Ira, ira pas?
Badreddine Dridi a été nominé pour le SICA Guinée. C’est la première fois que la Tunisie est représentée à ce concours continental. C’est super, mais la question est : ira, ira pas ? Et ce à cause d’une question de billets d’avion…
Le jeune artiste tunisien Badreddine Dridi a été nominé pour représenter notre pays à la 13e édition du festival SICA (Stars de l’intégration Culturelle Africaine), dans les sections «Meilleure Musique Moderne d’inspiration Traditionnelle» et «Prix du public». Ce concours se déroulera, cette année, du 22 au 28 avril à Conakry (Guinée).
C’est ou, plutôt ce serait la première fois qu’un artiste tunisien y participe et pourrait lever haut les couleurs de notre pays. Se serait car autant le comité d’organisation prend en charge l’hébergement, la restauration et le transport interne, et ne donne pas de cachet, autant le transport international reste à la charge de l’artiste (comme certains festivals chez nous). Pas évident pour Badreddine Dridi de financer son billet d’avion et ceux des cinq musiciens qui l’accompagnent. Il pourrait introduire une demande auprès du ministère des Affaires culturelles, mais c’est peine perdue d’avance, car dans cette institution il n’y a que les amis d’un tel ou d’une telle qui ont un avantage de ce genre.
Il pourrait faire une requête auprès de Tunis-air, d’autant plus qu’il existe une ligne Tunis-conakry, mais notre compagnie nationale est très loin
d’être généreuse. Auprès de la Royal Air Maroc ? Ce serait une véritable honte ! Faire appel à un sponsor ? On connaît les conditions des sponsors, et ce n’est pas du mécénat… Rappelons que ce concours est une véritable opportunité non seulement pour l’artiste mais également pour la Tunisie. Car, il faut dire ce qu’y est : les Marocains nous ont largement devancés en matière de faire connaître leur musique, aussi bien «continentalement» que mondialement. Nous sommes encore à la traîne, et ce, pour plusieurs raisons.
Musique moderne d’inspiration traditionnelle
Alors que beaucoup d’artistes font dans le «réchauffé» en reprenant d’anciennes chansons tunisiennes, sans chercher à faire des recherches adéquates, Badreddine Dridi, lui, avec l’aide de son batteur Mohamed Khachnaoui, a décidé de faire renaître les origines afro-berbères de la musique tunisienne en les mettant au goût du jour. Soit une réhabilitation du patrimoine musical tunisien dans tous ses genres originaux : stambali, aaroubi, sahraoui, rakrouki, etc. La recherche s’est également faite sur les
styles dits maghrébins comme le raï ou encore le gnawa.
Donc, le travail dans son concert «Aroug» (Racines) cadre bien avec la section «Meilleure Musique Moderne d’inspiration Traditionnelle». L’artiste a choisi la chanson «Mazelt bjoudi» pour concourir, s’il arrive le moyen d’obtenir des billets d’avion. Rappelons que Badreddine Dridi avait obtenu le prix de la meilleure oeuvre musicale tunisienne Journées musicales de Carthage (JMC) 2017 pour «Aroug», qu’il avait été sélectionné pour représenter la Tunisie au Marché des Arts du Spectacle Africain (MASA/CÔTE d’ivoire) 2018, durant lequel il a remporté un grand succès, notamment auprès du groupe venant des Etats-unis. Suite à quoi, les deux groupes ont fait une jam session ensemble dans un des studios d’enregistrement d’abidjan. «Aroug» a connu, également, plusieurs concerts chez nous, notamment au Festival International de Hammamet (août 2018) et sur l’avenue Habib Bourguiba à l’occasion des dernière Journées théâtrales de Carthage.
Dommage qu’en Tunisie, on ne soutient pas ce genre d’artistes…