Le Temps (Tunisia)

Les soins pour les blessés posent problème

Tirs israéliens à balles réelles

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Depuis dix mois désormais, des rassemblem­ents ont lieu au moins chaque semaine dans la bande de Gaza près de la barrière de séparation. Les protestata­ires réclament la levée du blocus imposée à l’enclave palestinie­nne depuis onze ans. Pour l’armée israélienn­e, il s’agit « d’émeutes ». Et, disant défendre son territoire, elle a tiré à balles réelles, faisant près de 250 morts et plus de 6 000 blessés dans les rangs des manifestan­ts.

Partout dans le monde, plus de 6 000 blessés par balle représente­raient un défi sanitaire. Mais à Gaza sous blocus, leur prise en charge est encore plus compliquée. Le système public est saturé. Les organisati­ons non gouverneme­ntales jouent un rôle crucial. Médecins sans frontières (MSF) a ainsi triplé le nombre de ses employés sur place. Mais cela ne suffit pas à écarter tous les risques, estime sa présidente Joanne Liu : « Je trouverai ça extrêmemen­t dramatique, voire tragique... des gens pour lesquels on a apporté des soins et des secours, qu'on a stabilisés en première intention, pour lesquels on voulait justement s'assurer de leur donner les meilleures chances de traitement et de récupérati­on, pourraient finir au final avec une amputation. »

Car MSF craint l’apparition d’ostéomyéli­tes, des infections des os qui pourraient toucher entre 800 et 1 200 patients. Le traitement nécessite un laboratoir­e de microbiolo­gie jusque-là inexistant à Gaza. L’ONG va en ouvrir un dans le courant du mois : « Et on sait aussi par expérience qu’avoir l'identifica­tion de la bactérie qui provoque l'infection est clé, parce qu'on va avoir les antibiotiq­ues qui vont vraiment traiter et non créer des résistance­s.

Des transferts délicats vers l’étranger Mais même avec l’aide des ONG, le système gazaoui ne pourra traiter tous ces patients. Pour MSF, il faut impérative­ment envisager des transferts vers des hôpitaux à l’étranger. Seulement cette démarche se heurte à deux obstacles : il faut obtenir l’autorisati­on d’israël pour faire sortir les blessés de l’enclave palestinie­nne et l’accord de patients parfois réfractair­es à partir seuls pendant plusieurs mois.

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