Le Temps (Tunisia)

Le jeu trouble de la France en Libye

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Anelise Borges a quitté Tripoli même pour sa banlieue. A Ztarna, elle a notamment rencontré le commandant de la Brigade Yatrib. C'était juste après la rencontre entre Emmanuel Macron et le général Haftar. Alors que les combats ont gagné en intensité aux abords de la capitale libyenne, le président français a demandé à l'homme fort de l'est de la Libye qu'une cessation des hostilités "intervienn­e le plus tôt possible", selon la présidence française. Mais pour Haftar, "les conditions pour un cessez-le-feu ne sont pas réunies". Une chose est sûre, la rencontre a été mal perçue par la Brigade Yatrib qui a combattu pour chasser Daech de Syrte.

"Nous voici dans un hôpital de campagne près de la ligne de front de Ztarna, dans la banlieue de Tripoli. Nous avons été invités à assister à l'iftar, avec les troupes de la brigade Yatrib. Et pendant que nous étions ici, nous avons entendu parler de la rencontre du général Khalifa Haftar avec le président français Emmanuel Macron. J'ai demandé au commandant de la brigade ce que cette réunion signifiait pour les Libyens qui combattent sur la ligne de front. Il a dit que "la France jouait un jeu très dangereux en Libye." Mohamed et ses troupes de Misrata faisaient partie des forces responsabl­es de la victoire dans la bataille de Syrte, le "dernier bastion" du groupe Etat islamique en Libye.

L'ironie, dit-il, c'est que ceux qui ont expulsé le groupe terroriste hors du pays en 2016 sont maintenant appelés terroriste­s:

"Ces hommes disent qu'ils sont ici pour défendre leur pays et son avenir. Ils estiment qu'haftar représente une menace pour la démocratie en chemin et la stabilité de la Libye et que la communauté internatio­nale devrait faire beaucoup plus pour arrêter cette guerre. Une guerre à laquelle ces hommes disent vouloir mettre fin le plus vite possible. Une guerre qu'ils auraient préféré voir ne jamais commencée" conclut Anelise Borges.

L'élysée a annoncé que la diplomatie française serait "très active dans les prochaines semaines" pour essayer de favoriser une solution même si "nous ne sommes pas naïfs" face à "une situation délicate et difficile à décrypter". Elle maintiendr­a pour cela "un dialogue constant" avec L'ONU, l'italie, ancienne puissance coloniale, les autres capitales européenne­s, Washington et les acteurs régionaux, comme l'égypte. Emmanuel Macron avait reçu le 8 mai le chef du GNA Fayez al-sarraj, qui avait accusé la France de soutenir le maréchal Haftar, des critiques jugées "inacceptab­les et infondées" par Paris, mais plutôt répandues dans la région.

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