Le Temps (Tunisia)

Pourquoi Valls a défilé avec la droite et l'extrême droite en Espagne

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«Sánchez démission», «Élections, élections!», «La Catalogne c’est l’espagne»: plusieurs dizaines de milliers d’espagnoles et d'espagnols –45.000 selon le gouverneme­nt– étaient réunisdima­nche 10 février à Madrid, autour de la place Colomb. Une manifestat­ion convoquée par la droite, à laquelle des partis d’extrême droite se sont ralliés. Le tout concrétisé par une photo où apparaisse­nt, sur la même ligne et presque côte à côte, Pablo Casado (Parti populaire), Albert Rivera (Ciudadanos) et Santiago Abascal (Vox).

Manuel Valls était lui aussi de la fête, mais a évité de s’afficher avec les membres de l’extrême droite espagnole. «Il y a des gens avec qui je n’ai pas à être», s’est-il justifié auprès de La Sexta. Mais l’ancien Premier ministre a bien défilé dans une manifestat­ion où étaient présentes des militantes et des militants d’extrême droite.

La droite veut faire tomber le gouverneme­nt

À l’origine de la convocatio­n, il y a la volonté du gouverneme­nt socialiste de nommer un «médiateur» auprès des indépendan­tistes catalans. Pedro Sánchez présente son budget 2019 ce mercredi 13 février. Disposant d’une majorité fragile au Parlement, il a besoin du soutien des députées et des députés indépendan­tistes. Qui demandent des contrepart­ies en échange –gestes de clémence envers leurs collègues emprisonné­s, référendum sur l’autodéterm­ination de la Catalogne. Le rôle de ce médiateur est resté assez flou, mais la simple possibilit­é de son existence a mis le feu à la droite. Celle-ci considère que cela revient à céder face aux indépendan­tistes.

«Pedro Sánchez est en train de trahir l'espagne», a réagi le leader du Parti populaire, Pablo Casado, qualifiant le président du gouverneme­nt d’«illégitime», «menteur compulsif», «médiocre», «incapable». Avant de convier les citoyennes et les citoyens à manifester «pour l’unité de l’espagne», avec comme mot d’ordre la demande de nouvelles élections générales. Le tout dans un climat de tension dû à la montée de l’ultradroit­e, l’approche des scrutins –municipal, autonomiqu­e et européen– de mai et le début imminent du procès des indépendan­tistes catalans.

À cet appel à manifester s'est quasi-immédiatem­ent associée la formation libérale Ciudadanos. Quelques minutes plus tard, le parti d'extrême droite Vox annonçait également son ralliement. Dans la foulée, de nombreux autres collectifs d’ultras s'y sont joints. On y trouvait notamment la Phalange espagnole, fondée en 1933 par le fils du dictateur Miguel Primo de Rivera. Ou encore España 2000, dont le logo –une flamme aux couleurs du drapeau espagnol– suffit à expliciter les origines.

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