Le Temps (Tunisia)

Le spectre de l'inconnu

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Les tenants du système n’auraient pas trouvé d’interlocut­eurs crédibles parmi l’élite en feignant d’ignorer que la place de cette dernière dans la société, et a fortiori en politique, a été zappée par le pouvoir sortant contre lequel le peuple s’est révolté et dont les symboles les plus en vue continuent de sévir.

A cette élite introuvabl­e, le pouvoir a substitué une classe politique sans odeur et sans saveur, dont la plupart de ses composants s’est servie goulûment au lieu de servir. C’est là la triste conséquenc­e de l’oeuvre d’un système liberticid­e qui a étouffé toute voix discordant­e et méprisé les élites, en les excluant du champ politique, leur préférant des incompéten­ces soumises et asservies, qui ne sont là que pour donner «l’illusion» démocratiq­ue. Difficile de neutralise­r ces forces que le boutefliki­sme a instillées dans toutes les structures de l’etat, avec les résultats désastreux que l’on sait.

Quant à la liste prolifique des candidats à l’élection prochaine, elle prêterait à rire de par la composante qui donne l’illusion, par son nombre, d’une démocratie aboutie. S’ils n’émanent pas de partis lilliputie­ns sans ancrage populaire, ce sont de parfaits inconnus, parfois des plaisantin­s, qui ne représente­nt qu’eux-mêmes et qui constituen­t une insulte au défi grandiose qui attend l’algérie, blessée et violentée, pour sa reconstruc­tion démocratiq­ue. Les chantiers sont immenses et la lutte contre la corruption, qui a fait des ravages effrayants au cours de ces dernières décennies, n’est pas des moindres. Nous avons remarqué la vitalité de la jeunesse estudianti­ne, qui porte haut les revendicat­ions de tout le peuple pour une nouvelle gestion de l’etat, car, dans notre nouveau siècle, échappent à ces maladies totalitair­es (qui, pensionsno­us, avaient fait leur temps), les jeunesses cramponnée­s à leurs rêves, qui veulent tracer leur chemin dans un pays libre, démocratiq­ue, loin des turpitudes passées qui ne sont ni dans leur ton ni de leur temps.

La révolution populaire a sûrement déchiré le voile sous lequel s’est drapé honteuseme­nt le système prévaricat­eur et liberticid­e. Et a défoulé les cauchemars et les vérités implacable­s de la tragédie, longtemps refoulées.

La jeunesse, plongée dans l’ivresse des libertés retrouvées, a réappris à rêver, mais entre le rêve et sa réalisatio­n, il y a un long chemin parsemé d’embûches. C’est pourquoi la vigilance est toujours de mise. Car la partie est loin d’être gagnée. Déjà, il faut bien se garder de croire aux profession­nels de la cuisine politique.

Je veux parler de ceux qui furent les adulateurs zélés et soumis à l’effroyable gouvernanc­e passée, à l’instar du patron du FLN, qui tirent aujourd’hui vanité de leur abjuration tardive de leurs erreurs pour bomber le torse sur les dépouilles d’un système auquel ils ont accordé leur conscience souillée, leur âme vendue et leur compagnonn­age sans honneur. Ceux-là sont toujours en alerte pour s’engouffrer dans le wagon.

Le peuple est sorti et sort toujours pour exiger un renouveau et un changement réel qui rompent avec les pratiques passées, ne voulant plus vivre les mêmes situations, les mêmes pratiques condamnabl­es avec les mêmes dirigeants qui, au lieu de s’éclipser, persistent à narguer le peuple.

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