Entre théorie et pratique, il y a tout un monde!
Djerba s'est mise sur son trente et un pour accueillir ses visiteurs, venus nombreux à l'occasion de la Ghriba. Au lendemain de la cérémonie rituelle, beaucoup ont fait le choix de visiter l'incontournable Houmet Souk avant de plier bagage et de s'envoler vers d'autres cieux ou encore de retourner, pour beaucoup, à Tunis. En cette matinée ensoleillée, nombreux sont ceux qui déambulaient tranquillement dans les allées du souk, découvrant les lieux, admirant les vitrines bien achalandées ou encore négociant les prix de certains bijoux et produits traditionnels. A l'heure du déjeuner, les non jeûneurs se sont réfugiés à l'ombre des rares cafés ouverts en milieu de journée. Parmi eux, deux jeunes femmes qui désiraient se rafraîchir avec une boisson avant de reprendre leur chemin. Mais alors que leur tour est venu pour payer, le caissier leur a affirmé d'un ton confus mais ferme qu'elles ne pourront rien consommer sur place, ni boissons, ni nourriture. Et pourquoi donc ? « S'il vous plaît, ne me mettez pas dans l'embarras. Personnellement, je n'ai aucun problème à vous servir mais je risque de voir les policiers débarquer et fermer mon commerce. Regardez en face, pas plus tard qu'hier ce café a été fermé par les forces de l'ordre. Je ne veux vraiment pas que ça m'arrive ! » Puis, ça a été au tour de son collègue d'ajouter : « Pour ouvrir en journée durant le mois de ramadan et ne pas risquer de voir son café fermé de force, il faut respecter plusieurs règles comme celle de recouvrir la devanture par du papier ou un tissu opaque ou encore refuser de servir les Tunisiens. Devant l'agacement des deux jeunes femmes, mais aussi leur colère, et alors qu'elles lui affirmaient que pas plus tard qu'hier, Youssef Chahed, en visite à Djerba dans le cadre du pèlerinage de la Ghriba, affirmait dans son discours que la Tunisie, tolérante et plurielle, garantissait la liberté de culte et de convictions à tous, l'hommes a répondu : « Mesdames, soyez réalistes ! Entre la théorie et la pratique, il y a tout un monde ! »