Le Temps (Tunisia)

Le triste sort des enfants de Régueb…

- Samia HARRAR

Dans l’ordre naturel des choses, un enfant devrait être avec ses parents, seuls susceptibl­es de le protéger contre les ombres des périls du monde. Mais est-ce qu’il y a toujours un ordre naturel des choses ? Et est-ce que des parents qui ont volontaire­ment abandonné leurs enfants, dans un pseudo centre coranique, qui d’ailleurs ne cultive avec le Coran, qu’un lien plus qu’approximat­if, ont le droit de se réclamer de cette « parentalit­é » plus qu’équivoque, et de reprendre leurs enfants, comme si de rien n’était, suite à une décision, plus qu’inattendu, plus que choquante, d’un procureur, qui ne semble pas avoir mesuré réellement, les risques d’une pareille décision, en acceptant de facto, de remettre des innocents, malmenés plus qu’à leur compte, à des parents ignares et complices, lesquels ne semblent pas du tout disposés, à faire leur mea-culpa ? Ce n’est pas si sûr…

Délit de faciès ? Il n’y a qu’à les regarder, ces fameux pères de famille, parce que de mères, il n’en n’a pas été question du tout, dans cette sordide affaire, comprenant qu’elles n’ont sûrement pas voix au chapitre, pour se rendre compte qu’il y a maldonne. Avec leurs « Kamis » à l’afghane et leurs barbes hirsutes, avec la violence de leurs mots et l’absurdité de leurs dénégation­s, ils ont tout pour eux, comme dirait l’autre, pour inspirer sympathie et respect. De quoi effectivem­ent rassurer, sur le sort, plus qu’improbable, qui attend ces enfants, une fois revenus dans le « giron » familial.

On n’ose même pas l’imaginer ! Suivi ? De quel suivi est-on en train de parler-là, lorsque les portes sont closes et les murs épais ? Est-ce que les actants, au sein du ministère de la famille et de l’enfance, pour ne citer qu’eux, vont s’installer au sein de ces familles pendant une période X, pour s’assurer que tout se passera bien, et que ces enfants ne vont pas être martyrisés une nouvelle fois, sous couvert d’éducation « coranique » ? Que nenni. Ils auront, tout simplement été livrés à ceux-là même, qui ne semblent pas du tout offusqués, par le fait qu’ils aient suivi, au centre « concentrat­ionnaire » de Régueb, violences et abus de toutes sortes, et qui n’hésiteront pas demain, à recommence­r, en les livrant à d’autres bourreaux, à d’autres tortionnai­res, moyennant on ne sait quoi, car pour la foi, ou l’exemplarit­é de la foi, ils pourront repasser…

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