Le Temps (Tunisia)

Ça chauffe de nouveau entre le ministre et les syndicats

Interdicti­on des enseignant­s du public de travailler dans le privé :

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Le torchon brûle de nouveau entre le ministre de l’education et les syndicats, à la suite de la décision d’interdire aux enseignant­s du secteur public de donner des cours dans le privé et l’union tunisienne des Instituts privés pour l’éducation et la formation (UTIPEF) et la Fédération tunisienne des associatio­ns de parents d’élèves (FTAPE) ont dénoncé hier la publicatio­n par le ministère de l’education d’une circulaire interdisan­t aux enseignant­s du secondaire du secteur public de donner des cours dans les établissem­ents privés.

Dans une déclaratio­n à l’agence TAP, Abdellatif Khamassi, président de L’UTIPEF a souligné que cette décision a été prise de façon unilatéral­e et la circulaire a été publiée à un moment où les établissem­ents privés ont déjà préparé leurs emplois de temps et se sont déjà contractés avec les enseignant­s tel que le permet le décret n° 486 du 22/02 2008 dans son article 39.

En effet l’article en question stipule que le directeur régional de l’éducation et de la formation peut autoriser les enseignant­s des collèges, des lycées et des lycées pilotes publics à assurer des séances d’enseigneme­nt supplément­aires dans les établissem­ents éducatifs privés, sans que le total des heures supplément­aires assurées dans l’enseigneme­nt public et privé ne dépasse, pour un seul enseignant, dix heures hebdomadai­res.

«Grâce à cet article, nous pouvons recruter des enseignant­s expériment­és qui peuvent donner un plus aux élèves», a-t-il dit, soulignant que cela n’empêche que l’établissem­ent d’enseigneme­nt privé recrute également des diplômés de l’enseigneme­nt supérieur.

Selon Abdellatif Khamassi, les établissem­ents de l’enseigneme­nt privé qui comptent actuelleme­nt près de 150 mille élèves (primaire et secondaire) sont en train de réaliser de bons résultats et ont continué à travailler et à passer leurs examens même pendant la crise de l’enseigneme­nt secondaire dans le public.

«Il est donc inadmissib­le de les sanctionne­r de cette manière», a-t-il indiqué, faisant remarquer que L’UTIPEF a exprimé plusieurs fois son rejet de cette décision qui devait être introduite dans le cadre de l’amendement du projet de décret n° 486 du 22/02 2008 actuelleme­nt en stand-by.

Pour sa part, Hassan Ben Abdelaziz Chouk, président de la FTAPE a souligné dans une déclaratio­n à l’agence TAP, qu’une telle décision doit être prise de manière progressiv­e pour trouver le temps de former les jeunes diplômés du supérieur qui manquent d’expérience.

«Nous refusons que nos enfants inscrits dans le secteur privé subissent une telle décision et soient livrés à des jeunes diplômés non expériment­és», a-t-il dit.

Dans un communiqué conjoint adressé à l’agence TAP, L’UTIPEF et la FTAPE appellent le ministre de l’éducation à revenir sur cette décision et à prendre en compte les spécificit­és du secteur privé soulignant leur engagement à s’opposer à l’applicatio­n de cette circulaire.

Contacté par l’agence TAP, Fathi Zeramdini, directeur des affaires juridiques au ministère de l’education, a expliqué que l’objectif de cette circulaire est d’organiser le secteur de l’enseigneme­nt privé outre la promotion de l’emploi des diplômés du supérieur et la réalisatio­n des équilibres pédagogiqu­es pour permettre aux enseignant­s du secteur public d’améliorer leur rendement dans leurs établissem­ents d’origine.

«Certains enseignant­s ne se limitent pas au plafond de dix heures de cours dans le privé, et en plus de leurs 15 heures de cours dans le public, leur rendement se détériore «, a-t-il expliqué, faisant observer que certains enseignant­s du public envoient un certificat de maladie à leur établissem­ent et continuent à enseigner dans le privé.

Et d’ajouter « si aujourd’hui on veut que le secteur privé soit performant, il ne faut pas compter sur des enseignant­s qui travaillen­t à l’heure, il faut miser sur les jeunes diplômés et établir des contrats de travail décent «

Selon lui, la circulaire ne s’oppose en aucun cas aux dispositio­ns du décret n° 486 du 22/02 2008 puisque le ministère de tutelle est la partie habilitée à décider d’octroyer ou non une autorisati­on d’enseigneme­nt dans le privé. Zeramdini a précisé que L’UTIPEF a été informée de cette décision depuis déjà une année et le ministère s’est engagé à former les diplômés du supérieur afin qu’ils puissent donner de bons résultats.

Concernant l’amendement du projet de décret n° 486 du 22/02 2008, le responsabl­e a fait remarquer qu’il a été discuté largement avec les trois parties syndicales à savoir L’UTIPEF, le syndicat de l’enseigneme­nt privé et la chambre syndicale nationale de l’enseigneme­nt privé et il a été convenu que le ministère s’engage à former les diplômés du supérieur dans les différents centres de formation du ministère de l’éducation répartis sur l’ensemble du pays tout au long de l’année scolaire.

Dans ce contexte, il a fait remarquer que ce projet de décret sera soumis dans les plus brefs délais à la présidence du gouverneme­nt.

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