La vérité est ailleurs
Six ans après l’assassinat de Chokri Belaid, et Mohamed Brahmi, abattus l’un après l’autre à quelques mois d’intervalle, parviendra-t-on à connaitre la vérité sur ces crimes lâches, perpétrés par les ennemis de la démocratie et des libertés ? Chokri Belaid avait en effet mis en garde contre ceux-là mêmes qui l’avaient dans le collimateur ainsi que tous ceux qui dénonçaient la tendance à l’extrémisme et à l’obscurantisme, laquelle alla crescendo depuis la révolution, avec la constitution de certaines associations suspectes, à obédiences extrémistes, déguisées sous des appellations sournoises et trompeuses. Ce fut le cas des « Ligues de protection de la Révolution », qui n’avaient de protecteur que le nom. Celui-ci était plutôt un anonyme, ces ligues s’étant avérées être impliquées dans des actes de violences graves, ayant favorisé la montée du terrorisme. En 2014, elles ont enfin été dissoutes par jugement définitif du tribunal. Chokri Belaid avait également mis en garde contre ceux qui voulaient détruire les acquis de la Révolution, et profiter d’une conjoncture de dérive sécuritaire allant crescendo, pour semer le trouble et favoriser leurs intérêts personnels au détriment de celui du pays. A l’époque, on avait minimisé sa mise en en garde qu’il a clamée haut et fort à plusieurs reprises. Une mise en garde prémonitoire. Il avait non seulement suspecté son assassinat, mais dénoncé ses bourreaux, qui voulaient que perdurât le dévoiement de la loi, dans le but de permettre la corruption et les différentes malversations.
Six ans après, la situation est au statu quo, bien que beaucoup d’eau ait coulé sous les ponts depuis. Qui a tué Chokri Beklaid et Mohamed Brahmi ? Une question qui reste toujours posée. Derrière cette question les questions maîtresses, à savoir l’indépendance de la justice et l’éradication de la corruption dans tous les secteurs de l’etat ne sont pas encore résolues. Les organes qui ont été constitués dans ce but dont notamment l’instance nationale de la lutte contre la corruption (INLUCC) ou l’instance de la bonne gouvernance, ne sont pas parvenues, malgré leurs efforts louables à éradiquer le problème de la corruption. Les commerces parallèles et les trafics de tout genre, ont bel et bien contribué à la recrudescence du terrorisme.
Dans le domaine judiciaire, des affaires de corruption trainent encore et de grands trafiquants courent toujours, sans compter ceux qui ont pu fuir le pays sans difficulté, alors qu’ils faisaient l’objet d’avis de recherches.
A titre d’exemple, où en est l’affaire Bouchlaka, qui aurait versé dans un compte inapproprié le don d’un milliard, octroyé lors de son passage au Japon, alors qu’il était ministre des Affaires étrangères. Par ailleurs l’ancien magistrat et ex-ministre de l’intérieur, impliqué dans une affaire de terrorisme, a eu le terrain favorable pour quitter le pays, fort de l’immunité judiciaire dont il bénéficiait , et qui ne lui a été retirée, qu’après sa fuite. Il fait l’objet d’un mandat de recherches, mais il court toujours et officiellement on ne sait pas où il peut se trouver.
Toute cette conjoncture a contribué à occulter la vérité sur les auteurs des crimes odieux de l’assassinat de Chokri Belaid et Mohamed Brahmi. Les auteurs, ne sont pas seulement ceux qui ont tiré sur la gâchette, mais les commanditaires, les donneurs d’ordre.
Le collectif des avocats partie civile dans cette affaire ont euxmêmes fait des investigations, pour arriver à certains éléments important destinés à lever le voile sur les vrais criminels.
L’affaire a failli être classée, n’étaient-ce ces éléments apporté par le collectif de des avocats, par le recoupement avec certaines autres de terrorisme et dont le protagoniste principal est Mustapha Kheder, inculpé dans l’assassinat des deux martyrs et qui a reconnu avoir été chargé d’épier certains militants de la société civile. Il y aurait aussi une organisation secrète d’un parti bien connu, sur laquelle les investigations l’instruction n’a pas été très diligente. Enfin les pièces importantes qui auraient été subtilisées du dossier et qui existeraient dans la fameuse chambre noire du ministère de l’intérieur. Mais les dernières déclarations mettent en évidence son existence, après que le porte-parole du pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme, Sofiene Siliti, a déclaré à une radio de la place, que les documents qui existaient dans ladite chambre , sont actuellement entre les mains de la justice.
Toutefois l’affaire n’avance pas pour autant, car la machine judiciaire est grippée.
Certes , comme tous les crimes politiques, il y a des vérités et des contre-vérités. Cependant il faudrait qu’il y ait une base favorable à la connaissance de la vérité. C’est par une justice indépendante et sereine, en dépit de tous les tiraillements politiques et les querelles qui ne servent en aucun cas l’intérêt du pays., qu’on parviendra à connaître la vraie vérité.