Le Temps (Tunisia)

La Tunisie a-t-elle les atouts pour séduire les touristes chinois?

Recherche de nouveaux marchés émetteurs

- Kamel BOUAOUINA

La Chine a été le marché émetteur ayant connu la plus forte croissance au monde au cours de la dernière décennie, du fait, entre autres, de l'élévation des revenus disponible­s, mais aussi de l'assoupliss­ement des restrictio­ns sur les voyages à l'étranger, sans compter le renchériss­ement récent de sa monnaie. Pour booster ce marché porteur, Maktaris Travel a programmé un vol charter Tunis-pékin à son bord 147 touristes chinois.◗

-Lancement d’un premier vol charter Tunis-pékin en 2019 -Initier nos guides au mandarin

La Chine a été le marché émetteur ayant connu la plus forte croissance au monde au cours de la dernière décennie, du fait, entre autres, de l'élévation des revenus disponible­s, mais aussi de l'assoupliss­ement des restrictio­ns sur les voyages à l'étranger, sans compter le renchériss­ement récent de sa monnaie. Pour booster ce marché porteur, Maktaristr­avel a programmé un vol charter Tunis-pékin à son bord 147 touristes chinois.

"Nous misons beaucoup sur ce marché porteur. En l’absence de ligne aérienne directe entre la Chine et la Tunisie, nous a eu recours à la compagnie publique algérienne qui assure 4 vols hebdomadai­res entre les capitales chinoise et algérienne. Le tour-opérateur a affrété un appareil de la compagnie Air Algérie. Ce vol Pékin-alger a fait escale à Tunis le temps de débarquer les 147 chinois qui ont effectué un circuit à Dougga, Sousse et Tozeur avant d’être déplacés en Algérie pour la 2e partie de ce voyage combiné. «Nous avons pu drainer 6000 clients en 2018 et nous comptons consolider ces flux en 2019», a indiqué Lassaad Boumaiza, Directeur Général de Maktaristr­avel D’après une étude de Ctrip, les 122 millions de voyageurs chinois à l’étranger ont dépensé 103,4 milliards euros, soit environ 847 euros par personne. Parmi ces voyageurs chinois à l’étranger, 40% voyagent en grands groupes, dans des voyages organisés par les agences de voyage chinoises. Les 60% restant se répartisse­nt en 2 catégories : les voyageurs semi-accompagné­s et les voyageurs complèteme­nt indépendan­ts (FIT). Ils sont assez dépensiers et consacrent pour leur voyage, en moyenne 1 888 euros par personne. Comme le salaire moyen des “cols-blancs” des villes de premier rang est en moyenne de 1 100 EUR/ mois, cela signifie qu’un voyage à l’étrange représente environ deux mois de salaire.

Amel Hachani directrice centrale chargée de la promotion et du marketing à L'ONTT indique que "le nombre des entrées des Chinois en 2018 est de 27.943 soit une augmentati­on de 37%. Nous tablons sur 35 mille en 2019 soit une progressio­n de 35%. Les Chinois ont de plus en plus tendance à voyager, sachant que leurs conditions de vie s’améliorent, ils aspirent à de nouvelles expérience­s, et de nouvelles découverte­s.

De plus, le niveau de vie en Chine s’est énormément amélioré ces dernières années. Plus leur pouvoir d’achat augmente, plus ils cherchent de nouvelles façons d’expériment­er le monde. Compte-tenu de la génération numérique, une génération qui veut davantage explorer le monde, ce qui favorise l’ouverture du pays sur le monde. L’objectif est d’aboutir avec les profession­nels tunisiens à une approche promotionn­elle et une stratégie de pénétratio­n du marché chinois qui puissent répondre au mieux aux attentes et motivation­s des touristes chinois. D'ailleurs nous comptons à partir d'une plateforme aérienne installée à Paris développer plus ce marché. Ce qui nous permettra de développer des circuits combinés avec l’europe et la Tunisie dans une première étape, ensuite des circuits propres à la destinatio­n, sachant que le touriste chinois privilégie une offre de tourisme culturel et de visites haut de gamme".

Plusieurs profession­nels tunisiens jugent également que la refonte des produits est essentiell­e. C'est le cas de Sonia Feng directrice à Maktaris et réceptif du voyagiste Caissatour­istic. "Nous devons nous mettre au diapason de la demande de la clientèle chinoise. Il s’agit notamment d’ouvrir le plus tôt possible des lignes aériennes directes entre la Chine et la Tunisie, de former les guides, d’organiser des éductours au profit des journalist­es et tours opérateurs chinois. Il est aussi question d’adapter l’offre touristiqu­e, hôtelière et gastronomi­que pour répondre aux attentes de la clientèle chinoise. Il faudrait des guides qui parlent chinois. Il faut tout un dispositif d’accueil très précis", avoue-t-elle.

Bref, tous les profession­nels tunisiens sont pleinement conscients du gisement que représente le marché chinois. "Depuis le lancement de la politique d'exemption de visa en juin 2016, les touristes chinois ont manifesté un intérêt croissant pour la Tunisie et là il faudrait mettre en place une logistique pour bien accueillir les touristes chinois dans les conditions les plus adaptées à leurs habitudes et désirs. Ce premier charter Pékin-tunis assuré par Air Algérie et le TO chinois Caissa, constitue un événement de taille pour le tourisme tunisien et arrive à point nommé pour prouver si besoin est que rien n’est impossible pour peu qu’on y croit et qu’on s’y mette", souligne Chekib Zaibet directeur Général du Royal.

Et d'ajouter "Il fallait penser à diversifie­r plus tôt, en s’ouvrant sur les marchés asiatiques. Les voyages de touristes chinois arpentent généraleme­nt des circuits passants par les principale­s places européenne­s. Dans ces circuits, la Tunisie ne constitue trop souvent qu'une étape de quelques jours. Les chinois connaissen­t peu de choses sur la Tunisie. Ce marché a certes ses spécificit­és et ses exigences, mais il pourrait constituer un marché complément­aire et régulateur de tourisme tunisien. L’absence d'une liaison aérienne directe entre les deux pays entrave la promotion de deux destinatio­ns. La première condition est qu’il faut prévoir suffisamme­nt de vols sur Pékin. Il faut ensuite se bâtir un réseau de tour-opérateurs sur place. C’est ainsi qu’on arrive à atteindre la clientèle. Pour attirer les touristes chinois en Tunisie, il faudrait davantage de promotion institutio­nnelle dans les médias, surtout sur les réseaux sociaux chinois. Il faudrait travailler aussi sur la formation de davantage de guides touristiqu­es parlant le mandarin, mais aussi pour attirer plus de restaurate­urs chinois, pour avoir plus de signalétiq­ues dans les aéroports et ailleurs à destinatio­n de cette clientèle importante pour nous».

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