Le Temps (Tunisia)

La presse se fait l'écho de la brouille Paris-rome

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Au lendemain du rappel de l’ambassadeu­r de France en Italie, la presse transalpin­e se fait largement l’écho de la crise diplomatiq­ue entre Rome et Paris.

« Rupture totale » résume le quotidien La Repubblica affichant en photo en noir et blanc Emmanuel Macron entouré de Luigi Di Maio et Matteo Salvini dans des gestes où ils semblent en venir aux mains… Le quotidien de centre gauche rappelle aussi l’appel à la responsabi­lité lancé par le président italien Sergio Matarella, très préoccupé par cette crise diplomatiq­ue.

Il Foglio, quotidien milanais très anti-gouverneme­nt a choisi un langage fleuri : « Macron rompt les relations diplomatiq­ues, Merde alors ! (en français dans le texte) à ce pays qui en six mois s’est révélé… être un pays de merde ». Mais la presse transalpin­e n’est pas tendre non plus avec le président français… « Macron contre l’italie, mais il oublie ses insultes » titre Il Fatto Quottidian­o plutôt populiste.

« Quasi Amici »

Le très à droite journal La Verita explique que le chef de l’etat français devait « se trouver un ennemi extérieur pour parer les coups » et affiche en gros titre un vengeur : « Macron désespéré déclare la guerre à l’italie ». « Quasi Amici », « presque amis », titre pour sa part avec plus de nuances l’avvenire, le quotidien des évêques italiens.

Enfin le Corriere Della Sera sur son site internet se fait l’écho des inquiétude­s de la diplomatie italienne… elle est « submergée ». La Farnesina, le ministère des Affaires étrangères, écrit le premier quotidien du pays qui a été incapable d’endiguer une crise qui couvait et qui est rugueuse et qui a des relents électoraux.

Des Européens inquiets et étonnés

Les milieux européens sont stupéfaits par le degré d’allégresse du piétinemen­t par les Italiens des convention­s les plus élémentair­es en matière de relations internatio­nales avec cette circonstan­ce aggravante que cette mauvaise querelle met aux prises deux Etats membres fondateurs en 1952 de ce qui est aujourd’hui l’union européenne (UE).

Ainsi, la crise migratoire, expliquée par Rome comme étant la conséquenc­e d’une supposée politique postcoloni­ale de la part de la France en Afrique, avait déjà surpris ici. Mais la venue non annoncée en France d’un vice-premier ministre italien, en l’occurrence Luigi Di Maio, pour encourager directemen­t les « gilets jaunes » à s’opposer au gouverneme­nt français, a provoqué l’incrédulit­é, beaucoup ici croyant initialeme­nt à de la désinforma­tion.

Dans le passé, il est parfois arrivé que de sérieuses tensions surgissent entre pays membres de L’UE, notamment entre le Royaume-uni et l’espagne autour du statut de Gibraltar, ou encore entre l’irlande et le Royaume-uni qui demandait le soutien collectif de L’UE lors de l’invasion argentine de l’archipel des Malouines, soutien que Dublin avait refusé. Mais un tel niveau de provocatio­n n’a jamais encore été atteint, en attendant, ici, les explicatio­ns que pourra fournir le chef du gouverneme­nt italien, Giuseppe Conte, attendu la semaine prochaine au Parlement européen.

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