteurs naturels d’une part et par l’influence des activités anthropiqu­es d’autre part. La dégradatio­n de la frange littorale (lagune de Monastir, Khénis, Ksibet Mediouni, Lamta et Sayada) serait principale­ment en relation avec les fortes accumulati­ons de matières organiques dans un milieu à faible hydrodynam­isme et, comme l'a confirmé Dr Sahli, "Les littoraux sont un patrimoine dont l’existence est menacée par la nature et l’homme. Les multiples risques qui menacent et menaceront dans l’avenir l’espace littoral sont dus, pour la plupart d’entre eux, à la mauvaise gestion de cet espace combien exigu, fragile et mouvant. Le bilan sédimentai­re de la plupart des plages, jadis excédentai­re, accuse aujourd’hui un déficit. Des mesures d’urgence doivent être prises les années à venir pour protéger ce qui reste encore à protéger du littoral. Il est temps de libérer nos plages de ces constructi­ons anarchique­s » souligne le secrétaire général de l’associatio­n de l’éducation relative à l'environnem­ent.

Pour toute défense contre l’érosion, il est donc plus efficace de se tourner vers des ouvrages de souples qui travaillen­t en harmonie avec les dynamiques naturelles en jeu et ont ainsi un moindre impact sur le littoral, plutôt que d’utiliser des ouvrages de défense rigides qui tendent à réprimer ou freiner les processus côtiers. La sauvegarde de nos côtes est urgente, sinon nous risquons de nous priver de nos belles plages

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