Il n’y a pas que Machiavel…

Il faudrait relire «Antigone»… Les décideurs de tous les pays devraient le relire, le futur président de la République devrait le relire, le Chef du gouvernement, ses conseillers, ces messieurs-dames de L’ARP aussi, histoire de voir, si, avec l’oeuvre d’anouilh, qui n’a jamais été aussi actuelle, il n’y aurait pas moyen d’arborer un regard, qui serait plus neuf. Intact. D’une pureté sans égale. Et non pas pollué et perverti, parce qu’il y aurait plutôt Machiavel dans le viseur, et uniquement lui : ce qui serait une figure de désaveu, par anticipation, de toutes les belles promesses, et des sermons mirobolants, qui seront avortés, bien avant d’advenir.

Car « Machiavel » est nécessaire, à condition qu’on lui oppose toujours, pour en contrecarrer la dévorante ambition, ce qui pourrait constituer son antidote le plus sûr : à savoir, l’innocence des premiers matins du monde, lorsque tout est encore possible, lorsque tout est encore à faire, et que tout n’est pas encore perdu.

C’est ce moment de jonction, entre être, et avoir été, qu’il faudra tâcher de saisir, d’une main toujours sèche et brûlante, afin de ne pas en altérer la pureté, et la singulière beauté, qui pourrait permettre, lorsque le choix sera difficile ou trop incertain, de ne pas se tromper de bord. Non, il ne s’agira pas d’être du côté du manche, mais plutôt, du côté de la justice ; et du côté de l’intérêt suprême de la Nation lorsque celle-ci serait en danger, de quelque façon que cela soit.

En retenant ceci qui n’est pas évident, et que l’oeuvre d’anouilh explore aussi notamment, et peut-être, plus sûrement qu’autre chose, que les Hommes, s’ils sont responsables de leurs choix, sont responsables des souffrances qu’ils engendrent bien des fois, plus souvent qu’ils n’y pensent eux-mêmes, lorsqu’ils oublient que dans la balance, et peu importe les charges dont ils seront imparties, c’est l’humanité des hommes justement, qui doit l’emporter plus qu’autre chose, avant de franchir l’alpha et l’oméga.