Le pire ennemi est peut-être la meilleure chance
Apeine les candidatures aux élections législatives ont-elles été clôturées que celles pour la présidentielle seront ouvertes demain. Déjà, le paysage politique tunisien est en branle et l’ambiance de vouloir faire triompher les uns et les autres, monte vertigineusement, quelques semaines avant les élections.
C’est que la mosaïque politique en Tunisie, est devenue une véritable richesse, voire même un éloge à la diversité. D’ailleurs, on ne peut qu’être fasciné à l’énumération des partis qui composent ce panorama politique qui bruisse de projets pour l’avenir et regorge d’un formidable potentiel de talents, d’ingéniosité, d’initiatives.
Il n’empêche, on sent déjà l’adrénaline des candidats monter. Déjà l’on se tire dans les pattes à tout bout de champ. Ces adversaires se sont mués en ennemis jurés et tous les coups sont permis.
Pourtant, les Tunisiens qui sont déjà réduits en ce moment à contempler les majors de la politique s’affronter pour maîtriser le terrain, estiment que la situation est déjà difficile et qu’il ne faudrait pas la rendre encore plus délicate en jouant au jeu du chat et de la souris avec les électeurs.
En effet, les citoyens espèrent que le calme fragile qui a entouré la phase du décès de Béji Caïd Essebsi pourra au moins se maintenir pendant la campagne électorale et après le scrutin. Ils craignent que les fissures de plus en plus évidentes ne fassent effondrer la façade, après la proclamation des résultats.
C’est qu’ au-delà des élections, la campagne électorale et le dialogue entre les candidats devraient contribuer à la consolidation de l’état de droit, à la pratique de la citoyenneté et à la structuration d’un espace public transcendant les clivages des valeurs idéologiques et participant à la formation des cadres politiques, au renforcement d’une société civile organisée et à raviver la flamme de l’amour de la Patrie.
Dès lors, tous les partis politiques qui concourent à l’expression du suffrage universel avec l’engagement de s’incliner devant le verdict des urnes, devraient d’ores et déjà placer le citoyen au centre du jeu politique dont il devient ainsi le principal délégataire du pouvoir par le biais des élections.
En effet, la plus sincère démonstration de l’estime de la confiance des électeurs, devrait se refléter dans le fait que les heureux élus veilleront à ce que les nouveaux pouvoirs législatif et exécutif assurent la stabilité, rétablissent la sécurité, relancent l’économie et garantir les attributs de la dignité des citoyens. Vu sous cet angle, quelles que soient les couleurs politiques du prochain président et députés, l’intérêt résidera aussi à savoir tirer profit dans ce que l’on pourrait appeler les «bénéfices collatéraux». Car, une démocratie saine et exemplaire, implique une opposition forte et une société civile active et où l’opposition peut être le pire ennemi et la meilleure chance.