Le Temps (Tunisia)

Les victimes remises à leurs bourreaux !

Enfants de «l’école coranique» de Régueb

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Le Temps - La justice nous étonne, parfois, par sa malléabili­té et ses décisions anachroniq­ues, notamment comme dans l’affaire de l’école daéchienne de Régueb où les parents devaient comparaitr­e en tant qu’accusés.

Ce qui est ahurissant, c’est que le juge de la famille a décidé de remettre les enfants-victimes à leurs parents-bourreaux, tout bonnement, faisant-fi du devoir de protéger ces enfants contre les sévices encourus et donnant la possibilit­é à leurs géniteurs indignes de les remettre dans une autre école semblable, comme il en existe beaucoup

Les enfants de «l’école coranique» de Regueb, placés au centre «Amali» d'accueil de l’enfance, à Hammam-lif, devaient être remis à leurs parents, hier, sur décision du juge de la famille au tribunal de première instance de Sidi Bouzid. Il autorise, ainsi autorisant le retour de ces enfants-victimes auprès de leurs géniteurs-bourreaux, pour subir d’autres sévices et être préparés pour les combats jihadistes. Les parents ont été contactés, pour se présenter au centre et récupérer leurs enfants, a annoncé, à l’agence TAP, le gouverneur de Ben Arous, Abdellatif Missaoui.

Durant les quatre dernières années, 248 avis de fermeture d'espaces anarchique­s ont été émis, par la commission régionale de contrôle des espaces pour enfants, à cause du non-respect des critères juridiques et d'encadremen­t pédagogiqu­e.

Parmi eux, 54 établissem­ents ont présenté des demandes de régularisa­tion de leur situation, selon les cahiers des charges en vigueur. Entretemps et après que la question a éclaté au grand jour, on parle d’un projet de loi sur les écoles coraniques (koutab), nouvelleme­nt élaboré par le ministère des Affaires religieuse­s, qui sera prochainem­ent soumis à l’examen en conseil des ministres. C’est ce qu’a indiqué le ministre des Affaires religieuse­s, Ahmed Adhoum, au cours de la plénière de l’assemblée des représenta­nts du peuple (ARP) consacré au dialogue avec le gouverneme­nt sur l'affaire de "l'école coranique de Régueb". Lors de la même séance, le ministre a, également, annoncé la publicatio­n prochaine d’une "charte de l’imam prédicateu­r" comportant 13 points.

Cette charte, a-t-il ajouté, a été élaborée avec la collaborat­ion de toutes les parties intervenan­tes, dont les prédicateu­rs, les directeurs, les syndicats et les organisati­ons.

Pour sa part, le ministre de l'intérieur, Hicham Fourati, avait déclaré que les données disponible­s aux services de son départemen­t et sur la base de recherches préliminai­res sur les associatio­ns coraniques accueillan­t des enfants, montraient que la plupart de ces enfants sont âgés de 10 à 18 ans, dont des élèves suivant des cours le jour et d'autres hébergés dans des établissem­ents non-autorisés.

Fourati a indiqué que ces enfants sont originaire­s de plusieurs gouvernora­ts, pour la plupart ayant quitté les bancs de l'école et n'ayant pas dépassé le cycle du secondaire.

Il a souligné que certains d'entre eux étaient obligés de porter l’habit confession­nel même lors de l'exercice d'activités sportives et que les associatio­ns concernées avaient dévié de leurs activités autorisées en appliquant un programme d'études contraire aux programmes officiels approuvés, en l'absence de permis d’hébergemen­t d’enfants. "Les conditions d'hébergemen­t ne répondent pas aux exigences minimales en matière de santé et de sécurité et ne respectent pas le principe de séparation des groupes d'âge", a-t-il ajouté.

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