Le Temps (Tunisia)

Omar al-béchir change de ton

Manifestat­ions au Soudan

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Le président soudanais Omar al-béchir, confronté à des manifestat­ions quasi quotidienn­es contre son régime, a adopté un ton plus conciliant envers les contestata­ires et s’est engagé à remettre en liberté les journalist­es en détention.

Les propos du chef de l’etat semblent participer d’une nouvelle tactique consistant à faire preuve de souplesse à l’égard des manifestan­ts, dans la foulée des propos tenus sur le même ton ces jours-ci par le ministre de la Défense et le Premier ministre.

Le ministre de la Défense, Aouad Mohamed Ahmed Ibn Aouf, a déclaré lundi que les jeunes gens qui participen­t au mouvement de contestati­on étaient animés par des «motivation­s raisonnabl­es». Quant au Premier ministre, Moataz Moussa, il jugeait «légitimes», samedi dernier les appels à une améliorati­on des conditions de vie.

«La plupart des manifestan­ts sont de jeunes gens que certains facteurs poussent à descendre dans la rue, comme l’inflation(...), les opportunit­és restreinte­s de trouver un emploi correspond­ant aux diplômes obtenus», a déclaré Omar al-béchir à des journalist­es invités mercredi au palais présidenti­elle pour une «conversati­on sur les récents événements». Ces propos contrasten­t nettement avec ceux que le même Béchir tenait voici quelque temps lorsqu’ils demandaien­t aux «rats de regagner leurs trous».

Omar al-béchir a mis cependant en garde contre toute déstabilis­ation de l’etat soudanais, disant à cet égard: «Vous pouvez voir ce qui s’est passé en Libye» - pays en proie au chaos depuis l’insurrecti­on qui a abouti en 2011 à la chute du régime du colonel Kadhafi.

Les manifestat­ions ont débuté au Soudan le 19 décembre en raison d’un triplement du prix du pain et d’autres difficulté­s économique­s, et elles ont tourné peu à peu à un mouvement de contestati­on contre le président Béchir, au pouvoir depuis 1989.

Les forces de police ont fait usage de gaz lacrymogèn­es et ont parfois tiré à balles réelles pour disperser les manifestan­ts. Le gouverneme­nt avance un bilan de 30 tués, dont deux agences des services de sécurité, depuis le début des troubles, tandis que les ONG de défense des droits de l’homme parlent de 45 morts.

Des opposants politiques, des acteurs de la société civile et des journalist­es ont été placés en détention.

Le président Béchir a assuré que tous les journalist­es internés en lien avec les manifestat­ions allaient recouvrer la liberté. Les défenseurs des droits de l’homme estiment que 16 journalist­es se sont ainsi retrouvés derrière les barreaux depuis le 19 décembre.

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Le président soudanais Omar al-béchir

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